François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon (de gauche à droite), lors du débat télévisé entre les cinq principaux candidats à la présidentielle 2017, sur le plateau de TF1, lundi 20 mars. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

TRIBUNES. De nombreux économistes et chercheurs en sciences humaines et sociales ont publié dans « Le Monde » et sur le site web du Monde des contributions, opinions et chroniques, souvent contradictoires, sur les thèmes économiques et sociaux abordés par les candidats à l’élection présidentielle.

Pour en faciliter l’accès et la lecture comparée, nous avons regroupé les textes parus depuis le 1er février en six thèmes principaux, objets des principales controverses de la campagne électorale : mondialisation, emploi, euro, dette, sécurité sociale, revenu universel. Ces textes sont listés par ordre rétrochronologique de leur publication.

Mondialisation, protectionnisme, immigration

Le « développement du commerce » est-il « facteur de paix » ?, par Francisco Vergara. Le commerce, qui n’a pas encouragé uniquement des sentiments de fraternité, est loin d’être la seule activité qui détourne de la guerre, explique l’économiste.

« Pour un petit pays comme la France, la réponse est de s’appuyer sur l’Union européenne », par Lionel Fontagné, économiste au Centre d’économie de la Sorbonne, membre de l’Association française de science économique (AFSE) et du Cercle des économistes. L’économiste Lionel Fontagné estime que le discours protectionniste évite de proposer de vraies solutions aux perdants de la mondialisation.

« La faute à la mondialisation ? C’est faux et vrai à la fois », par Jérôme Creel (Sciences Po, Observatoire français des conjonctures économiques et ESCP Europe) et Francesco Saraceno (Sciences Po, Observatoire français des conjonctures économiques et université LUISS Roma, Italie). L’urgence n’est pas de se couper ou pas du reste du monde, mais de répondre aux besoins de la population française, selon les deux économistes.

« Réduire l’immigration est une erreur économique », par Faÿçal Hafied. L’économiste estime qu’il faut sortir des mystifications stériles, souvent nauséabondes, sur la figure de l’immigré « voleur d’emplois » ou indolent.

La tentation mercantiliste. Dans sa chronique mensuelle, l’économiste Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d’études à l’EHESS, explique pourquoi la France doit rejeter les tentations populistes et combien l’Europe lui est plus que jamais nécessaire.

L’AFE : « Une chance réelle » pour les pays en voie de développement « d’intégrer l’économie mondiale », par Frank Appel, PDG de Deutsche Post DHL Group. Pour le patron de la Deutsche Post DHL Group, l’accord sur la facilitation des échanges, entré en vigueur le 22 février, rendra plus transparentes et efficaces les formalités douanières pour les entreprises.

« La priorité nationale est un non-sens pour nos entreprises et nos emplois ! », par Gilles Toulemonde (PDG et cofondateur d’Inova Software). Engager des salariés étrangers en France est la solution pour exporter plus et ainsi créer des emplois pour les travailleurs français.

Mondialisation : « Une troisième voie, étroite mais ambitieuse, est possible », par Sylvain Guyoton, vice-président recherche d’EcoVadis. Pour le vice-président de cette plate-forme de notation sociale des entreprises,  le devoir de vigilance est un protectionnisme intelligent qui tire vers un mieux-disant social les sociétés, quel que soit leur pays d’origine, plutôt que de les conforter dans leurs pratiques discutables..

« L’Europe a besoin de mercantilisme, pas de protectionnisme », par Pierre-Noël Giraud, professeur d’économie à Mines ParisTech et Dauphine (PSL Research University). Pour l’économiste, la mondialisation rend obsolète le repli douanier ou tarifaire, mais elle n’empêche pas d’imposer aux firmes globales la localisation des productions et des emplois nomades.

« L’économie populiste “attrape-tout” de Marine Le Pen », par Gilles Ivaldi, chargé de recherche CNRS (Urmis-Université de Nice). Ces dernières années, le Front national avançait un programme économique inspiré par la gauche. A l’approche de la présidentielle, il a ajouté des mesures de droite. Pour le chercheur Gilles Ivaldi, cette incohérence révèle une quête effrénée des suffrages.

