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Matthias Pintsher | Pintsher website

L’année 2016 a marqué le quarantième anniversaire de la création de l’Ensemble intercontemporain, fondé au même moment qu’ouvrait, dans le giron du Centre Pompidou, à Paris, mais en annexe extérieure et souterraine, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam).

Le principe d’un laboratoire artistico-scientifique avait en fait été décidé dès la fin des années 1960. Le président de la République Georges Pompidou, élu en 1969, féru de création, récompensait ainsi le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez (1925-2016). Celui-ci avait quitté la France avec fracas en 1966, après qu’André Malraux, ministre chargé des affaires culturelles sous De Gaulle, lui eut préféré Marcel Landowski pour réformer la vie musicale française.

Dès lors, on donna à ce groupe d’élite d’avantageux moyens de subsistance ; on lui offrit, en les murs de la Cité de la musique à Paris (qui doit aussi beaucoup à Boulez l’omnipotent), un lieu de résidence luxueux et envié. Boulez n’en fut que peu de temps le directeur musical, mais il supervisa de près la nomination de tous ceux qui prirent les rênes de cette formation de 31 solistes.

Sorte de GIGN

Boulez avait pour habitude de clamer que « son » ensemble était ce qui se faisait de mieux. Certes, ses membres, une sorte de GIGN des situations musicales les plus redoutables et complexes, sont techniquement excellents à leur tâche.

Mais quelque chose de coincé, d’austère et, il faut bien l’avouer, de souvent ennuyeux les marque depuis toujours, notamment dans le répertoire des « classiques » du XXe siècle. Leur interprétation, lors du concert en hommage à Pierre Boulez, de la Symphonie de chambre op. 9, d’Arnold Schoenberg, raide et dépassionnée, en témoigne une fois encore.

Et leur répertoire, malgré les tentatives d’ouvertures opérées notamment par David Robertson, directeur musical de 1992 à 1999, demeure inflexiblement fermé à de nombreuses tendances essentielles de la musique du XXe et du début de ce XXIe siècle.

Ce que prouve leur sélection d’œuvres, au cours des quatre « Livres » (terme éminemment boulézien, il va de soi) qui balise quarante ans de création mais donne, pour l’essentiel, un fâcheux sentiment de sinistrose.

Les 40 ans de l’Ensemble intercontemporain : « A livres ouverts » ; concert « Hommage à Pierre Boulez », par l’Ensemble intercontemporain, Matthias Pintscher (direction). Réalisation : Christian Leblé (Fr., 2017, 166 min et 96 min).