Microsoft réussira-t-il à convaincre la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) du bien-fondé de sa démarche ? Accusé de collecter des données personnelles de façon massive, l’éditeur de logiciels assure faire de son mieux pour protéger ses clients.

La prochaine version de Windows 10, dont la mise à jour est programmée pour le 10 avril, intégrera ainsi un « nouveau panneau de contrôle, qui permettra à l’utilisateur de savoir quelles données sont recueillies par Microsoft », précise Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité de la filiale française du géant américain.

L’écran s’affichera à chaque mise à jour du système d’exploitation, tandis qu’un portail spécifique permettra d’accéder à ses données en temps réel. L’utilisateur de Windows 10 verra ainsi l’ensemble des informations personnelles collectées, qu’elles soient liées à la géolocalisation, à la navigation, aux recherches, ou à Cortana, l’assistant personnel virtuel proposé par Microsoft. L’utilisateur aura la possibilité de nettoyer ces données et de remettre les compteurs à zéro.

Un assistant très intrusif

Ainsi, Cortana, dont l’efficacité augmente au fur et à mesure qu’on l’utilise, pourra-t-il être désactivé. De fait, cet assistant bâti sur l’intelligence artificielle, qui fait partie par défaut de Windows 10, apparaît très intrusif. Il sait automatiquement, sans que l’utilisateur ait besoin de s’en servir, où il habite, et où il travaille.

Mais la firme de Redmond défend son droit à collecter des données. « On ne fait pas de commerce. Les données servent avant tout à améliorer le fonctionnement de nos services, et à envoyer les bonnes mises à jour à l’utilisateur », explique le cadre de Microsoft.

Reste à savoir si ces améliorations lui permettront de recevoir la bénédiction de la CNIL, gardienne des données personnelles. Car, malgré ses efforts, Microsoft, qui a entamé des « discussions » avec l’institution en mai 2015, avant même la sortie de Windows 10, n’a pas réussi à la rassurer.

En juillet 2016, la CNIL avait adressé une mise en demeure au géant de l’informatique. Le G29, qui regroupe l’ensemble des organismes européens de protection des données personnelles, lui avait emboîté le pas, le 15 février, en s’inquiétant, dans une lettre au géant américain, de « l’apparente absence de contrôle » des utilisateurs sur leurs données.

« Nous avons livré une réponse à la CNIL le 20 janvier, nous sommes depuis en attente de leur réponse », admet le directeur technique et sécurité de Microsoft. Selon lui, l’incompréhension entre Microsoft et l’institution est liée à la méthode de travail de l’éditeur. Auparavant, ce dernier délivrait une seule version de son système d’exploitation, qui restait identique plusieurs années durant. Désormais, il met en ligne deux ou trois mises à jour par an. « Ils ont peut-être eu du mal à comprendre ce mode de fonctionnement », avance Bernard Ourghanlian.

La nouvelle version de Windows 10 apportera un autre changement important. Elle intégrera des outils de développement et d’intégration d’objets 3D, adaptés au développement de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.