Documentaire sur Canal+ à 21 heures

Moi, candidat sur Canal+ le 5 avril 2017
Durée : 02:19

Tout commence par un décor. Des boiseries collées sur de grands panneaux, des dorures en stuc, et il y a quelque chose de surprenant, parfois même un brin de comédie, à voir ces hommes et ces femmes prendre place dans ce ­bureau présidentiel reconstitué. Ils sont dix-huit, anciens ou ­actuels candidats, leaders de premier plan ou abonnés aux « petits » scores à se raconter dans ce faux Elysée si longtemps convoité. Et c’est comme si on pénétrait au cœur de leurs espoirs, de leurs ­défaites et parfois de leurs folies.

François Bayrou s’y montre solennel, comme si ce rêve d’être président l’avait toujours habité, quand Arlette Laguiller avoue n’être jamais entrée dans ce palais, « même pour les Journées du patrimoine ». Mais qu’ont-ils de commun, tous ces candidats qui y ont cru un instant ou ont fait semblant d’y croire ? Une expérience semblable des nuits rognées et des attaques venues de leur propre camp. Le souvenir de milliers de mains qui vous touchent et des équipes qui vous trimballent de marché en meeting. Du plaisir, parfois. « Le plus proche de ce qu’on peut ressentir est la rencontre amoureuse », assure ainsi François Bayrou. Mais on doute, souvent, en les voyant éreintés par les critiques. « C’est une mission, pas une jouissance… Plutôt un calvaire », reconnaît Nicolas Dupont-Aignan. Pourquoi, alors ?

La campagne, une politique de la rencontre amoureuse (teaser du documentaire MOI, CANDIDAT)
Durée : 01:00

Parce que rien ne leur a procuré la même excitation, disent-ils presque tous. Il faut voir Valéry Giscard d’Estaing, 91 ans, se souvenir les yeux brillants de cette « marche menée debout » dont il ne retient que la victoire de 1974. Il faut entendre François Hollande se remémorer son débat d’entre-deux-tours face à Nicolas Sarkozy, pour comprendre que ces campagnes présidentielles restent la grande aventure de leur vie.

L’une se souvient des exigences de ses communicants. L’autre de sa vanité mêlée de gêne en découvrant son visage collé sur tous les murs de France. Un troisième avoue son calcul à provoquer un incident sur un plateau de télévision pour relancer une campagne qui marquait le pas. « On est un peu comme les artistes, on sent le public », confie Christine Boutin.

Giscard et le duel rhétorique (teaser du documentaire MOI, CANDIDAT)
Durée : 00:27

Il y a pourtant une différence éclatante entre les « grands » candidats, ceux qui peuvent croire à leur élection, et les « petits », que personne ne prend tout à fait au sérieux. Les femmes, surtout, ­paraissent se débattre sans cesse. Dominique Voynet contre les critiques de son propre parti ; Eva Joly face aux moqueries que suscite son accent ; Christiane Taubira devant un journaliste qui persiste à la voir comme une candidate « d’une minorité ». Les candidats trotskistes jouent d’emblée dans une autre cour, moins narcissique.

S'échapper de la folie électorale (bonus de Jean-Luc Mélenchon, documentaire MOI, CANDIDAT)
Durée : 00:40

On s’inquiète pourtant devant l’épuisement qui les guette tous. On rit souvent des gaffes aussi. Et puis vient l’après. Le moment où l’acteur retire ses oripeaux et se met à haïr son personnage. Noël Mamère reconnaît alors sans fard sa lassitude devant des électeurs plongés dans un problème de trottoir qu’il ne résoudra jamais. Jean-Luc Mélenchon, tout plein de ses discours à la Bastille, « ne parvient plus à descendre du ring », au point que ses amis l’expédieront, en juin 2012, faire la campagne d’Hugo Chavez au Venezuela pour qu’il se déshabitue de la drogue dure des meetings. Il y a parfois des dépressions, comme le décrit la communiste Marie-George Buffet, seule à reconnaître qu’elle a dû « consulter ». Et souvent le regret des lumières qui s’éteignent.

Moi, candidat, de Jean-Baptiste Pérétié et Ludovic Vigogne (Fr., 2017, 100 min).