Emploi, chômage, précarité

« Les jeunes sans domicile sont les oubliés des mesures pour l’emploi », par Julien Billion (sociologue, auteur et producteur du documentaire « Comme tout le monde », sur la jeunesse sans domicile) et Nicolas Gardères (avocat, maître de conférences à Sciences Po). Pour le sociologue et l’avocat, les jeunes sans logis ont au moins autant besoin des écoles de commerce et des entreprises que des associations leur venant traditionnellement en aide.

« Il faut établir le monopole syndical dans l’entreprise », par Michel Perron, ancien inspecteur du travail. Pour ce consultant spécialisé dans la facilitation du dialogue social un changement du code du travail permettrait de mettre face à face l’employeur et un seul syndicat, élu à la majorité absolue.

« On n’a pas tout fait contre le chômage de masse », par Gilbert Cette, professeur à Aix-Marseille et ancien président de l’Association française de science économique (AFSE). L’économiste plaide dans sa tribune pour la réforme du SMIC et de la formation professionnelle, et l’inversion de la hiérarchie des normes conventionnelles.

« Il est possible de faire baisser significativement le chômage en France », par Eric Heyer, directeur du département Analyse et Prévision de l’OFCE. Pour l’économiste, le chômage de masse n’est pas une fatalité à condition de changer de politique économique et d’investir massivement dans la formation et le logement.

« Pour un Grenelle de l’emploi et du travail », par un collectif d’élus, décideurs, économistes ou intellectuels, à l’initiative de Gilles de Labarre, président de Solidarités nouvelles face au chômage. Les signataires de cet appel lance un appel pour un débat national pluraliste pour l’emploi et le travail.

L’« illusion tragique de la fin du travail », par Olivier Auber, chercheur associé, Université libre de Bruxelles. Pour ce spécialiste de l’expression numérique, tous les humains, qu’ils aient ou non un emploi, travaillent d’une manière ou d’une autre.

« L’accord de branche, oublié du débat sur le travail », par Philippe Askenazy, chercheur au CNRS/Ecole d’économie de Paris. Pour l’économiste, les branches professionnelles, qui couvrent plus de 90 % des salariés de droit privé, jouent un rôle majeur pour l’équilibre social en France. Pourtant, le plus grand flou règne sur la question dans les projets des principaux candidats.

« Lutte contre la pauvreté » : les « trois défis » de Benoît Hamon, par Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris 8, chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresppa), laboratoire Théorie du politique (LabToP). Quoique sceptique vis-à-vis du revenu universel, le sociologue estime que les mesures d’application immédiate préconisées par Benoît Hamon répondent à des nécessités urgentes.

« Il faut repenser la lutte contre les inégalités », par Laurent Simula, professeur de sciences économiques à l’université Grenoble-Alpes, et Luc Simula, professeur en classes préparatoires. Pour les deux économistes, les candidats à la présidence proposent des solutions miracles, alors que c’est la mise en cohérence des politiques existantes qui manque à l’appel.

« Le devoir de vigilance est une norme de gestion », par Armand Hatchuel, professeur à MinesParisTech - PSL Research university. Pour le professeur, la loi, approuvée mardi 21 février après un marathon légis­latif et qui fera date, vise à prévenir les violations des droits humains dans les filiales et chez les sous-traitants des entreprises multinationales.

Sortir de l’euro ?

Dévaluations : « Ricardo doit se retourner dans sa tombe ! », par Bernard et Dominique Saby. Les deux économistes rappellent aux pourfendeurs d’une dévaluation monétaire consécutive au retour au franc que la dévaluation interne qu’ils prônent a exactement les mêmes effets…

« N’en déplaise aux illusionnistes, la dévaluation n’est pas la solution », par Jean Matouk. L’économiste estime que les partisans de la sortie de l’euro veulent revenir à la bonne vieille pratique du « dévaluationnis­me » qui ne nous protège en rien contre les déficits commerciaux.

