Les onze candidats à l’élection présidentilelle ont rendez-vous, mardi 4 avril à partir de 20 h 40 sur BFMTV et CNews, pour un débat télévisé. Aux cinq personnalités que l’on a pris l’habitude de présenter comme les « gros candidats » – Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon –, qui s’étaient déjà affrontées sur TF1 et LCI le 20 mars, se joindront les six autres candidats du premier tour : Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Asselineau (Union populaire républicaine), Jean Lassalle et Jacques Cheminade. Qui sont ces six « petits » candidats, comme on les a baptisés ? Que proposent-ils ? Petit tour d’horizon.

  • Nathalie Arthaud, candidate qui se réclame du communisme

Nathalie Arthaud, lors d’un meeting, le 2 avril, à Strasbourg. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Nathalie Arthaud le revendique jusque dans ses affiches électorales : la « candidate communiste » à la présidentielle, c’est elle. La représentante de Lutte ouvrière (LO) entend profiter de l’absence d’un candidat présenté par le Parti communiste français, qui soutient Jean-Luc Mélenchon, pour consolider son électorat potentiel.

Malgré un score très faible pour sa première participation en 2012 (0,56 % des suffrages), la dirigeante d’extrême gauche se dit toujours aussi déterminée à faire entendre « le camp des travailleurs » pendant la présidentielle.

Son parcours

Nathalie Arthaud, 47 ans, enseigne l’économie et la gestion au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers. « Nathalie », comme l’appellent les militants, a succédé en 2008 à Arlette Laguiller au poste de porte-parole de Lutte ouvrière. En 2012, son score à la présidentielle est le plus bas jamais enregistré par son parti : moins de 1 %. L’ancienne conseillère municipale de Vaulx-en-Velin (Rhône), élue sur une liste menée par le PCF jusqu’en 2014, a également participé aux européennes de 2009 (0,84 %) et aux régionales de 2010 (1,42 %).

Mme Arthaud est l’une des deux seules femmes candidates à la présidentielle de 2017, avec Marine Le Pen.

Son programme

Nathalie Arthaud se présente pour la deuxième fois à l’élection présidentielle. Grâce à son réseau militant, elle a été parmi les cinq candidats les plus rapides pour recueillir leurs 500 parrainages d’élu. La trotskiste veut surtout se servir de la campagne pour stimuler des « luttes collectives » et des grèves qui seraient à même de renverser le capitalisme qu’elle dénonce.

Mme Arthaud entend aussi instaurer un salaire minimum de 1 800 euros par mois. Pour résorber le chômage, elle propose d’interdire les licenciements, de répartir le travail entre tous et une embauche massive dans les services publics. Désireuse de ramener à 60 ans l’âge légal de départ à la retraite et de garantir une médecine gratuite pour tous, Lutte ouvrière réclame l’expropriation des banques et des entreprises financières, sans indemnité ni rachat, et le placement de leur activité sous le contrôle de la population.

Sur le plan de la sécurité et de la défense, la formation d’extrême gauche prévoit de permettre à toute la population de participer directement à toutes les tâches administratives et de police. LO préconise enfin l’interdiction des expulsions locatives et la réquisition des loyers. Se réclamant de l’internationalisme prolétarien, elle demande aussi la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants.

 

  • François Asselineau, candidat favorable à la sortie de la France de l’UE

Francois Asselineau, le 30 mars, à Brest, lors du congrès annuel de la FNSEA. | STEPHANE MAHE / REUTERS

Vous avez probablement déjà vu son visage… collé sur l’une de ses affiches de campagne. L’équipe de François Asselineau en a collé deux cent mille dans les grandes villes et en zone rurale, selon Le Parisien. Celui qui n’était parvenu à recueillir que 17 signatures d’édile en 2012 a cette année obtenu les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle.

Son parcours

François Asselineau, 59 ans, est diplômé d’HEC et de l’Ecole nationale d’administration. Il débute sa carrière comme inspecteur des finances puis travaille au sein de plusieurs cabinets ministériels dans les années 1990, dont l’industrie, le tourisme et les affaires étrangères.

