Fin 2014, quand les casques pour smartphones sont apparus, il n’y avait presque aucune expérience à 360° à se mettre sous la dent. La réalité virtuelle (VR) était un désert de contenus. Pendant deux ans, une oasis d’expériences a fleuri lentement dans les sables. Cette oasis est devenue un jardin un peu anarchique, mais riche et stimulant. On déniche quelques pépites : reportages à 360° bouleversants, visites virtuelles de musées, courts métrages d’animation inventifs… sans oublier une poignée de bons jeux. Chaque année, les game designers comprennent un peu mieux les possibilités de la VR.

A travers un casque de VR. | Nicolas Six pour Le Monde

Les meilleures expériences à 360° sont ambivalentes : à la fois enthousiasmantes et décevantes. Enthousiasmantes, car on a la sensation d’y être un peu, le réalisme, l’émotion, la magie sont là. Décevantes, car on est à mille lieues d’y être vraiment. Les images sont floues, on est coincé dans un tunnel visuel antinaturel, on se tord le cou pour regarder derrière soi. Une petite minorité d’utilisateurs sont même saisis d’une nausée irrépressible.

Nous avons testé plusieurs casques de réalité virtuelle. | Nicolas Six pour Le Monde

La technologie est encore verte, mais une chose a changé : 25 euros suffisent désormais pour s’offrir un bon casque. A ce prix-là, la réalité virtuelle mérite enfin le détour. C’est même un achat incontournable pour les grands curieux. Voici les quatre meilleurs casques à 360° vendus entre 5 et 100 euros. Aucun n’est doté d’un écran : c’est votre smartphone qui fait l’affichage et sert de moteur graphique.



Choisir un casque de réalité virtuelle n’est pas chose facile. On distingue deux familles de casques :



LES CASQUES QUI FONCTIONNENT AVEC BEAUCOUP DE SMARTPHONES



La plupart des expériences à 360° ne sont pas accessibles par navigateur Internet. Une bonne partie est regroupée dans « Carboard », une application Google. Cardboard est à la fois un magasin où l’on peut télécharger des expériences de VR gratuites ou payantes, et une galerie à 360°, qu’on consulte casqué, pour retrouver ses téléchargements et les lancer.

Carboard existe sur iPhone et sur Android. Il devrait logiquement fonctionner sur 95 % des smartphones. Malheureusement, « seuls 15 % des modèles en circulation sont pleinement compatibles », estime Romain Thomas, responsable contenus chez Homido, le fabricant de casques français. Oubliez les smartphones bas de gamme récents. Tirez un trait sur les smartphones moyen de gamme d’il y a deux ans. Cliquez ici pour vérifier la compatibilité de votre mobile.



Pour s’initier à la réalité virtuelle

Homido Mini - 15 €

L’Homido Mini. | Nicolas Six pour Le Monde

Ca n’est pas un casque mais une paire de lunettes. Peu importe puisque l’essentiel est là : deux lentilles optiques qui vous plongent au cœur de la VR. Pour démarrer votre aventure à 360°, l’Homido Mini est un point de départ idéal. Il coûte une bouchée de pain, il est beaucoup moins pénible à installer qu’un casque. On n’a pas la sensation de coller son visage à l’entrée d’un tunnel. L’Homido Mini ne coupe pas de la lumière, ni de l’environnement. C’est la meilleure façon de briser la glace. Si l’expérience vous plaît, vous pourrez investir dans un vrai casque, plus immersif, fixé au visage par une sangle.

Le Mini est destiné à une consultation brève : 5 à 10 minutes. Les épaules fatiguent vite car on le tient à bout de bras. Quelques sessions de dix minutes suffiront pour confirmer votre appétit pour la réalité virtuelle, ou pour vous en détourner. Vous en profiterez pour vérifier votre sensibilité à la nausée. La VR donne couramment un très léger mal de ventre. Cela ne doit pas vous inquiéter, sauf si après quelques minutes, vous vous retenez littéralement de vomir.

