En mai 2013, le réalisateur Abdellatif Kechiche et ses deux actrices, Léa Seydoux, à droite, et Adèle Exarchopoulos, avaient obtenu une triple Palme d’or pour leur film « La Vie d’Adèle ». | JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

Une semaine avant que Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, annonce l’essentiel de la sélection officielle de la 70e édition, le réalisateur Abdellatif Kechiche affirme, dans l’édition du 5 avril de Nice-Matin, qu’il ne viendra pas y présenter son dernier film.

« Un blocage est survenu en plein montage au mois de février, dit le cinéaste au journaliste Franck ­Leclerc à qui il s’était déjà confié longuement après la polémique autour de sa triple Palme d’or en 2013 pour La Vie d’Adèle. J’avais signé avec plusieurs partenaires ­financiers – France Télévisions, ­Canal+, Pathé Films. Je m’étais engagé pour un film. A l’arrivée, il y en a deux. Cela sort du cadre normal, ce qui a posé un problème avec les contrats. Surtout à France Télévisions. »

Une seule solution pour lui

La nature du litige reste floue. France Télévisions interdit-elle au réalisateur franco-tunisien de présenter son film à Cannes ? Refuse-t-elle d’ajuster sa participation financière au double montage ? Jessy Daniac, à la direction de la communication de France Télévisions, est formelle : « Rien n’empêche Abdellatif Kechiche de présenter son film à Cannes. »

Elle insiste : « Le contrat qui nous lie au film ne l’en empêche absolument pas. » De son côté, le cinéaste ne voit qu’une solution : que l’affaire soit réglée par le tribunal de grande instance.

« Mektoub, My Love » est une adaptation de « La Blessure, la vraie » (Verticales, 2011) de François Bégaudeau

C’est en 2011, après la sortie de Vénus noire (2009), qu’Abdellatif Kechiche commence à travailler sur Mektoub, My Love, adaptation de La Blessure, la vraie (Verticales, 2011) de François Bégaudeau. « On s’est rencontrés, on a bu un ou deux verres, mais c’était au tout début, raconte l’écrivain. Depuis, son projet a pris plein de formes différentes, et je ne sais pas où il en est – sans doute bien loin de mon roman, en tout cas ».

De la chronique adolescente ­initiale, Kechiche et Ghalia Lacroix, sa compagne, coscénariste et monteuse depuis L’Esquive, auraient tiré une saga familiale en deux films indépendants l’un de l’autre : Les dés sont jetés et Pray for Jack.

Abdellatif Kechiche a confié le dossier à l’avocat Jérémie Assous, connu notamment pour avoir obtenu la requalification des contrats des participants aux émissions de télé-réalité en contrats de travail. « Nous pleurerons le 28 mai quand le Festival sera terminé, confie Kechiche à Nice-Matin. Mais nous aurons un espoir, ­Cannes 2018. » Stratégie du désespoir ?