En 1999, il rejoint le Rassemblement pour la France et l’indépendance de l’Europe (RPF), fondé par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. En 2004, il devient membre de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), avant de démissionner, en 2006, « par opposition à sa ligne européenne et sa position d’alignement sur les Etats-Unis ». En 2007, il fonde l’Union populaire républicaine (UPR), un mouvement souverainiste militant pour la sortie de l’Union européenne.

Son programme

Sur son site, l’UPR présente un « programme de libération » chapitré en 20 thématiques. Selon M. Asselineau, le principal problème de la France, « c’est que les Français ne dirigent plus leur propre pays ». Les décisions étant, selon lui, prises exclusivement par trois institutions : la Commission européenne, la Banque centrale européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

La proposition-phare de M. Asselineau est le « Frexit », la sortie de la France de l’Union européenne, assortie d’une sortie de l’OTAN. Le candidat, qui s’estime « blacklisté » dans les médias nationaux parce que son discours « dérange », se défend d’être « nationaliste », préférant le qualificatif de « patriote ». A ceux qui le disent proche du FN idéologiquement, il dit s’être inspiré du Conseil national de la Résistance pour construire son programme et revendique son antiaméricanisme.

Lors d’une réunion publique dans la Somme fin octobre, il a tenté de démontrer que la taille des nouvelles régions de France a été calquée sur celle des Etats américains. Ce genre de raisonnement lui vaut d’être qualifié de complotiste. Ce qu’il réfute, se disant victime d’un... complot des grands médias pour le faire passer pour un complotiste.

  • Jacques Cheminade, habitué des campagnes présidentielles

Jacques Cheminade, le 30 mars, à Brest. | STEPHANE MAHE / REUTERS

Jacques Cheminade inaugure sa troisième campagne présidentielle. Le candidat de Solidarité et progrès, qui a réussi à recueillir 528 parrainages d’élu, avait obtenu moins de 1 % des voix en 1995 et en 2012. Cette année, ce diplômé d’HEC et énarque prône notamment la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Son programme est également axé sur la conquête spatiale, avec la colonisation de la Lune.

Son parcours

A 75 ans, c’est le doyen de cette élection présidentielle. Sa rencontre avec le sulfureux homme politique américain Lyndon LaRouche, classé à l’extrême droite, a donné un virage politique à sa carrière. Il a fondé, en 1996, son parti, Solidarité et progrès, proche de cet idéologue américain complotiste, homophobe et climatosceptique.

Jacques Cheminade, qui se veut le candidat « antisystème », est un habitué des campagnes présidentielles : en 1981 et 1988, il a échoué deux fois à réunir 500 parrainages avant d’y parvenir en 1995, pour finalement obtenir 0,28 % des voix (et voir ses comptes de campagne invalidés) et en 2012 (0,25 %). En 2002 et 2007, il a tenté à nouveau d’être candidat, sans succès.

Son programme

Dans son programme, M. Cheminade prône la sortie de l’euro et de l’Union européenne. Il souhaite « recentrer l’Europe sur l’entente entre nations compatibles par leur histoire et leur développement ». L’euro serait remplacé par « un franc nouveau ». M. Cheminade souhaite par ailleurs sortir de l’OTAN.

En matière d’économie, le candidat de Solidarité et progrès prône une « audace patriotique contre la mondialisation financière ». Il propose de rétablir « la séparation stricte entre les banques de dépôt et les banques d’affaires » et de donner plus de moyens à la Banque publique d’investissements, « de l’ordre de 120 milliards d’euros ».

Pour M. Cheminade, l’Etat et les collectivités locales « doivent réserver une part de leurs appels d’offres aux entreprises nationales, à hauteur de 80 % ». La nationalisation des entreprises est également inscrite dans son programme.

Une partie de son projet est par ailleurs axée sur les projets spatiaux. M. Cheminade souhaite ainsi « lancer une exploration robotique lunaire de grande ampleur suivie de l’implantation de centres industriels et scientifiques sur la lune ». L’objectif de cette colonisation : explorer ensuite la planète Mars.