L’Homido Mini se tient à bout de bras. | Nicolas Six pour Le Monde

Le Mini est consultable avec une paire de lunettes de vue, mais l’expérience n’est pas très confortable. En outre, si votre écart interpupillaire – la distance entre vos yeux – est très éloigné de la moyenne, vous verrez probablement flou. Le Mini ne propose aucun réglage d’écartement interpupillaire. A quoi bon dépenser 15 euros s’il y a un risque de nausée, et un risque d’incompatibilité avec vos yeux ? Cumulés, ces deux risques ne concernent probablement pas plus d’un utilisateur sur cinq.

L’Homido Mini ne prend pas beaucoup de place. | Nicolas Six pour Le Monde

Que faire si le Mini n’est pas compatible avec vous ? Vous pourrez toujours initier vos proches à la VR. Le Mini est très voyageur : il est plus compact qu’un porte-monnaie. Contrairement à un casque, il ne se salit pas. Il passe facilement de visage en visage.



Nicolas Six pour Le Monde

L’alternative ? Ce masque en carton, inspiré du Cardboard de Google, coûte seulement 5 euros sur Internet. Plaqué au visage, il est plus stable que le Homido Mini. Mais il est plus claustrant, moins nomade, moins confortable : sa tranche en carton pèse désagréablement sur le nez.



Tout le potentiel de la VR

Bobo VR Z4 -25 €

Le Bobo VR Z4. | Nicolas Six pour Le Monde

Voici un bon casque pour débuter sans se ruiner. Le Z4 est très confortable grâce à ses mousses épaisses et ses sangles larges. Ses lentilles s’adaptent à la plupart des yeux grâce à deux molettes de réglage.

Le Bobo VR Z4 s’adapte assez mal aux smartphones de petite taille | Nicolas Six pour Le Monde

Le Bobo Z4 dispose d’un indispensable bouton d’interaction, raffinement dont certains concurrents sont privés, dont le Zeiss VR à 100 euros.

Le Bobo VR Z4 intègre des écouteurs. | Nicolas Six pour Le Monde

Le Z4 intègre des écouteurs fort pratiques. Le rapport qualité-prix de ce casque est tellement bon que l’opérateur Orange s’en est inspiré pour son VR1, son casque de réalité virtuelle facturé 50 euros.

Mais le Bobo Z4 n’a pas que des qualités. Il s’adapte assez mal aux smartphones de petite taille : les bords d’image sont aplatis. Lorsqu’on place un petit smartphone dans le casque, un jour apparaît au-dessus de l’écran. Il faut improviser une solution pour rehausser le mobile d’un demi-centimètre. La course du réglage interpupillaire est un peu courte, ce qui empêche une infime minorité d’utilisateurs de l’utiliser. Les lentilles sont d’une qualité passable, les bords d’image sont flous. Enfin, la mousse de protection est en synthétique. Elle n’est pas démontable, ce qui risque de poser un problème d’hygiène à terme. A noter, le Z4 n’est vendu que sur Internet.



L’Homido V2. | Nicolas Six pour Le Monde

L’alternative ? L’Homido V2 est deux fois plus cher (60 euros) mais ses images sont plus nettes, et légèrement plus grandes sur les smartphones de petite et moyenne taille. La course de réglage de l’écart interpupillaire est plus grande, ce qui le rend compatible avec presque tous les yeux. Les mousses en contact avec le visage sont démontables et lavables. Le Homido V2 est un meilleur choix pour un usage intensif.



LES CASQUES QUI FONCTIONNENT AVEC PEU DE SMARTPHONES



Ces deux casques coûtent cher et fonctionnent avec très peu de smartphones. Mais tous les deux ont un atout maître.



Un aperçu du futur

Google Daydream - 50 €

Nicolas Six pour Le Monde

Ce casque n’est pas commercialisé en France, mais certains passionnés parviennent à le commander auprès de marchands anglais. Pourquoi se donner cette peine ? Sa télécommande gyroscopique est révolutionnaire. Elle suit les mouvements de votre main. Pointez un animal et cliquez : il s’illumine comme par magie.

