Au lendemain de la grève générale illimitée de lundi à l’affluence décevante, une mobilisation massive a réuni les Guyanais mardi 28 mars pour les manifestations de la « journée morte », à l’appel de l’Union des travailleurs guyanais (UTG), dont les 37 syndicats membres ont voté à la quasi-unanimité en faveur de l’arrêt du travail.

Alors que 250 000 personnes vivent dans ce territoire, la préfecture a comptabilisé respectivement entre 8 000 et 10 000 participants à Cayenne, et 3 500 à 4 000 à Saint-Laurent-du-Maroni, les deux plus grandes villes guyanaises. C’est « la plus grosse manifestation jamais organisée » sur le territoire, selon les autorités préfectorales.

Dans Cayenne, l’avenue de Gaulle, qui mène au centre historique, était noire de monde. Beaucoup de drapeaux guyanais étaient brandis, ainsi que des banderoles reprenant le slogan « nou bon ké sa »« ça suffit » en créole guyanais – qui a fleuri ces derniers jours sur les nombreux barrages installés dans les villes du territoire.

Le collectif des protestataires Pou La Gwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle, qui regroupe autant des collectifs contre la délinquance et pour l’amélioration de l’offre de soins, que l’UTG ou les avocats guyanais) s’en trouve renforcé alors qu’il n’est toujours pas disposé à rencontrer la délégation interministérielle arrivée samedi. Alors que le préfet Jean-François Cordet, qui la pilote, a fait état de « premiers résultats » obtenus depuis samedi, tels que « la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne » ou une enveloppe de « 60 millions d’euros supplémentaires » pour le très endetté hôpital de Cayenne, un porte-parole des grévistes a réclamé « un plan de développement et pas des mesurettes ».

Taubira appelle au dialogue

« Nous souhaitons que les discussions déjà ouvertes se poursuivent, s’amplifient et s’intensifient dans les jours qui viennent », « afin de parvenir à des solutions rapides, concrètes et durables pour la Guyane », ont réaffirmé le ministre de l’intérieur, Matthias Fekl, et la ministre des outre-mer, dans un communiqué commun.

Une délégation ministérielle doit arriver en Guyane « avant la fin de la semaine », « si toutefois les conditions du respect () et de l’ordre républicain sont réunies », a estimé lundi Bernard Cazeneuve.

L’ancienne garde des sceaux, la Guyanaise Christiane Taubira, a appelé au « dialogue » avec une « plus grande implication des élus locaux », « sinon le blocage va durer ». L’exécutif socialiste a « incontestablement » agi en augmentant notamment les forces de police et de gendarmerie, a-t-elle relevé.

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui avait formulé en février de nombreuses recommandations pour améliorer l’accès aux droits et aux services publics en Guyane, s’est dit « particulièrement inquiet », dans un communiqué.