  • Nicolas Dupont-Aignan, candidat souverainiste, propose une Europe alternative

Nicolas Dupont-Aignan, le 29 mars, à Paris. | PATRICK KOVARIK / AFP

Nicolas Dupont-Aignan est engagé dans sa deuxième campagne présidentielle, après celle de 2012. Le candidat de Debout la France, qui se revendique du gaullisme, critique régulièrement l’Union européenne qui, selon lui, « affaiblit la France ».

Son parcours

Ancien membre du RPR, du RPF et de l’UMP, Nicolas Dupont-Aignan a quitté ce dernier parti en 2007 sur fond de désaccord avec Nicolas Sarkozy. Il fonde, dans la foulée, le parti politique souverainiste, Debout la République, qui deviendra Debout la France en 2014.

A 57 ans, il est maire d’Yerres (Essonne) depuis 1995, député de l’Essonne depuis 1997 et président de la communauté d’agglomération du Val d’Yerres-Val de Seine. Diplômé de l’ENA, il a exercé dans plusieurs cabinets ministériels, dont celui de François Bayrou (1993 et 1994) et celui de Michel Barnier (1994 et 1995).

Candidat à l’élection présidentielle pour la deuxième fois – il avait obtenu 1,79 % des voix au premier tour en 2012 – il espère « tracer son chemin » entre Marine Le Pen et François Fillon.

Son programme

Le candidat de Debout la France veut en finir avec le « carcan supranational de Bruxelles ». Il propose un nouveau traité pour fonder une « Europe des nations et des projets » dans laquelle chaque pays récupérerait la « maîtrise » de quatre « souverainetés » : la monnaie, les frontières, le budget et les lois. Et les décisions de la Communauté ne primeront pas sur celles des Etats membres. « Si les négociations échouent » avec les autres pays européens sur ce traité alternatif, « la France quittera » l’Union européenne.

Côté institutions françaises, le candidat de Debout la France souhaite « diminuer le nombre de parlementaires d’au moins un tiers ». Il veut également « supprimer l’échelon régional ». S’il est élu, le député de l’Essonne souhaite revenir au septennat et créer un référendum d’initiative populaire « dès lors qu’un projet est soutenu par 500 000 inscrits sur les listes électorales ».

En matière d’économie, M. Dupont-Aignan compte « cibler et simplifier les 20 milliards d’euros des dispositifs existants (CICE, pacte de responsabilité) vers des baisses de charges patronales en direction des entreprises exposées à la concurrence internationale ». Il propose également de réserver « 50 % de la commande publique » aux petites et moyennes entreprises françaises.

Son programme prévoit aussi d’augmenter « les salaires nets de 10 % en diminuant les charges salariales de 30 % sur la durée du quinquennat » et de « rétablir le dispositif d’exonération des heures supplémentaires qui assouplira les 35 heures ».

  • Jean Lassalle, candidat « défenseur des territoires ruraux »

Jean Lassalle, le 30 mars, à Brest. | STEPHANE MAHE / REUTERS

Il veut être le candidat des territoires et des petites communes. Député des Pyrénées-Atlantiques et maire d’un village de 160 habitants, Jean Lassalle est candidat pour la première fois à l’élection présidentielle.

Son parcours

Candidat depuis mars 2016, l’élu béarnais, ancien compagnon de route de François Bayrou au MoDem, a réussi à récolter les 500 parrainages d’élu nécessaires à la dernière minute, dépassant même les 700 signatures. Sous la bannière du mouvement Résistons, il se définit comme le « défenseur des territoires ruraux et d’une écologie humaniste ».

En 1977, dès l’âge de 21 ans, M. Lassalle a été élu maire de Lourdios-Ichère, petit village des Pyrénées-Atlantiques. Il est devenu député en 2002, avant d’être réélu en 2007 et 2012. Jean Lassalle s’est notamment fait connaître pour sa grève de la faim de trente-neuf jours en 2006 pour protester contre la délocalisation de l’usine Toyal d’Accous (Pyrénées-Atlantiques).

