C’était attendu, mais c’est un événement. Pour la première fois depuis au moins dix ans, les bénéfices de la RATP accusent une baisse par rapport à l’année précédente. Le résultat net 2016 de l’opérateur des transports parisiens, publié lundi 27 mars, s’élève à 171 millions d’euros, en recul de 43 % par rapport à 2015 (à périmètre comparable), pour un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros, en léger retrait (-1,9 %).

En guise de consolation, Elisabeth Borne, la PDG de la RATP depuis mai 2015, peut se dire que son groupe n’est pas pour grand chose dans ce recul. Si les comptes 2016 font grise mine, c’est surtout parce que les règles ont changé. D’abord, l’établissement public a été prié, pour la première fois de son existence, de payer l’impôt sur les sociétés. Cette décision, un vrai choc pour la RATP, l’a privée de 28 millions d’euros l’an dernier.

Mais ce n’est pas tout. Avant le passage du fisc, le bénéfice de l’entreprise affichait 199 millions d’euros au titre de 2016, soit 103 millions d’euros de moins qu’en 2015 (hors éléments exceptionnels) et son plus mauvais résultat depuis 2010. « C’est un bénéfice en ligne avec ce que nous avions anticipé l’an dernier, explique Mme Borne. La baisse était programmée puisqu’elle est essentiellement due à la mise en oeuvre du nouveau contrat du STIF [Syndicat des transports d’Ile-de-France] portant sur la période 2016-2020. »

Les effets du nouveau contrat quinquennal avec le STIF

En effet, le STIF rémunère la RATP en tant qu’opérateur de métro, RER, bus et tramways en région parisienne. C’est même là que réside l’essentiel du chiffre d’affaires de l’établissement. Or, le nouveau contrat quinquennal, entré en vigueur en 2016, prévoit un « débasage » de la contribution du STIF – comprenez une réduction – de 100 millions d’euros par an par rapport au précédent contrat.

A cette nouvelle donne, il faut ajouter les conséquences d’une faible inflation qui a conduit à une absence d’indexation (autrement dit de hausse) de la contribution du STIF. D’où « un effet de ciseaux, alors que, explique Mme Borne, les charges continuent d’augmenter ». La RATP estime l’impact de cette indexation nulle à 40 millions d’euros. « En 2016, le groupe RATP fait preuve de solidité dans un environnement économique peu favorable », juge la dirigeante.

Peut-être la PDG du groupe espérait-elle une bonne surprise de sa principale filiale, RATP Dev, opérateur de transport chargé des marchés en dehors du périmètre traditionnel de la Régie autonome des transports parisiens. Las, la société, qui contribue aujourd’hui à 20 % de l’activité du groupe RATP, a pâti de la baisse du marché des bus touristiques à double étage à la suite des attentats terroristes et du recul de la livre sterling. Les effets de conversion ont pesé sur les marges à hauteur de 65 millions d’euros environ, ce qui n’est guère étonnant sachant que le Royaume-Uni représente la première source de revenus de RATP Dev (près de 400 millions d’euros).

A quoi devrait ressembler 2017 pour la RATP ? L’entreprise compte poursuivre sa politique d’investissements. Ces derniers ont atteint un niveau élevé l’an dernier : 1,8 milliard d’euros. Grâce au concours du STIF, la dette de l’entreprise a, malgré cet effort, pu être contenue à 5,5 milliards d’euros, en hausse de 160 millions sur 2016, et même en baisse si on parle du ratio entre endettement net et capitaux propres (1,3 en 2016 contre 1,4 en 2015).

L’effet négatif du contrat du STIF ne jouant plus en 2017, le bénéfice devrait se stabiliser. C’est un point crucial, car, comme le rappelle Elisabeth Borne, « la RATP est propriétaire de son infrastructure. Cela nous impose de dégager un résultat significatif pour disposer d’une capacité à financer la modernisation et le renouvellement des réseaux. »