Les onze candidats à la présidentielle. | AFP

Les outre-mer font irruption dans la campagne présidentielle. Alors que la grève générale a été lancée en Guyane, lundi 27 mars, tour d’horizon des propositions ultramarines des candidats à la présidentielle.

  • François Fillon : augmenter les moyens

François Fillon a consacré un chapitre de son programme à l’outre-mer. Sans entrer dans le détail, le candidat Les Républicains propose notamment d’« augmenter les moyens des forces de sécurité et ceux de l’autorité judiciaire et de construire des places de prison dans le cadre du programme national ».

François Fillon veut également mettre en place « un plan massif de lutte contre l’illettrisme » et augmenter « de 50 % le nombre de places du service militaire adapté ». Autres objectifs : « construire ou rénover » 150 000 logements sur 10 ans, grâce à « une enveloppe annuelle de 550 millions d’euros » ; puis « revaloriser de plus de 300 euros les petites retraites de moins de 1 000 euros et de 10 % les petites pensions de réversion ».

  • Benoît Hamon : un fonds pour l’égalité réelle

Le candidat du Parti socialiste a développé 68 propositions « pour faire battre le cœur des outre-mer ». « Satisfait » du bilan de François Hollande pour les départements et territoires d’outre-mer, il entend débloquer un « fonds pour l’égalité réelle » dans les outre-mer de 2,5 milliards d’euros sur cinq ans.

Dans les écoles, il promet de limiter à vingt élèves les classes de CP, CE1 et CE2 et d’ouvrir « le droit à la scolarisation » dès l’âge de 2 ans dans les maternelles. Il garantira également « la prise en charge » du déplacement des élèves fonctionnaires affectés en métropole.

  • Emmanuel Macron : des billets d’avion à prix aidés

Le candidat d’En Marche ! énumère les quelques mesures spécifiques à l’outre-mer à la 29e des 30 pages de son programme, à savoir des billets d’avion à prix aidés pour les ultramarins, notamment pour les étudiants et les entrepreneurs, la création d’une agence pour la biodiversité, ainsi que la possibilité pour les collectivités d’outre-mer de « modifier la réglementation de droit commun pour l’adapter à leur situation particulière, » sans plus de précision.

Emmanuel Macron avait également affirmé lors de la conférence de presse de lancement de son programme, début mars, qu’il maintiendrait la surrémunération des fonctionnaires, invoquant la vie chère. Il avait toutefois affirmé vouloir développer l’économie locale, et notamment moderniser l’agriculture, afin de diminuer le coût de la vie.

  • Marine Le Pen : la priorité nationale et la lutte contre l’immigration clandestine

Priorité nationale appliquée à l’école, lutte contre l’immigration clandestine, fin du droit du sol… Dans les 20 pages d’un programme spécial outre-mer, le parti d’extrême droite développe des mesures déjà avancées pour l’ensemble du territoire.

Au cœur de ses propositions spécifiques à l’outre-mer, l’engagement 42 soutient la création d’un grand ministère de l’outre-mer et de la mer, intervenant autant sur la sécurité que sur les projets économiques et sociaux ou l’écologie.

Marine Le Pen propose également de réformer l’octroi de mer, la taxe sur les produits importés responsable, selon le Front national, de la vie chère, ainsi que la création de zones ultramarines françaises d’investissement prioritaire pour lutter contre le chômage.

En déplacement à La Réunion en novembre, Marine Le Pen avait également annoncé qu’elle supprimerait à terme la surrémunération des fonctionnaires.

  • Jacques Cheminade : les quotas et la protection douanière

Sur son site Internet, le candidat de Solidarité et progrès fait figurer les outre-mer dans le volet « revitaliser nos territoires ». Pour « couper l’herbe sous le pied aux spéculateurs », il propose de « rétablir librement une politique de quotas et de protection douanière pour les produits locaux, en se libérant de la tutelle de Bruxelles ».

Sur le volet économique, Jacques Cheminade défend la création d’un « institut évaluant le prix réel des biens de consommation payés sur place » et l’établissement d’un smic spécifique à chacun de ces départements et territoires d’outre-mer « en fonction du coût réel de la vie ».

