Photo d’illustration. La Timone, Marseille, 2012. | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Des étudiants qui collaborent à la conception de leur cursus, d’autres qui font du tutorat entre eux, ou encore un sas d’un an pour des bacheliers professionnels avant l’IUT : le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur Thierry Mandon a fait la promotion de plusieurs innovations pédagogiques alors qu’il achevait, jeudi 30 mars, son « tour de France » des initiatives de lutte contre l’échec en licence. Il a rappelé que le coût de l’échec en licence est estimé à 200 millions d’euros, une somme qui « pourrait être utilisée autrement ».

Il existe sur le terrain des réponses « extrêmement efficaces, très peu connues », a souligné M. Mandon lors d’une conférence tenue en présence de responsables et étudiants d’établissements qui innovent. En voici quelques-unes :

  • Sciences Po pour tous

L’Institut d’études politique (IEP) de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) aide des lycéens franciliens, dont 75 % de boursiers, à préparer le concours des IEP, dans leur établissement et pendant une semaine intensive dans ses locaux. Il s’agit de leur donner des méthodes de travail qui leur permettront de mieux engager leurs études, qu’ils réussissent le concours (20 % des élèves du programme) ou pas.

« Je n’ai jamais eu le profil type de l’élève qui entre à Sciences Po, a raconté Benjamin, qui a intégré l’IEP de Saint-Germain après cette préparation. J’ai failli redoubler toutes mes classes de collège, j’ai failli aller en pro, en technologique et je savais que pour un concours, j’étais en sacré retard face à des élèves de bons lycées. » « [Mais cet enseignement] m’a permis de me remettre au niveau [et] je me suis donné à fond. »

  • Du coaching à l’université

L’université Lyon-III a constaté qu’on pouvait échouer pour des raisons indépendantes de l’aisance dans la discipline étudiée, comme des difficultés à s’organiser, ou la timidité. Elle propose aux volontaires des modules de trois heures pour les épauler, tels que « prise de parole en public », « gestion du stress », « savoir rebondir après l’échec ».

Les centaines d’étudiants qui suivent au moins un module réussissent mieux que la moyenne, pour un coût – assumé par l’université – de 150 euros par jeune par an.

  • Initiatives pédagogiques étudiantes en médecine

A Lyon-I, ce sont les étudiants de médecine qui développent des « initiatives pédagogiques étudiantes » en collaboration avec leurs enseignants. Une vingtaine ont été mises en œuvre.
Ils rédigent ainsi des polycopiés à partir de leurs notes, relus et validés par les enseignants, mis à jour chaque année. Ces documents « combinent la pensée étudiante et l’expertise de l’enseignant », explique Alexandre Mader, un étudiant. « Cela a permis aux enseignants de ne plus tout dire en cours, les étudiants lisaient avant le polycopié, et ils pouvaient réfléchir à de nouvelles formes d’apprentissage, comme la classe inversée. »

Ces étudiants devant apprendre de nombreux gestes, comme la prise de sang, les enseignants y ont formé des élèves de troisième année, qui ont formé à leur tour ceux de deuxième année.

  • Réduire l’échec en études de santé

Le concours de médecine, en fin de première année commune aux études de santé (Paces), conduit beaucoup d’étudiants à travailler d’arrache-pied pendant une, voire deux années. Un effort récompensé pour peu d’entre eux, le nombre de places étant fortement limité par le numerus clausus. Mais l’université d’Angers expérimente depuis 2015 une autre organisation de la Paces, avec un parcours pluridisciplinaire de quatre semestres, qui a permis à 70 % des étudiants de valider une première année et continuer sans redoubler. Tous ne deviendront pas médecins, certains pourront rejoindre par exemple des écoles d’ingénieur.

  • Tutorat étudiant

Observant que beaucoup d’étudiants de santé suivaient en plus des cours privés, que tous ne peuvent pas s’offrir, l’université de Saint-Etienne a développé un tutorat entre étudiants, qui a amélioré le taux de réussite au concours.

  • Accompagner les bacheliers professionnels

Selon Thierry Mandon, « on n’entre pas à l’université comme une masse indifférenciée », certains ont « besoin » de se préparer « avant d’y être ». Les titulaires du bac professionnel, conçu pour intégrer directement le marché du travail, s’engagent ainsi de plus en plus dans des études supérieures, mais leur taux de réussite est faible. L’université de Saint-Etienne a créé pour eux une formation d’un an en petit groupe, afin de développer leur culture générale et leur méthodologie avant l’IUT.