C’est simple et libérateur. Pour interagir avec un personnage, il n’est plus nécessaire d’orienter la tête vers lui : c’est le bras qui fait le travail. C’est un peu comme si votre main avait poussé, et votre tête avait conquis sa liberté. L’expérience est plus agréable et plus naturelle.

Le Google Daydream et sa télécommande. | Nicolas Six pour Le Monde

L’avenir de la réalité virtuelle passera par là. Le prochain casque de VR Samsung intégrera une télécommande gyroscopique. D’autres fabricants travaillent à un standard concurrent. Faut-il investir dans un casque Daydream ? C’est un peu tôt. Les modèles de smartphones compatibles sont rares. En outre, le casque a quelques défauts de jeunesse. Il ne propose aucun réglage oculaire. La télécommande a tendance à dériver, il faut la recentrer toutes les cinq minutes. Le nombre d’expériences à 360° compatibles est limité.

Les smartphones compatibles doivent impérativement intégrer des composants électroniques très coûteux. Cela limite la compatibilité Daydream aux smartphones très haut de gamme, le territoire de Samsung. Or, le fabricant coréen n’a aucun intérêt à s’associer à Daydream : il commercialise un casque VR concurrent.



Le meilleur catalogue de jeux

Samsung Gear VR - 100 €

Le casque Samsung VR. | Nicolas Six pour Le Monde

Ce casque est le plus cher mais il a deux grandes qualités. Ses riches boutons de contrôle accélèrent le passage d’une expérience à 360° à l’autre.

Les boutons de contrôle du Samsung VR se situent sur le côté du casque. | Nicolas Six pour Le Monde

Et surtout, son catalogue de jeux est nettement supérieur à celui de Google Cardboard. On y trouve de petites perles comme Land’s End ou Bazaar, ainsi que quelques jeux conçus pour l’Oculus Rift, le casque pour PC à 900 euros (Gunjack, Darknet).

Malheureusement, le catalogue d’expériences à 360° de Samsung est complètement fermé. Il n’est accessible qu’aux heureux possesseurs d’un casque Samsung et d’un mobile Samsung. Seuls les modèles haut de gamme sont compatibles : Galaxy Note et Galaxy S. L’excellent Galaxy A5 2017 (430 euros) est exclu.

Le Samsung VR n’est compatible qu’avec des smartphones de la marque. | Nicolas Six pour Le Monde

Samsung joue une partition totalement isolationniste : l’accès au catalogue de Google Cardboard est impossible depuis le Gear VR. Pour démarrer une expérience Cardboard, il faut sortir le smartphone du casque, et l’insérer dans un autre casque, compatible Cardboard.

Faut-il attendre le Gear VR 3, qui devrait sortir avant l’été ? La seule vraie nouveauté sera sa télécommande. Au départ, rares seront les expériences à 360° qui en profiteront : les applications devront être repensées pour elle, et cela prendre du temps. Mais à terme, cette télécommande deviendra probablement incontournable.



  • Votre smartphone est-il compatible VR ?

Comment savoir si votre smartphone est prêt pour faire tourner les applications de VR dans de bonnes conditions ? Vérifiez qu’il possède un gyroscope, un accéléromètre et un écran très dense en pixels (400 ppi minimum).

Voici comment faire : consultez le site anglais GSMarena, dont les fiches techniques font référence. Tapez le nom de votre smartphone dans la fenêtre de recherche et cliquez sur sa photo pour accéder à la fiche. Les informations que vous cherchez sont mentionnées à la troisième ligne de la rubrique Display, et à la première ligne de la rubrique Features.

Ce n’est pas tout. La puissance du smartphone joue sur la fluidité d’affichage, comme la vélocité du circuit graphique et la réactivité de l’écran. Or la fluidité est un critère clé : plus elle baisse, plus les risques de nausée augmentent.