« J’ai l’intime conviction qu’Ilich Ramirez Sanchez est bien l’auteur de cet attentat. (…) Le drugstore Publicis est le début du parcours de Carlos », a déclaré lundi l’avocat général, Rémi Crosson du Cormier. | © Benoit Tessier / Reuters / REUTERS

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise, lundi 27 mars, devant la cour d’assises spéciale de Paris à l’encontre d’Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, pour l’attentat du Drugstore Publicis qui avait fait deux morts et 34 blessés à Paris en septembre 1974. La cour d’assises de Paris spécialement composée devrait rendre sa décision mardi.

Le 15 septembre 1974, à 17 h 10, les victimes avaient été fauchées par l’explosion d’une grenade lancée par un homme depuis le restaurant en mezzanine du Drugstrore vers la galerie marchande en contrebas.

« Je n’ai ni ADN, ni empreintes digitales, ni vidéosurveillance, ni téléphonie, a déclaré lundi l’avocat général, Rémi Crosson du Cormier. Je n’ai en face qu’une reconnaissance d’une responsabilité politique. » Mais « les éléments accumulés de cette trop longue enquête convergent vers lui », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « J’ai l’intime conviction qu’Ilich Ramirez Sanchez est bien l’auteur de cet attentat. » « Le drugstore Publicis est le début du parcours de Carlos », a encore estimé l’avocat général.

Depuis quinze jours, la défense n’a eu de cesse de dénoncer la composition de la cour, sans jury populaire, l’absence de nombreux témoins, et la tenue même du procès, plus de quarante ans après les faits.

Carlos maintient l’ambiguïté

Interrogé lors du procès sur son implication directe, il a éludé, arguant qu’on lui demandait de « devenir un informateur contre [lui]-même » et qu’un « cadre de la résistance palestinienne » comme lui ne pouvait, sous peine de mort, fournir des informations sur une opération, encore moins lors d’un procès. Il s’est décrit à l’audience comme un « révolutionnaire professionnel », et a maintenu une certaine ambiguïté sur son implication dans cet attentat, lançant notamment : « Peut-être que c’est Carlos, peut-être que c’est moi, mais il n’y a aucune preuve. »

Après de multiples rebondissements judiciaires et deux non-lieux prononcés en 1983 puis en 1999, faute d’auteur identifié d’abord, puis de charges suffisantes ensuite, l’affaire a finalement été relancée par le parquet général et une association de victimes du terrorisme. « Nous devions assurer, tenir et faire aboutir ce procès », a estimé lundi l’avocat général.

L’enquête a établi des liens entre cet attentat, Carlos et la prise d’otages, commencée deux jours auparavant, de 11 personnes à l’ambassade française de La Haye, aux Pays-Bas, par des Japonais de l’Armée rouge japonaise.

L’hypothèse de l’accusation est que Carlos a commis cet « attentat d’appui » pour faire pression sur les autorités françaises, au moment où elles négociaient avec les preneurs d’otages de La Haye la libération d’un membre de l’Armée rouge japonaise arrêté à Orly.

Désormais âgé de 67 ans, celui qu’on surnommait « le Chacal » a été arrêté au Soudan en août 1994 par les services français. Il a été condamné deux fois à perpétuité : en 1997 d’abord pour les assassinats de deux policiers français et de leur informateur en 1975 à Paris, puis en 2011 (une peine confirmée en juin 2013) pour sa complicité dans quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983.