Facebook cherche de l’aide dans la lutte contre les fausses informations. Le réseau social s’est associé à plusieurs universités, organisations caritatives et entreprises pour lancer un fonds de recherche dans le domaine. « C’est un problème de société que nous ne pouvons pas régler seuls », justifie Campbell Brown, une ancienne présentatrice vedette de CNN recrutée début 2017 par la société de Menlo Park (Californie) pour gérer les partenariats avec les médias.

Baptisé « News Integrity Initiative », ce programme sera initialement doté d’une enveloppe de 14 millions de dollars (13,1 millions d’euros). En plus de Facebook, la Fondation Ford, le fonds philanthropique de Craig Newmark, le fondateur du site de petites annonces Craiglist, ou Mozilla, le concepteur du navigateur Internet Firefox, participent également au financement. Le projet sera dirigé par Jeff Jarvis, un professeur réputé de l’école de journalisme de l’université publique de New York.

« C’est le début d’une longue collaboration »

« L’une des missions principales sera de financer des recherches pour mieux comprendre les conversations qui ont lieu sur les réseaux sociaux, pourquoi les gens partagent, pourquoi ils ne croient parfois pas aux faits, explique M. Jarvis. Avant de chercher des solutions au problème, nous devons le définir avec pertinence. » Ces recherches seront notamment menées par plusieurs établissements universitaires, comme l’école de journalisme de Sciences Po Paris et la London School of Economics.

Pour atteindre son objectif, M. Jarvis ne compte pas seulement sur le soutien financier de Facebook. « Je souhaite que [celui-ci] apporte aussi [son] expertise pour aider les journalistes à mieux appréhender les réseaux sociaux ou encore des données pour faciliter le travail de recherche », explique-t-il. « C’est le début d’une longue collaboration », promet Mme Brown.

Accusée d’avoir participé à la victoire de Donald Trump en novembre 2016, l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg avait d’abord choisi de minimiser son influence sur le sort de l’élection présidentielle américaine. Elle avait cependant rapidement fait volte-face. Depuis, elle multiplie les initiatives contre la désinformation. « Nos utilisateurs veulent voir des contenus authentiques », justifie Mme Brown. Selon une étude publiée en mai 2016 par le Pew Research Center, deux tiers des utilisateurs américains s’informent sur Facebook.

« De notre responsabilité »

En 2016, le réseau social a d’abord exclu les faux sites d’actualités, qui se font passer pour des médias reconnus, de sa plate-forme publicitaire, dans l’espoir de limiter leurs recettes. Il s’est par ailleurs associé avec des médias et des organismes spécialisés dans la vérification d’informations (fact-checking). Ses utilisateurs peuvent ainsi signaler des articles qu’ils soupçonnent d’être mensongers. Ces derniers sont alors accompagnés d’un message d’alerte, mais ils peuvent continuer à être partagés. En France, Facebook participe également à l’initiative CrossCheck, aux côtés de Google et de dix-sept médias, dont Le Monde, en vue de l’élection présidentielle.

En janvier, la société a aussi lancé The Facebook Journalism Project, une initiative d’aide et de collaboration avec des organismes de presse. Elle travaille depuis avec plusieurs groupes, comme le Washington Post, Fox News et El Pais, pour développer de nouvelles formes de consommation de l’information et de nouveaux modèles économiques. Et elle a rendu gratuits des outils d’analyse de l’activité sur les réseaux sociaux, autrefois payants. « Nous pensons que soutenir le journalisme fait partie de notre responsabilité », assure Mme Brown.