Des membres de la communauté chinoise lors d’une manifestation place de la Bastille le 30 mars. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Les trois policiers intervenus dans l’appartement parisien de Liu Shaoyao, un père de famille chinois tué dimanche soir, ont été entendus vendredi 31 mars par l’inspection générale de la police nationale (IGPN).

Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) avaient déjà été entendus dimanche soir dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet. L’audition qui s’est déroulée vendredi avait pour but de « confronter leur version », qui met en avant la légitime défense et « qu’ils ont réitérée », à celle de la famille de la victime, pour qui Liu Shaoyao n’a pas agressé les policiers quand ils sont arrivés à son appartement du 19e arrondissement, a expliqué une source proche de l’enquête. La famille et ses avocats avaient pour leur part été reçus jeudi par le parquet de Paris.

Selon la police, « un voisin avait appelé la police pour signaler la présence d’un homme se déplaçant dans les parties communes avec un couteau à la main »« Alors que la porte s’entrouvrait brièvement, puis se refermait » lorsqu’ils se présentèrent devant le domicile, et que des « cris » et des « pleurs redoublaient », les policiers ont « forcé la porte », avait expliqué la préfecture de police. Liu Shaoyao a alors porté un coup avec une paire de ciseaux, selon la version policière, blessant un policier à l’aisselle. Tandis qu’il tentait de porter un nouveau coup au fonctionnaire blessé, un des policiers effectuait un tir de riposte pour protéger son collègue.

Pour sa famille, Liu Shaoyao « n’a blessé personne »

Les enfants de la victime, présents dans l’appartement, contestent cette version. Selon leur avocat, Me Calvin Job, Liu Shaoyao « n’a blessé personne » et s’il portait des ciseaux, c’est parce qu’il « taillait des poissons »« Les policiers ont ouvert de force la porte de l’appartement, ce qui l’a propulsé vers l’arrière ». Le père de famille n’a « porté aucun coup » et « ne s’est pas précipité » sur les policiers, qui auraient « tiré sans sommation », toujours selon l’avocat. D’après les analyses toxicologiques, l’homme n’était pas sous l’emprise de stupéfiants ou de médicaments, il avait un taux d’alcool de 0,71 gramme par litre de sang.

La mort de Liu Shaoyao a déclenché la colère d’une partie de la communauté chinoise à Paris. Pékin a publiquement demandé que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort. Des centaines de personnes ont manifesté à plusieurs reprises cette semaine. Des incidents ont eu lieu et des dizaines de manifestants ont été placés en garde à vue. Quatre personnes ont d’ailleurs été présentées jeudi à la justice, deux jours après des incidents lors d’une des manifestations, a appris l’Agence France-presse (AFP) vendredi de source judiciaire.