Si le débat entre les candidats à l’élection présidentielle initialement prévu sur France 2, jeudi 20 avril, a été annulé, plusieurs candidats émettent encore des réserves sur la proposition alternative émise par la chaîne : une série d’entretiens individuels, prévue à la même date.

Ainsi, dans le camp de Marine Le Pen (Front national), on dit encore réfléchir à l’opportunité d’accepter ou non la nouvelle formule proposée par France 2. « Certains vont passer à 20 heures et d’autres à 22 h 45, ce n’est pas tout à fait pareil. La personne qui passe à 22 h 45 ne peut pas faire d’autres événements dans sa soirée alors que celui qui finit à 20 h 15 peut enchaîner avec un meeting. Cela peut donc créer une inégalité. Le mieux serait que ces interviews soient enregistrées dans les conditions du direct », a expliqué Florian Philippot sur RMC.

Emmanuel Macron (En Marche !) qui, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, avait décliné l’invitation à un nouveau débat, a donné son « accord de principe » pour participer à l’émission. Dans son entourage, on se dit néanmoins attentif aux aménagements réclamés par les autres candidats. De même, l’ancien ministre de l’économie pourrait revoir sa position en cas de défection de ses adversaires les plus importants. « C’est oui aux conditions actuellement sur la table, mais on se réserve le droit de changer d’avis si elles devaient être modifiées », explique un proche de M. Macron.

Benoît Hamon (Parti socialiste) a lui jugé avec sévérité cette décision, estimant que « le service public a cédé à la pression de deux candidats pour ne pas organiser un second débat », a-t-il déclaré lors d’un meeting à Nancy, mercredi. Il n’a pas dit s’il répondrait favorablement à la nouvelle invitation de France 2, même s’il a défendu l’utilité des rendez-vous télévisés de fin de campagne. « Il y a de l’indécision, on dit qu’un électeur sur deux ne sait pas encore le choix qu’il va faire le 23 [avril, jour du premier tour] », a-t-il ainsi déclaré à Nancy défendant un exercice qui aide à « faire connaître les programmes ».

« Ces gens-là ne veulent pas se mêler au peuple »

Chez les « petits candidats », la déception prime après l’annulation du débat, une formule qui leur permet d’accéder à une audience importante et de faire entendre leur voix. Sur Public Sénat, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a ainsi vivement critiqué sur François Fillon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui s’étaient montrés réticents à participer à une telle émission trois jours avant le premier tour.

« Ces gens-là ne veulent pas se mêler au peuple. Ils n’aiment pas le peuple, ils le méprisent, ils veulent rester entre eux. Ce refus de débattre est tout à fait symbolique de l’épuisement d’une classe politique qui ne supporte même plus qu’on lui pose une question. »

Il n’a en revanche pas signalé s’il participera à l’émission désormais prévue par France 2.

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) explique dans un communiqué qu’il accepte « par défaut » la proposition de France 2. Mais lui aussi déplore l’annulation du format initial, due aux réticences de certains candidats. Selon lui, lors du débat du 4 avril entre les onze prétendants à l’Elysée, « les discussions se sont déroulées dans une ambiance nettement moins feutrée que lors du débat à cinq, et les autres candidats ont eu l’occasion non seulement de défendre leurs propositions, mais aussi d’interpeller directement et de mettre devant leurs contradictions certains parmi les favoris des sondages ». Il dit aussi s’« étonner » « de l’attitude de ces candidats qui ne cessent pourtant, le reste du temps, de parler de démocratie et d’égalité ».

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) a déclaré sur LCP qu’elle « regrettait » l’annulation du débat mais qu’elle se « rendrait disponible pour toutes les invitations ».

Dans un communiqué, François Asselineau (Union populaire républicaine) se dit, lui, « contraint d’accepter le nouveau format proposé par France 2 », chaîne qui se trouve, selon lui, « prise en otage par quelques candidats apeurés par la perspective de débattre, à nouveau, devant les Français ».