Série sur Canal+ à 21 heures

Tournage Versailles 2 | Anouchka de Williencourt

On l’avoue : on avait détesté la première saison de Versailles, la superproduction internationale de Canal+, qui, à nos yeux, avait l’air de cette fameuse publicité vantant les soirées, « toujours réussies », de l’ambassadeur, filmée par Franco Zeffirelli et décorée par Jacques Garcia.

De surcroît, la version originale, intégralement en anglais, est hors de propos et peu logique : on entend tantôt des archaïsmes raffinés, tantôt des vulgarités d’aujourd’hui. Dans le dernier épisode, on repère même une insulte en français venue d’une figurante : « Espèce de canaille ! »

Le ridicule est atteint quand des patronymes sont dits avec un semblant d’accent français sur ­lequel personne ne s’entend : les francophones les disent correctement, les autres de manière diversement exotique, en général avec un accent tonique déplacé.

Entre mysticisme et obscurité

On ne parlera pas de la musique, qui conviendrait aussi bien à une série policière. Quant aux ­ « inserts » de musique baroque, ils sont certes joués sur instruments anciens, mais souvent hors de propos : les Leçons de ténèbres, de ­Couperin (saison 1), sont postérieures à la mort de Louis XIV, et le Miserere d’Allegri (saison 2) était une exclusivité vaticane…

Cette saison 2, « entre mysticisme et obscurité », constitue « une plongée du côté sombre du pouvoir, avec la descente aux enfers du roi et son retour vers la lumière ». On ne constate d’abord guère de différence avec la première saison. Mais, à mi-course, Versailles opère une métamorphose.

Alors que le spectaculaire dominait, le propos se fait plus noir et plus intime, favorisant les huis clos, les tête-à-tête qui donnent aux personnages une densité et une dimension nouvelles.

Versailles Saison 2 - Bande-annonce VOST CANAL+ [HD]
Durée : 01:31

L’arrivée de la veuve Scarron, ­future marquise de Maintenon, est un des beaux moments du dernier tiers de cette saison 2. Même le portrait un peu trop « cage aux folles » de Philippe d’Orléans et de son amant trouve la voie d’une sensibilité nouvelle.

Mais le meilleur de cette nouvelle saison vient de la Québécoise Suzanne Clément, actrice fétiche de Xavier Dolan, qui, dans un ­anglais parfait, incarne une sorcière noire et vénéneuse, digne d’un opéra baroque.

Versailles, saison 2, créée par Simon Mirren et David Wolstencroft. Avec George Blagden, Anna Brewster (Fr-Can, 2016, 10×55 min).