Les conseillers Jared Kushner, Gary Cohn et Ivanka Trump, à la Maison Blanche, le 5 avril. | KEVIN LAMARQUE / REUTERS

Le darwinisme politique que Donald Trump a mis en place à la Maison Blanche, en juxtaposant des cercles de pouvoirs d’inspirations différentes, semble produire un jeu à somme nulle. Selon cette lecture des équilibres au sein de la présidence, la réduction de l’influence du conseiller stratégique de M. Trump, Stephen Bannon – évincé mercredi 5 avril du Conseil de sécurité nationale –, s’accompagne de l’essor d’un autre proche, le gendre du président, Jared Kushner.

Hasard ou conséquence, celui-ci ne cesse d’apparaître au premier rang, et pas seulement lors de la visite de dignitaires étrangers, lorsqu’il est invariablement accompagné par sa femme, la fille aînée du président, Ivanka. Cette dernière a aussi officialisé, fin mars, son rôle auprès de son père. Pendant la transition et durant les premières semaines passées par M. Trump à la Maison Blanche, M. Kushner jouait les intermédiaires discrets auprès de gouvernements étrangers, notamment mexicain et chinois. M. Trump a en revanche publiquement souhaité que son gendre pilote un nouvel effort diplomatique américain pour tenter de trouver une issue au conflit israélo-palestinien.

M. Kushner est tout d’abord sorti de cette réserve en prenant, le 27 mars, la direction d’un comité chargé d’instiller les qualités prêtées au secteur privé dans l’administration fédérale – un classique des nouvelles présidences. Le gendre du chef de l’Etat s’est par ailleurs rendu lundi en Irak, une première, pour prendre la mesure de la complexité de la lutte contre l’organisation Etat islamique.

Pour une présidence plus conventionnelle

Alors que le commando mis sur pied par M. Trump pendant la campagne n’a cessé d’afficher son entente, notamment M. Kushner et M. Bannon, deux pôles d’influence semblent se dégager à la Maison Blanche. Le premier, incarné par l’ancien patron du site Breitbart News, tient à préserver la singularité du président et défend un ethno-nationalisme souvent agressif. Le second, qui rassemblerait, selon la presse américaine, les « New-Yorkais » Jared Kushner et un ancien de Goldman Sachs, Gary Cohn, principal conseiller pour les affaires économiques, plaiderait pour une présidence un peu plus conventionnelle.

Lorsque la présidence avait buté sur l’obstacle sous-estimé de la réforme de santé promise par le Parti républicain, le 24 mars, une absence de marque avait été signalée à la Maison Blanche. Jared Kushner avait préféré prendre quelques jours de vacances en famille, comme pour marquer sa désapprobation devant la tournure des événements. Il avait trouvé refuge avec sa femme et leurs trois enfants dans la station huppée d’Aspen, dans le Colorado.