Préparation du plateau de BFM qui accueillera le débat entre les onze candidats à la présidentielle 2017, ce mardi 4 avril. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

C’est inédit : à dix-neuf jours du premier tour de la présidentielle, la totalité des onze candidats à l’Elysée ont rendez-vous, mardi 4 avril à partir de 20 h 40 sur BFMTV et CNews, pour un débat télévisé axé sur les thèmes cruciaux de l’emploi, la sécurité et le modèle social. Les cinq principaux candidats – Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon – s’étaient déjà affrontés sur TF1 et LCI le 20 mars, devant plus de 10 millions de téléspectateurs.

Mais cette fois se joindront à eux les six autres candidats du premier tour : Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Asselineau (Union populaire républicaine), Jean Lassalle et Jacques Cheminade.

Devant 220 personnes, essentiellement leurs proches, les candidats auront dix-sept minutes de temps de parole, pendant les 3 h 30 d’émission. Ils seront disposés en arc de cercle autour des deux journalistes, Ruth Elkrief et Laurence Ferrari, qui ont dit leur volonté d’être « fermes » pour que « tout le monde soit audible » et éviter « le pugilat » et la cacophonie.

Les « gros » candidats ont tout à perdre

Au vu des sondages, Marine Le Pen et Emmanuel Macron apparaîtront dans l’arène avec le statut de favoris, même si le leader d’En marche ! affirme se voir toujours en « outsider ». Selon un responsable du Front national (FN) – qui indique que la candidate « ne se prépare pas vraiment » mais « se mettra un peu au calme » dans l’après-midi –, les « gros » candidats vont s’efforcer de garder leurs distances avec les « petits », car « le but est de ne pas s’exposer à une bataille de chiffonniers avec Arthaud ou Cheminade ».

Pour François Fillon, ce sera l’occasion de « défendre » à nouveau son projet, a-t-il rappelé lundi, même si un débat de cette nature est « une terre inconnue ». Même état d’esprit pour Emmanuel Macron, dont l’entourage indiquait ce week-end qu’« il n’y a pas vraiment d’idée parce que c’est un tel bordel à onze… ».

Benoît Hamon, quant à lui, se prépare « déjà à la frustration liée à l’exercice », confie son équipe, qui reconnaît ne pas avoir « pris la mesure du côté télécrochet » de l’exercice lors du dernier débat.

Du côté du candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, excellent tribun – il en a fait la démonstration lors du débat précédent –, Danielle Simonnet, une de ses porte-parole, assure que l’intéressé « se prépare quelques bonnes punchlines ! ».

Les « petits » candidats ont tout à gagner

Les petits candidats ont, eux, tout à gagner dans ce débat à onze. Méconnus voire inconnus de la plupart des Français, ils bénéficieront ainsi d’une formidable tribune médiatique, d’une large visibilité, et leurs programmes et leurs idées d’un écho sans égal.

« Les “petits”, les “minuscules” qui vont venir troubler le jeu des “immenses”… Moi, je me mets à genoux tous les matins en les regardant, les immenses », a ironisé mardi matin Jean Lassalle. « On met dans la tête des électeurs qu’ils doivent départager entre cinq ». « Là, pour une fois, on sera sur un pied d’égalité », a estimé Nathalie Arthaud.

« Le débat est visiblement organisé de telle manière que ça empêche les altercations », a, pour sa part, jugé Philippe Poutou. Quand Jacques Cheminade considère, lui, que « donner dix-sept minutes à chacun, c’est pas beaucoup ».

Ce débat pourrait être le dernier avec l’ensemble des candidats avant le premier tour. Un autre est programmé sur France 2 le 20 avril, à trois jours du scrutin, mais plusieurs candidats, dont Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mardi, ont exprimé des réserves sur cette date, qui empêcherait, selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, un candidat de se défendre si une nouvelle polémique électorale devait émerger.