Au-delà du risque Le Pen, un risque France, par Jean-Pierre Petit, économiste et président de la société de conseil Les Cahiers verts de l’économie. L’économiste explique, dans un contexte de crainte à l’approche de l’échance présidentielle, la France a jusqu’à présent bénéficié d’un traitement de faveur des marchés.

Sortir de l’euro ne constituerait en rien « une chance pour les Français » !, par Edouard Philippe (maire du Havre, député LR de la Seine-Maritime). Pour l’élu, les citoyens ont le droit qu’on leur explique les effets de décisions aussi lourdes avec autre chose que des moulinets rhétoriques et du charlatanisme.

« Abandonner l’euro peut contribuer à sauver l’Europe », par Cédric Durand (économiste, université Paris-XIII) et Sébastien Villemot (économiste à l’Observatoire français de conjonctures économiques). Pour ces membres des Economistes atterrés, la remise en cause de la monnaie unique redonnerait un pouvoir de négociation aux pays débiteurs et favoriserait le secteur productif et l’emploi.

« Une politique monétaire laxiste pour alléger la dette nationale menacerait la cohésion sociale », par Jérôme Mathis, professeur de sciences économiques à l’université Paris-Dauphine. Pour l’économiste, la proposition du Front national de recourir à la Banque de France pour financer notre dette pénaliserait les Français les plus modestes.

« Tuer l’Europe, c’est asphyxier la France », par Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et à l’union douanière. Pour le commissaire européen, Marine Le Pen est la seule candidate à faire de la fin de l’Union européenne un objectif politique. C’est une erreur historique et une imposture économique.

Dette, budget, fiscalité

« Les trois erreurs économiques de François Fillon », par Michaël Lainé, économiste au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques à l’université de Lille. Pour l’économiste, l’austérité budgétaire et la réduction des coûts du travail ne peuvent réussir à relancer la croissance française si tous les pays voisins font de même.

« Un taux unique à 30 % sur les revenus du capital est de nature à relancer l’investissement productif ». Dans un entretien au « Monde », l’économiste spécialiste des questions d’inégalités, de taxation et de justice sociale, Alain Trannoy revient sur les réformes radicales proposées par Macron et Fillon en matière de fiscalité sur le patrimoine et ses revenus.

« Le niveau de la dette n’est pas un argument pour sacrifier l’investissement public », par Xavier Ragot, président de l’Observatoire des conjonctures économiques (OFCE) et directeur de recherche au CNRS. Pour l’économiste, le niveau d’endettement de la France n’a rien d’exceptionnel. Il est dû à la crise économique, et non au « laxisme » de la gestion publique ; des marges existent pour relancer la croissance.

« Capital public, capital privé », par Thomas Piketty (Ecole d’économie de Paris). Dans sa chronique au « Monde », l’économiste souligne que l’endettement public se situe à son plus haut niveau depuis la seconde guerre mondiale. Alors même que les patrimoines privés ont progressé de façon spectaculaire.

« Les communes perçoivent des subventions plus élevées si elles ont un lien avec un ministre », par Brice Fabre (économiste à l’Institut des politiques publiques (IPP) et doctorant à l’Ecole d’économie de Paris) et Marc Sangnier (Maître de conférence à l’université Aix-Marseille, école d’économie d’Aix-Marseille). Les deux économistes constatent que les subventions d’investissement versées par l’Etat à une mairie s’accroissent de 45 % dès lors qu’un élu municipal devient membre du gouvernement).

« Il est impossible, sauf à accepter le chaos dans la République, de supprimer 500 000 fonctionnaires », par Cyrille Schott, préfet honoraire de région, ancien conseiller maître en service extraordinaire à la Cour des comptes. Pour le préfet honoraire de région, si l’on veut diminuer la place du secteur public dans l’emploi total, qui se situe en France, avec 20 %, dans la moyenne des pays de l’OCDE, il faut envisager les missions à transférer au privé.

Le programme de Jean-Luc Mélenchon « est cohérent et pertinent », par Liêm Hoang-Ngoc, ancien député européen, responsable des questions économiques dans l’équipe de campagne de la France insoumise. La politique proposée par le candidat de la France insoumise tient compte des urgences sociale et climatique et s’avère adaptée dans un contexte macroéconomique déprimé, explique le responsable des questions économiques dans l’équipe de campagne de la France insoumise.