En 2013, d’avril à décembre, il parcourt la France à pied et fait plus de 6 000 kilomètres pour aller « à la rencontre de Français ». Il s’est par ailleurs fait remarquer en début d’année pour avoir rencontré le président syrien, Bachar Al-Assad, pendant plus d’une heure à Damas avec deux députés du parti Les Républicains, Thierry Mariani et Nicolas Dhuicq.

Son programme

En octobre 2016, le député béarnais, issu d’une famille de bergers transhumants, publie un livre-programme intitulé Un berger à l’Elysée (La Différence, 2016). Il y annonce qu’il souhaite un « nouveau contrat social entre le peuple et ses représentants » afin de tourner la page d’une France vivant « sous le joug terrifiant de la dictature financière ».

Il se montre très critique envers l’UE. « Les institutions européennes se sont limitées à gérer des budgets et à écrire des normes », affirme-t-il sur son site de campagne. M. Lassalle annonce qu’il souhaite la renégociation des traités européens, un moratoire sur la dette et le désengagement militaire des opérations extérieures.

Le député béarnais a annoncé son intention d’abroger la loi NOTRe : promulgué en août 2015, le texte institue une nouvelle organisation territoriale qui renforce notamment les intercommunalités et instaure une nouvelle carte des régions, passées de 22 à 13. « Il faut réhabiliter les communes, il faut redonner aux maires la fierté qui leur est due », a-t-il lancé devant les édiles le 22 mars.

  • Philippe Poutou, candidat ouvrier qui prône les 32 heures

Philippe Poutou, lors d’un meeting, le 28 mars, à Besançon. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Mécanicien chez Ford dans l’usine de Blanquefort (Gironde), Philippe Poutou s’est lancé, après 2012, dans une nouvelle campagne présidentielle, sous la bannière du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

Son parcours

Philippe Poutou a réuni in extremis les 500 signatures d’élu nécessaires pour pouvoir postuler à la course à l’Elysée. A tout juste 50 ans, le candidat du NPA va tenter de faire mieux qu’en 2012, quand il avait rassemblé 1,15 % des voix au premier tour. Il avait eu la délicate mission de succéder à Olivier Besancenot, candidat à deux reprises, en 2002 et 2007, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) devenue le NPA en 2009.

Militant d’extrême gauche de longue date, M. Poutou a fait ses premières armes chez Lutte ouvrière avant de rejoindre la LCR. En parallèle de ses activités politiques, il est mécanicien chez Ford, à Blanquefort, où il est syndicaliste CGT.

Son programme

Le candidat du NPA souhaite « le passage aux 32 heures sur quatre jours sans perte de salaire (…) et aux 30 heures pour les travaux pénibles ». Selon lui, il faut « réduire le temps de travail pour permettre à chacun(e) d’avoir un emploi, rendre le travail moins pénible, disposer d’un temps de loisir pour participer à la vie familiale et sociale ».

Outre l’interdiction des licenciements, le candidat d’extrême gauche propose également un « smic à 1 700 euros net tout de suite, et une augmentation de tous les salaires de 300 euros ». M. Poutou prône aussi « la gratuité des soins de santé et des médicaments prescrits utiles ».

Le programme du NPA comporte également un volet écologique. Pour le parti d’extrême gauche, « le basculement climatique en cours est le produit direct du monde de production et de consommation imposé par le capitalisme ».

M. Poutou défend par ailleurs un « projet internationaliste ». Même si pour lui « l’Union européenne n’est pas un progrès », il n’est pas pour autant favorable au protectionnisme. Et dans le même temps, il rejette « tous les traités de libre-échange dont ceux de l’UE ». Il prône une « coopération entre les pays. Nous sommes contre cette Europe, mais pour une Europe des travailleurs et des peuples, où tous les droits sociaux seraient alignés par le haut (salaires, protection sociale, droit à l’IVG…) ».