La vie tournait au ralenti lundi à Kinshasa et Lubumbashi, les deux principales villes de la République démocratique du Congo suite au mot d’ordre de « ville morte » de l’opposition pour exiger du président Joseph Kabila l’application de l’accord de cogestion du pays, ont constaté les journalistes de l’AFP.

« Nous avons respecté le mot d’ordre de ville morte parce que nous souffrons beaucoup. Qu’il [le président Kabila] quitte le pouvoir, il a fini son mandat, nous ne voulons plus de lui », a assuré à l’AFP Mamie Biamba, une habitante de Kingasani, bouillant quartier populaire de l’est de Kinshasa.

De rares transports en commun

A 8h00, commerces et stations service étaient encore fermés, les moyens de transports en commun étaient rares, alors que des piétons déferlaient à pied des quartiers populaires de l’est de la capitale congolaise vers le centre des affaires pour rejoindre leurs lieux de travail ou de débrouille.

La place Victoire, au coeur de Kinshasa, mégalopole de plus de plus de 10 millions d’habitants, qui grouille généralement de monde dès les premières heures du matin, était quasiment vide.

Même ambiance à Lubumbashi, dans le sud-est du pays, où des témoins assuraient à l’AFP que les activités étaient quasiment à l’arrêt. « La banque tourne au ralenti », a déclaré le directeur d’une agence qui a ajouté avoir enregistré quelques absents parmi ses agents. « Un magasin sur cinq a ouvert », a témoigné un habitant.

« Seul sur la route »

« J’ai réalisé une très bonne affaire en ayant la géniale idée de travailler tôt le matin contrairement à l’immense majorité de mes collègues. J’étais quasiment seul sur la route et j’ai fait payer au prix fort mes courses », a déclaré à l’AFP Nyembo Muyumba, chauffeur de taxi à Lubumbashi.

Vers 6h30, des vendeuses de patates douces et autres produits agricoles étalaient leurs marchandises dans un marché de Kingasani. Au marché Gambela au centre de Kinshasa, des « chailleurs » (vendeurs à la criée) se déployaient à la recherche des rares clients.

« Nous n’avons rien à faire avec des mots d’ordre des politiciens de tous les bords. Notre problème c’est de trouver quoi nourrir nos enfants, les envoyer à l’école. La vie est devenue intenable pour nous le petit peuple tandis que eux (politiciens) vivent aisément », s’enflammait Albertine Bulanga, vendeuse de maïs dans un marché de Kingasani.

Le Rassemblement avait appelé les Congolais à cette journée ville morte pour dénoncer le « chaos » né de l’échec des tractations sur l’application de l’accord de cogestion de la transition signé le 31 décembre entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’épiscopat congolais.