« Le prochain président aura à donner un sens à ce monde en transition et à le piloter », par Michel Bouvier, président de la Fondation internationale de finances publiques (Fondafip.org) et directeur de la « Revue française de finances publiques ». Pour l’économiste, alors que les défis à venir vont multiplier les missions de l’Etat, l’érosion fiscale et l’évitement de l’impôt diminuent ses moyens d’agir.


Sécurité sociale, santé, retraite

« Pourquoi ne pas accepter le libre choix de la Sécu comme complémentaire ? », par André Grimaldi, professeur émérite CHU Pitié-Salpêtrière Paris. Le médecin propose aux candidats à la présidentielle que la Sécurité sociale puisse être non seulement l’Assurance-maladie obligatoire (AMO) pour tous mais aussi l’Assurance-maladie complémentaire (AMC) de ceux qui le souhaitent.

Il faut « que l’âge, au même titre que le handicap, soit un critère prioritaire pour l’attribution d’un logement social adapté », par le collectif d’associations Habiter autrement. François-Xavier Turbet-Delof et Pierre Loussouarn, porte-parole du collectif, appellent les candidats à l’élection présidentielle à se mobiliser pour permettre aux plus âgés de garder toute leur place dans la société, parce que choisir son lieu de vie est un droit essentiel à tout âge, parce qu’un habitat adapté prévient la perte d’autonomie.

L’Assurance-maladie « pourrait fonctionner sans déremboursement ni augmentation des cotisations », par Jacques Thépot, professeur émérite à l’université de Strasbourg. Selon l’économiste, le projet de réforme de la Sécurité sociale annoncé par François Fillon mettant en place un modèle mixte qui échapperait au hasard moral et à la sélection adverse, aborde le problème de l’Assurance-maladie d’une façon originale.

« Le virage ambulatoire que prend le système hospitalier risque d’aggraver les inégalités sociales de santé », par Thierry Lang, professeur de santé publique à l’université et au CHU de Toulouse, membre du Haut Conseil de la santé publique. Si une part de plus en plus importante des soins autrefois hospitaliers se déroule à domicile, il est à craindre que le niveau de ressources des patients ait un impact majeur sur les résultats des soins, explique le professeur de santé publique.

Assurance-maladie : arbitrer « entre accroissement des inégalités et dégradation de la légitimité perçue de la Sécu », par Sylvestre Frezal (codirecteur de la chaire Programme sur l’appréhension des risques et des incertitudes/PARI, Sciences Po/Ensae) et Florence Picard (présidente de la commission scientifique de l’Institut des actuaires). Pour ces spécialistes des questions d’assurances, la notion de « grave » dépend de la situation financière du malade. Ils se déclarent en faveur d’une nécessité d’arbitrage entre inégalité d’accès au soin et légitimité du système d’assurance-maladie.

Pour « un accès universel aux soins » et contre « le renoncement des plus modestes », par Luis Godinho, président du Syndicat des audioprothésistes, vice-président du Centre national des professions de santé. Les candidats à la présidentielle doivent s’engager à réformer le système d’assurance complémentaire pour en finir avec le renoncement aux soins des plus pauvres, explique le président du Syndicat des audioprothésistes et vice-président du Centre national des professions de santé.

Revenu universel

Débats : pour ou contre le revenu universel ? La proposition phare de Benoît Hamon suscite la polémique chez les économistes. Le Monde publie les points de vue « pour » et « contre » reçus depuis que ce thème a pris de l’ampleur dans le débat public. Retrouvez des tribunes signées Ferghane Azihari, Jean-Eric Hyafil, Charles Dennery, Emmanuel Buisson-Fenet, François Careme, Claire Hedon, Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez, Tancrède Voituriez, Jean-Marc Ferry, Paul Jorion, Guy Sorman, Philippe Van Parijs, Etienne Grass, Antoine Bozio, Gérard Fonouni, Jordan Morisseau, Martine Abrous, Marc de Basquiat, François Meunier, Pierre-Noël Giraud…).