L’épave de l’avion présidentiel polonais, à Smolensk, le 11 avril 2011. | Sergey Ponomarev / AP

Le parquet polonais a déclaré, lundi 3 avril, qu’il allait inculper des contrôleurs aériens russes pour avoir « volontairement » provoqué le crash de Smolensk en 2010, qui avait fait 96 morts dont le président Lech Kaczynski. Le Kremlin a immédiatement fait savoir qu’il « ne pouvait être d’accord » avec une telle hypothèse.

L’avion dans lequel se trouvait le président Lech Kaczynski, ainsi que le président polonais de la Banque centrale, le vice-ministre des affaires étrangères et les principaux chefs de l’armée s’était écrasé à l’aéroport de Smolensk, le 10 avril 2010. Les 96 passagers sont morts.

Le gouvernement du parti nationaliste polonais Droit et justice (PiS), qui soutient la version d’un attentat, mène sa propre enquête sur cette catastrophe, qui selon l’ancien gouvernement libéral était due à des erreurs humaines et à de mauvaises conditions météo.

Contrôleurs aériens inculpés dès 2015

Une nouvelle analyse de preuves, dont des enregistrements des conversations entre l’avion présidentiel et la tour de contrôle de Smolensk, « a permis aux procureurs de formuler de nouveaux chefs d’inculpation contre deux contrôleurs aériens, citoyens de la Fédération de Russie, ainsi qu’à une troisième personne qui se trouvait alors dans la tour de contrôle », a déclaré à la presse le procureur en chef adjoint Marek Pasionek.

Les deux contrôleurs russes avaient été déjà inculpés par le parquet polonais en 2015, l’un pour « avoir provoqué le danger direct d’une catastrophe aérienne » et le deuxième « pour avoir provoqué non intentionnellement une telle catastrophe ». Lundi, le parquet s’est refusé à préciser les détails de l’acte d’inculpation avant qu’ils ne soient présentés aux personnes concernées.

Varsovie veut analyser les débris de l’appareil

Le parquet a, par ailleurs, annoncé que des fragments de l’appareil seraient confiés en mai à quatre laboratoires étrangers, notamment britannique et espagnol, pour vérifier si des explosifs avaient pu provoquer le crash.

Varsovie demande en vain à la Russie de restituer l’épave de l’avion. Selon Moscou, cette restitution ne sera possible que lorsque la justice russe aura achevé sa propre enquête judiciaire.

Pour Varsovie, l’épave a une valeur symbolique, mais elle est surtout une pièce à conviction majeure qui pourrait permettre d’établir si le crash est dû à un accident ou un attentat.

Cette catastrophe, qui alimente un débat politique divisant profondément les Polonais, a servi aux conservateurs de cheval de bataille pour revenir au pouvoir.