Une longue promenade dans le luxuriant Jardin d’essai du Hamma, une déambulation dans les ruelles de la Casbah, la visite de la basilique Notre-Dame d’Afrique surplombant la mer ou encore le traditionnel dépôt de gerbe au pied du Monument des martyrs : il fallait bien cela pour saluer un « partenariat d’exception » entre Paris et Alger.

Jeudi 6 avril, le premier ministre français, Bernard Cazeneuve, a mené une visite « d’amitié et de travail » en Algérie, première étape d’une visite de trois jours au Maghreb qui le conduit ce vendredi à Tunis – le Maroc n’ayant pu faire partie du déplacement pour cause d’absence de gouvernement (finalement formé ce 5 avril). Cette tournée, qui intervient à quelques semaines de la fin du quinquennat de François Hollande, vise à saluer « le travail réalisé au cours de ces cinq années avec ces pays sur un pied d’égalité », explique-t-on dans l’entourage du ministre.

A Alger, où il est arrivé mercredi en début de soirée, M. Cazeneuve s’est longuement entretenu avec son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. Lors d’une conférence de presse conjointe, le premier ministre français a loué avec ces cinq années « une période exceptionnelle de la relation franco-algérienne ». Particulièrement tendue sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la relation entre la France et l’Algérie a en effet connu une embellie avec l’arrivée au pouvoir de M. Hollande en 2012.

Des échanges humains « fondamentaux »

En cinq ans, a rappelé M. Cazeneuve, plus de 100 visites interministérielles ont eu lieu, le nombre de visas octroyés par la France a doublé (passant de 200 000 à 400 000), de même que le nombre d’étudiants autorisés à étudier en France. Des échanges humains « fondamentaux », « qui sont le ciment de cette relation », a-t-il précisé.

Les avancées dans le domaine mémoriel, sujet hautement sensible, ont également été mises en avant : le discours de François Hollande en 2012 devant le Parlement algérien qualifiant la colonisation de « système profondément injuste et brutal » ou encore la visite de Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, à Sétif en avril 2015, soixante-dix ans après le massacre du 8 mai 1945.

Ce déplacement intervient toutefois dans un contexte compliqué pour l’Algérie, qui fait face aux incertitudes autour de la succession du président Abdelaziz Bouteflika, aujourd’hui malade, et à des difficultés économiques liées à la chute des prix du pétrole, sa principale ressource. Le premier ministre algérien a, à ce propos, répété un message destiné à rassurer sur l’avenir. « Nous avons résisté depuis trois ans au contre-choc pétrolier, a rappelé M. Sellal. On a tenu, on tient et on tiendra. »

Dans une allocution écrite, le responsable a toutefois dit « déplorer l’inquiétante tendance baissière du niveau des investissements français en Algérie » ces trois dernières années. Le dirigeant, qui a mis en avant la volonté de son gouvernement de diversifier l’économie nationale, notamment dans la pétrochimie et les énergies renouvelables, a également annoncé que le projet d’usine PSA Peugeot Citroën, aujourd’hui bloqué, « verra le jour au cours de cette année ».

L’audience avec Bouteflika annulée

Les deux homologues, qui ont salué la coopération de leurs pays dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité au Sahel, n’ont pas manqué d’évoquer l’élection présidentielle française, sujet omniprésent en filigrane de cette tournée. « Quels que soient les résultats des échéances électorales […], cette coopération [franco-algérienne] se poursuivra », a assuré M. Cazeneuve. Interrogé sur le sujet, M. Sellal a, lui, expliqué que les autorités algériennes travailleraient avec celui que le peuple français aura choisi, avant d’ajouter : « On souhaite celui qui a le cœur proche de nous. »

La visite, destinée à vanter le bilan du quinquennat Hollande et à rassurer sur l’avenir, n’aura en tout cas pas permis de faire taire les interrogations sur l’état de santé du président Bouteflika. Alors qu’elle était prévue dans le programme de M. Cazeneuve, l’audience entre les deux hommes n’a finalement pas eu lieu. Le précédent déplacement d’un premier ministre français en Algérie remonte à celui de Manuel Valls, en avril 2016. Il avait alors pris et tweeté une photo du chef de l’Etat algérien sur laquelle celui-ci semblait très affaibli, provoquant un fort moment d’agacement entre les deux pays.