L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a annoncé, lundi 3 avril, avoir abaissé la note de la dette de l’Afrique du Sud en catégorie spéculative, de « BBB – » à « BB + », jugeant que le limogeage de son ministre des finances, Pravin Gordhan, créait un risque de dérapage de la situation budgétaire du pays. Conséquence directe de cette décision : le rand a perdu près de 2 % vers 21 h 55 GMT face au dollar, et le prix des obligations souveraines sud-africaines chutait.

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a procédé vendredi à un remaniement controversé qui risque de saper son autorité et menace de diviser davantage le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid. Le vice-président, Cyril Ramaphosa, l’un des favoris pour remplacer Zuma à la présidence de l’ANC, a qualifié le limogeage de Pravin Gordhan, un ministre respecté, notamment au niveau international, de « totalement inacceptable ».

Perspective « négative »

« Cette dégradation reflète notre conviction que les divisions au sein du gouvernement, qui ont débouché sur des changements de l’équipe dirigeante, y compris du ministre des finances, créent un risque en ce qui concerne la continuité politique », écrit S&P dans un communiqué. La nouvelle note accordée par l’agence est assortie d’une perspective « négative », S&P jugeant que le risque politique devrait rester élevé cette année et que « des changements politiques sont probables, qui pourraient porter atteinte à la situation budgétaire et à la croissance plus fortement que ce que nous prévoyons actuellement. »

Le coût du service de la dette du pays est évalué à 144 milliards de rands (9,83 milliards d’euros) pour l’année fiscale 2016-2017. De son côté, Moody’s a placé lundi la note de l’Afrique du Sud sous surveillance négative, justifiant elle aussi sa décision par les changements au sein du gouvernement. La note de Moody’s est « Baa2 », soit tout juste deux crans au-dessus de la catégorie spéculative.

Le nouveau ministre des finances, Malusi Gigaba, a déclaré lundi, avant l’annonce de S&P, avoir parlé aux agences de notation et les avoir informées qu’il maintiendrait la politique budgétaire de Pretoria. La devise sud-africaine a perdu 11,5 % depuis lundi 27 mars, lorsque Jacob Zuma a ordonné à Pravin Gordhan de rentrer d’une tournée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, en lui signifiant qu’il « n’avait pas reçu le feu vert pour ce voyage ».