• Maurice Ravel
    Daphnis et Chloé
    Ensemble Aedes, Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)

Pochette de l’album « Daphnis et Chloé » par l’Ensemble Aedes, Les Siècles. | HARMONIA MUNDI

De Daphnis et Chloé, le somptueux ballet de Maurice Ravel créé en 1912 à l’initiative de Serge Diaghilev, on ne joue le plus souvent que les deux Suites symphoniques. Fresque d’anthologie, la partition d’origine, pour grand orchestre et chœurs (sans paroles) est ici restituée avec des instruments d’époque (et de facture française, particularité non négligeable pour les vents) dans une interprétation minutieuse. La lumière, les couleurs, l’espace et, surtout, la gradation de l’intensité y sont traités avec une rare maestria. Dans chaque situation, chorégraphique ou lyrique, on perçoit le pouls du compositeur. Ce qui, pour un homme aussi secret que Ravel, relève autant du prodige que la respiration commune de François-Xavier Roth et de ses musiciens. Pierre Gervasoni

1 CD Harmonia Mundi.

  • AZ III
    Swingue Aznavour

Pochette de l’album « Swingue Aznavour », d’AZ III. | VLF PRODUCTIONS/UVM DISTRIBUTION

Parmi les nombreuses sources d’inspiration du jazz, les chansons populaires ont régulièrement été utilisées. Avec le pianiste Aldo Frank, le contrebassiste Tony Bonfils et le batteur Didier Guazzo, réunis sous le nom AZ III, ce sont dix chansons du répertoire de Charles Aznavour qui bénéficient de ce traitement jazz. Swingue Aznavour annonce le titre de l’album. Et c’est bien exact. L’énoncé, clair, du thème mélodique, l’enchaînement des parties solistes, une approche stylistique évocatrice des années 1940-1950, tout ici est d’une grande élégance « classique ». Avec, en tête de cet Aznavour mis en jazz, des versions parfaites de Le Temps, Paris au mois de mai, Au creux de mon épaule et Les Plaisirs démodés (avec citation finale d’On Broadway). Sylvain Siclier

1 CD VLF Productions/UVM Distribution.

  • Laura Marling
    Semper Femina

Pochette de l’album « Semper Femina », de Laura Marling. | KOBALT/PIAS

Belle voix, entre caresse et complainte, picking élégant à la six-cordes, délicatesse introspective : Laura Marling laissait jusqu’ici entrevoir des promesses, sans se distinguer tout à fait des légions de néo-folkeuses. C’est chose faite avec ce sixième album, finement produit par Blake Mills (Alabama Shakes, John Legend). Dès Soothing, l’Anglaise établie à Los Angeles assume sans détour son obsession pour Joni Mitchell et part en quête du secret d’un songwriting perdu dans la verdure de Laurel Canyon, au début des années 1970. En s’imposant une contrainte : observer les manifestations de la féminité à travers le regard d’une femme – presque une étude de genre –, le titre se référant à une phrase de l’Enéide de Virgile, « Varium et mutabile semper femina » (« La femme est l’inconstance et la mobilité en personne »). L’énigme des relations entre les êtres lui inspire neuf chansons mélancoliques sans être tristes, d’une variété inédite, parfois habillées des cordes qui accompagnaient les confidences de Nick Drake (The Valley, Next Time), ailleurs d’une boîte à rythme épuisée (le bouleversant Don’t Pass Me By) ou plus classiques dans l’épure folk (Always This Way, autre sommet). Un compagnon phonographique idéal pour les heures de quiétude et de solitude. Bruno Lesprit

1 CD Kobalt/PIAS.

  • Gianmaria Testa
    En studio – 1995/2011
    Live & altro – 2008/2013

Pochette du coffret de 7 CD « En studio – 1995/2011 », de Gianmaria Testa. | LE CHANT DU MONDE-[PIAS]

Deux coffrets pour ne pas oublier. La voix, tendre, enveloppante, comme était son regard, et puis aussi la danse et les nuances de la guitare, la délicatesse feutrée, le swing pudique, la sensualité de la musique, ses murmures, sa mélancolie, sa légèreté sereine. Le chanteur, auteur et compositeur italien Gianmaria Testa est « parti » le 30 mars 2016. Les poètes et les enchanteurs partent toujours trop tôt. Dans l’une des deux boîtes : 7 albums studio, de Montgolfières (1995), avec la participation, entre autres, de César Stroscio (bandonéon) et du Quatuor Joachim, à Vitamia (2011), qui contient le titre 18 mila giorni (18 000 jours), dédié à son ami écrivain Erri De Luca (avec qui il montera le spectacle Quichotte et les invisibles), « en signe de fraternelle amitié et parce qu’à un certain moment, il a essayé avec d’autres d’imaginer un avenir différent », écrira alors Testa. L’autre coffret évoque ses affinités avec Ferré, dont il s’empare dans l’album F. à Léo, en 2008, avec le trompettiste Paolo Fresu, et propose par ailleurs un concert en solo, enregistré le 3 mai 2008, à l’Auditorium de Rome. Il y donne l’impression de recevoir chez lui, comme à la maison, avec sa guitare et un bon vin, à partager. Patrick Labesse

2 coffrets 7 CD (+ livret 152 pages) et 4 CD (+ livret 56 pages) Le Chant du monde/PIAS.