Le Trump Hotel International de Washington, en 2016. | Alex Brandon / AP

C’est une forme de cadeau de bienvenue de Pékin à Donald Trump, qui va enfin pouvoir utiliser la marque à son nom pour développer une activité immobilière hôtelière, de bureau et dans le résidentiel en Chine. Ses avocats ont en effet bataillé pendant dix ans, depuis 2006, contre un certain Dong Wei, qui le premier avait déposé la marque du milliardaire dans ce domaine d’activité. La situation a commencé à se débloquer en septembre 2016, lorsque le bureau des marques chinois a invalidé la marque de M. Dong. Le 13 novembre, soit cinq jours après l’élection américaine, la Chine a enfin accepté la demande déposée par la société de M. Trump.

Son avocate chinoise, Zhou Dandan, du cabinet Unitalen, ne souhaite plus commenter l’affaire. Mais jointe plus tôt par le Washington Post, elle avait fait valoir que cette régularisation répondait à une évolution du droit chinois de la propriété intellectuelle. Celui-ci stipule depuis le 11 janvier que « la duplication du nom d’une personnalité publique comme marque n’est pas autorisée, car elle peut créer une confusion dans l’esprit du public et entraîner des conséquences négatives pour cette personnalité ».

La Chine a aussi pu souhaiter anticiper tout risque de conflit qui aurait pu parasiter ses relations avec le nouveau président. Près de 200 marques ou produits au nom de Trump existent déjà en Chine – comme la Shenzhen Trump Industrial Company, spécialiste depuis 2002 de la lunette de toilettes de luxe.

La famille Kushner également dans les affaires

Si M. Trump n’a pas signé de « deal » à proprement parler en Chine, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Son groupe avait ouvert des bureaux à Shanghaï en 2012 et embauché deux représentants sur place. Cette branche avait rédigé l’année suivante un protocole d’accord avec la puissante compagnie d’électricité étatique, State Grid, pour collaborer sur un projet « à 1 milliard de dollars » à Pékin, mais celui-ci n’a pas abouti.

L’homme d’affaires et sa famille sont, en revanche, directement engagés auprès de banques d’Etat chinoises. A Manhattan, un immeuble de la Sixième Avenue détenu à 30 % par M. Trump est ainsi endetté à hauteur de 950 millions de dollars (890 millions d’euros) à un consortium de banques parmi lesquelles la Banque de Chine, établissement public. Quant à la Banque industrielle et commerciale de Chine, dont l’Etat chinois est également actionnaire majoritaire, elle est le premier locataire à la Trump Tower. Son bail sera à renégocier avant arrivée à échéance en octobre 2019, soit à un an de la prochaine présidentielle américaine.

En revanche, alors que le gendre du président, Jared Kushner, prend une place croissante dans les affaires internationales et a en particulier contribué, avec l’ambassadeur chinois auprès des Etats-Unis, Cui Tiankai, à l’organisation de la rencontre de Mar-a-Lago entre MM. Xi et Trump, sa famille a renoncé à un accord juteux. Celui-ci aurait soulevé encore davantage de questions sur les conflits d’intérêts.

Kushner Companies envisageait en effet de s’associer à Anbang, une puissante mais opaque compagnie d’assurances propriétaire notamment de l’hôtel Waldorf Astoria, sur un projet immobilier au 666 de la Cinquième Avenue de New York. Parmi leurs accords, la réévaluation d’un crédit aurait valu aux Kushner une ristourne de 200 millions de dollars de la part de ce groupe mystérieux dont le fondateur, Wu Xiaohui, a épousé la fille du défunt père des réformes chinoises, Deng Xiaoping. Les discussions ont finalement été abandonnées, a-t-on appris fin mars. Plutôt à l’initiative du conglomérat chinois, selon le Wall Street Journal.