La base aérienne syrienne d’Al-hayrat, visée par des frappes américaines dans la nuit de jeudi à vendredi 8 avril. | HANDOUT / DigitalGlobe

Les frappes menées dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 avril par Washington contre une base aérienne syrienne d’où était parti le raid aérien menant l’attaque au gaz mardi dans le nord-ouest de la Syrie a suscité nombre de réactions. Les différents candidats à la présidentielle, qui se sont déjà affrontés à de nombreuses reprises sur la situation en Syrie, ont tous exprimé leur opinion sur l’attitude américaine face à la menace syrienne.

« Un terrible danger pour la paix », selon Fillon

Parmi les candidats à la présidentielle française, François Fillon a déclaré vendredi que l’on pouvait « comprendre » la « riposte américaine » en Syrie, tout en demandant à ce qu’elle ne conduise pas « à une confrontation directe » entre l’Occident d’un côté, la Russie et l’Iran de l’autre. « Ce serait un terrible danger pour la paix », écrit l’ancien premier ministre dans un communiqué.

« L’usage des armes chimiques constitue un crime de guerre qui ne doit pas rester impuni. La France doit exiger que l’enquête des Nations unies soit conduite dans les meilleurs délais et que les mesures nécessaires soient prises pour faire respecter l’interdiction d’utilisation des armes chimiques », ajoute le candidat du parti Les Républicains.

« La France doit exiger que le conseil de sécurité des Nations unies mette tout en œuvre pour trouver les voies d’un accord qui évite les risques d’un embrasement dangereux pour la paix mondiale. »

Benoît Hamon a affiché, lui, la même ligne que le président Hollande. « Bachar Al-Assad est directement responsable de la riposte décidée par les Etats-Unis, a déclaré le candidat socialiste. Il s’est rendu responsable d’un nouveau massacre. Il a gazé des enfants, massacrés par des armes chimiques, ce qui est un acte criminel inacceptable et insupportable. »

« Daech d’un coté et Bachar Al-Assad de l’autre sont aujourd’hui des barbares de la même nature », a-t-il ajouté, appelant « à une solution politique sans Assad » dont la place est « devant les tribunaux internationaux ».

Même tonalité chez Emmanuel Macron, qui a renouvelé vendredi son souhait, après les frappes américaines, d’« une action coordonnée sur le plan international en représailles au régime de Bachar Al-Assad », qualifié d’« ennemi » du peuple « syrien » :

« Nous avons un ennemi : Daech et l’ensemble des mouvements djihadistes. Le peuple syrien a un ennemi : Bachar Al-Assad. »

Le candidat d’En Marche ! a dit « prendre note de l’intervention américaine » et souhaiter « une action concertée » inscrite « dans le mandat de l’ONU ».

De son côté, Marine Le Pen s’est déclarée vendredi « étonnée » de la décision du président américain, dont elle avait salué l’élection en novembre. « Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu’il n’entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde, et c’est exactement ce qu’il a fait hier », a affirmé vendredi sur France 2 la candidate Front national.

« Ce qui s’est passé est épouvantable, je le condamne de la manière la plus claire qui soit, mais est-ce que c’est trop demander d’attendre les résultats d’une enquête internationale indépendante avant d’opérer ce genre de frappe ? »

« Ce que je voudrais, c’est qu’on ne retrouve pas le même scénario que celui qu’on a pu voir en Irak, en Libye, qui en réalité sont des processus qui ont entraîné le chaos, qui ont fini par conforter le fondamentalisme islamiste » et le terrorisme, a-t-elle déclaré, tout en soulignant qu’il fallait continuer à parler à Bachar Al-Assad « tant qu’il n’y a personne d’autre de crédible ».

Nicolas Dupont-Aignan a confié, quant à lui, avoir « deux inquiétudes ». « La première, c’est qu’on parle d’attaques chimiques présumées. Si ce sont des attaques avérées par Assad, il faut répliquer mais dans le cadre de l’ONU. Si c’est le scénario de Saddam Hussein en Irak, je suis inquiet », a-t-il déclaré sur CNews.

« Donald Trump n’est même pas passé par l’ONU. Moi, je demande une vraie enquête, je veux être sûr qu’on est pas dans une manipulation à l’irakienne. Je ne vois pas pourquoi Bachar Al-Assad aurait la folie d’utiliser des gaz alors qu’il vient de stabiliser son pays. Ça m’interroge. J’ai un doute. »

« J’aimerais que la France et le président nous dise s’il a été informé, consulté, s’il a des éléments probants, a ajouté le candidat de Debout la France ! Si ce sont des attaques chimiques, cela exige une sanction impitoyable et en même temps l’organisation de cette sanction doit être concertée. »

Nathalie Arthaud a également réagi aux frappes américaines. « Je dénonce ces bombardements américains, je dénonce les bombardements russes, je dénonce évidemment les bombardements d’Assad à l’arme chimique. C’est du terrorisme d’Etat qui alimente le terrorisme de Daech, a asséné la candidate de Lutte ouvrière. C’est les populations qui sont prisonnières. Parce que toutes ces interventions ne se font pas pour l’intérêt des populations, pour leur venir en aide. (…) Je demande le retrait des troupes françaises du Proche-Orient, d’Afrique où finalement ils œuvrent pour des visées impérialistes. »