Film sur Ciné+ Emotion à 20 h 45

Boris Fetyov (Oleg Stefan), Pam Frales (Kathleen Chalfant) et Duke Monahan (Denis Oõhare). | UNIVERSAL

Il est impossible de faire plus retors que ce scénario, ces personnages, à moins de renoncer à être intelligible. Normal puisqu’il s’agit d’espionnage et de marivaudage, un mélange assez rarement utilisé.

Elle a travaillé à la CIA et s’est reconvertie dans l’espionnage industriel. Après une jolie carrière au MI6 britannique, il a suivi le même chemin. Ils se rencontrent à Dubaï, dans les jardins de l’ambassade américaine, un 4 juillet, au début de ce siècle. Il la drague, elle le séduit. Au matin, il se réveille seul, la bouche pâteuse, sans les plans de vols de l’aviation égyptienne qu’il convoyait.

Quelques années après leur rencontre, Claire Stenwick (Julia Roberts) et Ray Koval (Clive Owen), les deux espions, travaillent pour une multinationale de l’hygiène et des cosmétiques. Les deux ­conglomérats se disputent une molécule susceptible de générer des milliards de revenus.

Aux mensonges que s’échangent les compagnies par l’intermédiaire de leurs services d’espionnage et de contre-espionnage répondent les demi-vérités qui sont le mode ordinaire de communication entre Claire et Ray.

Un courant purement érotique

Le duo Roberts-Owen aspire à la sophistication de Nick et Nora Charles, le couple de détectives qu’incarnaient Robert Powell et Mirna Loy dans la série de films The Thin Man. Mais on était au temps de la Grande Dépression et les amours de cinéma étaient désincarnées. Les corps de Julia Roberts (qui tend de plus en plus vers l’épure) et de Clive Owen (une masse tempérée par l’élégance) sont faits pour le contact physique. Entre eux passe un courant purement érotique, dépourvu de romantisme, surveillé de près par Tony Gilroy.

Le cinéaste s’est donné d’autres soucis. Il tient absolument à ce que son arnaque du siècle tienne debout. Il ne s’épargne aucun détail d’organisation, se donne de grandes peines pour que chaque engrenage du scénario entraîne le suivant. C’est à la fois admirable et exaspérant. On voudrait bien que Clive et Julia arrêtent de se préoccuper chacun de son côté de relevés téléphoniques pour reprendre leurs jolies scènes de ménage

Pour rester comique, l’amour doit être joué rapidement, et ­Duplicity dure un peu plus de deux heures. En valeur absolue, le temps de plaisir que l’on prend à sa vision est bien supérieur à la moyenne. Il aurait fallu qu’il soit un peu mieux dégagé de sa gangue d’intrigues.

Duplicity, de Tony Gilroy. Avec Julia Roberts, Clive Owen… (EU-All, 2008, 125 min).