Marine Le Pen, aux Sables-d’Olonne, le 27 mars. | STEPHANE MAHE / REUTERS

Il y a des passages obligés en Vendée. Rendre hommage aux enfants du pays de Georges Clemenceau et de Jean de Lattre de Tassigny – désigné par de Gaulle pour signer l’acte solennel de la capitulation de l’Allemagne nazie – en fait partie. Marine Le Pen s’en est acquittée de bon cœur, en conclusion du discours qu’elle a prononcé, lundi 27 mars, aux Sables-d’Olonne.

Rendre hommage à Philippe de Villiers, ancien président du conseil général, est en revanche facultatif, mais cela peut toujours servir pour attirer l’électorat de droite, à moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril. C’est ce qu’a fait la candidate du Front national (FN), dont le rapprochement avec l’ancien secrétaire d’Etat de Jacques Chirac est de plus en plus manifeste.

« Je profite d’être ici pour rendre hommage à Philippe de Villiers, non seulement pour le Vendée Globe, pour le Puy du Fou [qu’il a créé], mais aussi pour son combat pour le souverainisme, qu’il a toujours porté, tout en portant en étendard la défense de l’identité de notre pays. Eh bien, ce combat, il nous est incontestablement commun », a lancé la présidente du FN devant près de cinq cents personnes.

Le nom de Poutine acclamé

Plus tôt dans la journée, M. Villiers, qui ne s’est pas encore affiché au côté de Mme Le Pen, s’était félicité dans un tweet : « La rencontre de Marine avec Poutine ne peut que réjouir ceux qui croient à l’avenir de l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural. » Et de reprendre à son compte, dans un autre tweet, quelques heures plus tard, le mot-clé « #Marine2017 ». Le nom du président russe, quant à lui, a été acclamé par la salle lorsque Marine Le Pen a évoqué leur rencontre, vendredi, à Moscou.

Dans ce département acquis à la droite, terre d’élection de Bruno Retailleau, président de la région des Pays de la Loire et proche de François Fillon, la députée européenne a attaqué durement le candidat des Républicains, dont elle espère récupérer un électorat qui se trouve en partie en déshérence depuis la révélation des affaires le concernant.

« C’est l’homme du passif redoutable d’un quinquennat qui n’a servi qu’à détricoter des promesses aussi vite oubliées que le pouvoir avait été conquis. Ils n’ont aucune excuse », a-t-elle lancé en référence au couple exécutif que formaient, entre 2007 et 2012, le premier ministre François Fillon et le président de la République Nicolas Sarkozy.

Fillon ou l’« enfumage »

« En 2007, Nicolas Sarkozy a été porté par une vague, par une dynamique, dont il faut admettre qu’elle était à l’époque incroyable », a de plus estimé Mme Le Pen, qui dirigeait lors de ce scrutin la campagne de son père, Jean-Marie Le Pen. Hasard ou nécessité, Patrick Buisson, conseiller à l’époque de M. Sarkozy, est un résident occasionnel des Sables-d’Olonne et un proche de M. Villiers. « Il aurait pu tout changer, a ajouté la candidate à propos de M. Sarkozy. Il aurait pu respecter les promesses qu’il vous avait faites. Il ne les a pas respectées. Il s’est précipité pour jouir du pouvoir comme quelqu’un qui vient de gagner au Loto. »

Et la présidente du FN de fustiger de supposés « accommodements raisonnables » de la part de MM. Sarkozy et Fillon avec l’islam, ou de s’en prendre à l’inauguration par ce dernier d’une « mosquée cathédrale » à Argenteuil (Val-d’Oise), en 2010. « Ils allaient passer le Kärcher dans les banlieues (…), dans ce domaine rien, et pire que rien », a critiqué Mme Le Pen, voyant dans le projet avancé aujourd’hui par M. Fillon « les mêmes promesses qu’en 2007 », les « mêmes tentatives d’enfumage des Français ».

Au chapitre des applaudissements, sa volonté d’abroger le régime social des indépendants (RSI), qu’elle a répétée une nouvelle fois, a trouvé un écho remarquable sur cette terre de PME. Tout comme sa promesse de s’inscrire en faux contre des « élites » qui représentent, selon elle, une « France des inclus aux yeux clos ». Enfin, la candidate du FN a promis en conclusion de défendre « la France éternelle ». Un autre passage obligé.