Le roi du Maroc, Mohammed VI (en costume gris) lors de l’inauguration de la centrale solaire Noor Ouarzazate 4, le 1er avril 2017. | Abdeljalil Bounhar / AP

Le roi du Maroc a nommé, jeudi 5 avril, les membres du nouveau gouvernement issu des législatives du 7 octobre 2016. Dans la salle du trône du palais royal de Rabat, Mohammed VI a reçu les ministres et secrétaires d’Etat mais seuls les novices ont prêté serment devant lui. Le nouveau gouvernement compte 39 membres : vingt ministres, six ministres délégués et treize secrétaires d’Etat. Une seule femme est ministre de plein exercice, Bassima Hakkaoui à la famille, la solidarité et l’égalité). Cinq autres femmes sont secrétaires d’Etat.

Maroc : « Saad-Eddine Al-Othmani est un homme consensuel et diplomate »
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Désigné chef du gouvernement le 17 mars par le roi et chargé de trouver une majorité, Saad – Eddine Al – Othmani, numéro deux du parti islamiste Justice et développement (PJD), a dû accepter de lourdes concessions afin de former son cabinet. Durant cinq mois, son prédécesseur, Abdelilah Benkirane, avait échoué à constituer une coalition. Arrivé en tête avec 125 sièges sur 395, le parti islamiste ne disposait pas d’une majorité absolue.

Des proches du palais au pôle économique

M. Al – Othmani, qui a adopté une posture plus consensuelle que M. Benkirane est parvenu, fin mars, à réunir une majorité confortable de 240 sièges avec cinq autres partis, notamment le rassemblement national des indépendants (RNI). Ce parti, arrivé quatrième avec 37 sièges, s’est taillé la part du lion dans le nouvel exécutif. Revigoré par l’arrivée à sa tête en octobre dernier de Aziz Akhannouch, un milliardaire proche du palais, ce parti libéral et réceptacle traditionnel de technocrates s’arroge presque tout le pôle économique. Il s’agit notamment des portefeuilles de l’économie et des finances (Mohammed Boussaid), de l’industrie, du commerce et de l’investissement (Moulay Hafid Elalamy), de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts (Aziz Akhannouch), en plus de la jeunesse et des sports (Rachid Talbi Alami) et de la justice (Mohammed Aujar).

Les islamistes du PJD, eux, paraissent marginalisés. Ils cumulent bien une dizaine de portefeuilles – en comptant quatre secrétaires d’Etat, qui n’assistent pas aux conseils des ministres – mais n’héritent d’aucun ministère stratégique, et cela en dépit de leur progression aux dernières législatives (+ 18 sièges). Au sein du pôle économique, le PJD ne peut désormais se prévaloir que de l’équipement et des transports, ainsi que l’énergie et les mines. Et encore, leurs titulaires, Aziz Rebbah et Abdelakder Amara ont dû échanger leurs postes. Le ministre islamiste sortant de la justice et des libertés, Mustapha Ramid, doit se consoler d’un rang protocolaire, ministre d’Etat, en plus portefeuille des droits de l’homme. Un autre dirigeant du PJD, le syndicaliste Mohammed Yatim devient ministre de l’emploi.

De nombreux ministères régaliens, dits « de souveraineté », subsistent. Nasser Bourita, ministre délégué dans le gouvernement sortant, hérite ainsi des affaires étrangères. Ahmed Taoufiq, en poste depuis quinze ans, est maintenu à la tête des affaires islamiques. Le ministère de l’intérieur est dévolu à l’ex – wali (gouverneur) de Rabat – Salé – Kénitra Abdelouafi Laftit. Dans cette dernière affectation, M. Laftit s’était signalé par de nombreuses frictions avec les élus communaux du PJD. Son prédécesseur à l’intérieur Mohammed Hassad (également X – ponts et chaussées) change d’affectation pour un grand ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. La surprise étant la coloration politique de M. Hassad, qui après des décennies comme technocrate, est désormais présenté comme un ministre du Mouvement populaire (MP), un autre parti proche du palais.