Sur le volet éducatif, il entend instaurer « un enseignement obligatoire de deux heures par semaine sur les humanités kanak, créoles et polynésiennes et en langue régionale ».

  • Jean-Luc Mélenchon : l’égalité réelle

« L’égalité réelle pour les outre-mer » : tel est l’objectif auquel aspire le candidat de La France insoumise. Il promet « un plan d’autonomie énergétique de chaque territoire d’outre-mer à partir des énergies renouvelables disponibles, terrestres et marines ». Il souhaite, de plus, doter chacun de ces territoires d’au moins un lycée professionnel maritime.

Jean-Luc Mélenchon a également annoncé sa volonté d’« engager un plan pluriannuel d’investissement et de développement des services publics » et de supprimer les « exemptions fiscales bénéficiant aux ultra-riches pour les investissements outre-mer (notamment sur l’ISF) »

L’eurodéputé propose, en outre, de développer « des circuits de distribution publics et la production en coopératives » afin de « libérer les outre-mer des monopoles privés et de la captation de la richesse par la rente ».

  • François Asselineau : la sortie de l’UE comme réponse

A la question du président des maires de Guadeloupe qui lui a offert son parrainage et déplore la différence de traitement entre les outre-mer et la métropole, le candidat de l’Union populaire républicaine répond : « sortie de l’union européenne ».

« Le problème numéro un qui se pose aux communes d’outre-mer est la remise en cause par l’Union européenne de l’octroi de mer », une ressource « fondamentale » pour la survie des communes d’outre-mer, selon lui.

François Asselineau affirme également qu’il mettra « le paquet » pour aider les collectivités d’outre-mer, notamment en termes d’efforts sur les infrastructures et veillera à l’endettement des communes d’outre-mer qui « parfois ne sont pas gérées comme elles le devraient ».

  • Philippe Poutou : l’émancipation

Si rien n’est évoqué concernant les outre-mer dans son programme en ligne, Philippe Poutou a expliqué devant les maires de France, le 22 mars, qu’il prônait « l’émancipation », « le droit à disposer d’eux-mêmes car [ces départements d’outre-mer], c’est quand même les restes des colonies ».

  • Nicolas Dupont-Aignan : la continuité territoriale

Dans un chapitre intitulé « vive la continuité territoriale », le candidat de Debout la France liste 23 points de programme spécifiquement dédiés à l’outre-mer. Parmi les mesures phares : celles promouvant la visibilité des DOM, en imposant par exemple un quota d’émissions sur les chaînes publiques consacré à l’outre-mer ; celles prônant la continuité territoriale avec la métropole, en divisant notamment par deux le prix des billets d’avion ; celles dédiées au rattrapage scolaire, comme la construction et la rénovation des écoles primaires.

Nicolas Dupont-Aignan souhaite également renforcer les contrôles aux frontières afin de lutter contre l’immigration illégale et les trafics de drogues.

  • Nathalie Arthaud : le salaire minimum et l’interdiction des licenciements

La porte-parole de Lutte ouvrière a également prévu de s’adresser aux travailleuses et travailleurs d’outre-mer. Mais son programme se fonde, « comme en métropole », sur ce qu’elle considère comme « les besoins vitaux de la population laborieuse ». A commencer par l’instauration d’un salaire minimum de 1 800 euros net par mois et « l’interdiction des licenciements qui alimentent le chômage ».

  • Jean Lassalle : une demande de « pardon »

Le candidat du mouvement Résistons ! n’a pas mis en ligne de volet spécifique aux outre-mer dans son projet. Le député (ex-MoDem) des Pyrénées-Atlantiques a toutefois déclaré lundi sur LCI vouloir se rendre en Guyane « si s [es] moyens le [lui] permettent ». « Etre voisins du Brésil est une grande chance pour nous », a-t-il considéré. La veille, sur la même chaîne, il demandait « pardon » à « [ses] compatriotes d’outre-mer » : « Nous vous avons trop oubliés, vous avez subi le même sort que ma vallée des Pyrénées. »