Le premier ministre, Stefan Löfven a déposé des fleurs et une bougie sur le trottoir à quelques mètres des lieux de l’attaque, dans le centre de Stockholm, le 7 avril. | ODD ANDERSEN / AFP

Le centre-ville de Stockholm est quasiment désert, ce vendredi 7 avril soir. La police a entièrement bouclé le quartier de Drottninggatan, où se trouve le grand magasin Åhlens. Vers 22 h 30, le premier ministre, Stefan Löfven, revenu en catastrophe de Göteborg, où s’ouvre le congrès du parti social-démocrate, samedi midi, a déposé des fleurs et une bougie, sur le trottoir, à quelques mètres des lieux de l’attaque au camion bélier, survenu quelques heures auparavant.

Plus tôt, lors d’une conférence de presse depuis Rosenbad, le siège du gouvernement, il a déclaré : « Le but du terrorisme est de miner la démocratie. Mais ces actes n’arriveront jamais à gagner en Suède, nous le savons. Vous ne pouvez pas nous diviser, vous ne pouvez pas diriger notre vie, vous ne pouvez jamais l’emporter. » Le congrès du parti social-démocrate devrait être maintenu, mais Stefan Löfven n’est pas certain d’y participer.

Le porte-parole de la police a annoncé que la piste terroriste était considérée comme une « hypothèse de travail ». Il a confirmé qu’un homme avait été arrêté, dans la banlieue stockholmoise de Märsta, en début de soirée. Jan Evensson, qui dirige les opérations, a affirmé que son signalement correspondait à la photo, que les forces avaient diffusé plus tôt dans la journée, sans préciser s’il s’agit du chauffeur du camion.

« En Afghanistan, cela arrive souvent. Mais pas ici »

A quelques rues de Drottninggattan, Sami, un jeune homme de 25 ans, arrivé en Suède d’Afghanistan, il y a cinq ans, attend devant un stand de valises, sur le marché de Hötorget. Quelques secondes après que le camion s’est encastré dans la vitrine du magasin Åhlens, des gens sont arrivés en courant, raconte-t-il : « Ils criaient. Quelques minutes plus tard, la police est arrivée et nous a dit de partir. Ils nous ont poussés, ils hurlaient. »

Sami a dû abandonner ses valises. La plupart de ses voisins ne sont pas revenus, désertant leurs étales de fleurs et de fruits. Lui attend la voiture qui doit le ramener chez lui. Mais les forces de l’ordre ne laissent passer aucun véhicule. Le jeune homme, les yeux dans le vide, est choqué : « En Afghanistan, cela arrive souvent. Mais pas ici. Pas en Suède. Pas à Stockholm. J’ai peur. »

« Ce qui est incroyable c’est qu’il n’y ait pas plus de morts »

En face de lui, Camille et Ingrid, qui travaillent à l’hôtel Haymarket, essaient de comprendre. Elles étaient en cuisine, quand une foule de gens s’est précipitée dans l’établissement, à une centaine de mètres du magasin. « Ils pleuraient, beaucoup étaient choqués. Une femme était complètement paralysée. » L’hôtel a été bouclé par la police quelques minutes plus tard. Les gens qui y avaient trouvé refuge n’ont pu en ressortir qu’après 19 heures.

Les deux jeunes femmes disent qu’elles ne sont pas surprises. Elles citent Londres, Nice, Bruxelles… « Ce n’était qu’une question de temps avant que cela arrive ici. Evidemment, on n’imaginait pas que cela se produirait si près. » A côté, une policière dit la même chose. Elle rentrait chez elle, quand elle a été appelée sur les lieux. « C’est tragique, mais nous savions que cela finirait par arriver. Ce qui est incroyable c’est qu’il n’y ait pas plus de morts. »

A 14 h 43, un vendredi après-midi, les Stockholmois quittent leur travail. Le camion a remonté Kunggatan, qui est une des grandes artères de la ville, avant de finir sa course dans la vitrine du magasin Åhlens, où il s’est encastré, sans pouvoir pénétrer dans la galerie marchande. Le premier ministre a annoncé que le pays avait renforcé ses contrôles aux frontières.