Davy Rimane, secrétaire général de l’Union des travailleurs guyanais, le 2 avril à Cayenne. | JODY AMIET / AFP

Bernard Cazeneuve a rejeté, lundi 3 avril, la demande, jugée « irréaliste », des meneurs du mouvement social en Guyane de porter à 2,5 milliards d’euros le plan d’urgence du gouvernement, en appelant à « poursuivre le dialogue » après l’échec des négociations.

A l’issue d’une réunion à Matignon rassemblant douze membres du gouvernement, le premier ministre a déclaré :

« Il serait (…) aisé de céder à la facilité et de promettre des mesures et des aides financières d’un montant irréaliste, puis d’en laisser la charge et la responsabilité à un autre gouvernement. Ce n’est pas la conception que nous avons de la responsabilité dans la République. »

La ministre de l’outre-mer, Ericka Bareigts, repartie de Guyane dimanche, n’est pas parvenue à obtenir un accord avec le collectif Pou Lagwiyann dékolé (« Pour que la Guyane décolle », en créole), qui représente le mouvement social débuté depuis deux semaines et qui freine l’activité du département.

Les représentants du collectif ont estimé que le plan d’urgence de 1,085 milliard d’euros annoncé la veille par le gouvernement était du « saupoudrage » et réclamait une enveloppe supplémentaire et immédiate de 2,5 milliards d’euros.

Appel à la « raison »

« J’en appelle encore une fois à la raison et à la levée des barrages. Bloquer la Guyane, bloquer son économie, bloquer ses écoles, bloquer ses services publics, ce n’est pas ainsi que l’on peut préparer l’avenir », a poursuivi M. Cazeneuve lundi.

« Nous avons entendu nos compatriotes guyanais », a encore affirmé le premier ministre, qui a détaillé le plan de plus d’un milliard d’euros dont les engagements doivent être « actés » mercredi en conseil des ministres.

« La Guyane ne pourra pas décoller », a-t-il déclaré en référence au collectif des protestataires guyanais Pou La Gwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle), « sur la base de fausses promesses et d’engagements non tenus ».

Lundi, les 500 Frères contre la délinquance, un groupe en pointe dans le mouvement social en cours en Guyane depuis deux semaines, ont fait fermer lundi tous les magasins de Cayenne, où une « opération ville morte a été décrétée ». « Il faut fermer, il n’y a pas le choix », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP), l’un des membres du mouvement, cagoulé et tout de noir vêtu, alors qu’il venait d’intimer l’ordre à un commerçant de baisser son rideau.

Un bus des 500 Frères et une camionnette ont également circulé dans le quartier pour faire fermer les magasins, dont deux au moins ont dû s’exécuter, a constaté l’AFP.

« Je suis solidaire du mouvement, mais le fait que la population soit prise en otage, je ne suis pas d’accord », a réagi Joël, 47 ans, ajoutant toutefois que la mesure était « justifiée » et que les 500 Frères « non violents » avaient joué un rôle « très positif » depuis le début du mouvement.

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