Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi rencontre Donald Trump à la Maison Blanche, le 3 avril. | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Le contraste ne surprendra personne. Barack Obama avait rencontré pour la première fois un président égyptien en juin 2009 lors d’une visite au Caire marquée par un discours célébrant les valeurs démocratiques. Son successeur, Donald Trump, a mis fin à un ban de plus trois ans en recevant lundi 3 avril Abdel Fattah Al-Sissi à la Maison Blanche.

Arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire dirigé contre le président islamiste Mohammed Morsi, M. Al-Sissi n’avait jamais eu la faveur d’une invitation jusqu’à présent. Le président égyptien l’a souligné dans le bureau Ovale, pendant un bref échange de compliments ponctué par deux poignées de main, en l’absence d’une conférence en bonne et due forme.

Impasse sur les droits de l’homme

Pendant cet échange, les deux hommes ont mentionné leur cause commune : la lutte contre le radicalisme islamique. Cette priorité s’est imposée sur toutes les autres, notamment les questions liées aux droits de l’homme, dans une Égypte où la contestation, d’où qu’elle vienne, est actuellement sévèrement réprimée.

« Les droits de l’homme sont toujours un sujet de préoccupation pour les États-Unis », avaient assuré vendredi des conseillers de l’administration américaine, ajoutant cependant que « notre approche consiste à traiter ces types de problèmes sensibles de manière privée et plus discrète ». « Nous croyons que c’est le moyen le plus efficace de faire avancer ces problèmes pour parvenir à un résultat favorable », avaient-ils ajouté.

De fait, M. Trump ne les a pas mentionnés devant la presse. « Je veux que tout le monde sache que nous sommes clairement derrière le président Sissi » a-t-il assuré, louant « le travail fantastique » effectué par son visiteur en Égypte. En retour, le président égyptien a fait part de son « admiration » pour son homologue.

Peu de soutien à offrir

La prise en compte de la nécessité de la lutte contre ce radicalisme islamique avait déjà contraint l’administration Obama à reprendre sa coopération militaire après un gel consécutif au coup d’Etat. S’il peut espérer conserver le soutien financier américain à la suite de sa visite à Washington, alors que M. Trump souhaite des coupes drastiques dans l’aide extérieure américaine, surtout civile, M. Sissi n’a pourtant pas grand-chose à offrir en échange selon Robert Satloff, le directeur du Washington Institute For Near East Policy.

L’Égypte est sortie affaiblie de son épreuve de force avec l’organisation des Frères musulmans et ne peut guère appuyer les États-Unis en dehors de ses frontières, pour lutter contre l’organisation Etat islamique, ou bien pour contenir les prétentions régionales de l’Iran. Le régime égyptien a d’ailleurs refusé de soutenir militairement l’Arabie saoudite au Yémen dans sa lutte contre la milice houthiste que soutien l’Iran, rappelle M. Satloff.

De son côté, l’administration Trump semble faire machine arrière sur la tentation qui lui était prêtée d’inscrire les Frères musulmans sur la liste noire des organisations terroristes. En amont de la visite, les conseillers du président avaient indiqué que ce dernier souhaitait recueillir l’avis du président égyptien. « Comme d’autres pays, nous avons des inquiétudes concernant diverses activités des Frères musulmans dans la région », avaient-ils ajouté dans une formule prudente, écartant toute annonce prochaine.