Schéma du Smart Energy Hub, l’unité de stockage hybride d’énergies renouvelables conçue par Sylfen. | SYLFEN

Envisager 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 est un scénario pleinement réaliste aux yeux de Nicolas Bardi. Il est même convaincu qu’il sera possible, avant le milieu du siècle, de se passer du nucléaire et des énergies fossiles, à l’échelle des quartiers, si ce n’est de territoires entiers. Il compte bien y contribuer. Son entreprise, Sylfen, créée en 2015 à Grenoble, a mis au point une solution de stockage de l’énergie renouvelable, qui répond au problème posé par l’intermittence de cette énergie verte.

Aujourd’hui, avec les énergies renouvelables (solaire, éolien, biogaz…), les bâtiments deviennent producteurs d’énergie. Certains sont même conçus pour en produire plus qu’ils n’en consomment. Ces bâtiments dits « à énergie positive » restent néanmoins encore tributaires du réseau électrique national. « Pour établir le bilan d’un bâtiment à énergie positive, on ne fait que comparer sa production et sa consommation sur l’année. Or, minute après minute, il produit plus que nécessaire ou pas assez, observe Nicolas Bardi. Il a donc en permanence besoin du réseau, soit pour y injecter le surplus d’électricité créé, soit pour s’y alimenter lorsqu’il n’en a pas produit assez. »

Smart cities : Stocker l’énergie verte sous forme d’hydrogène, le pari de Sylfen
Durée : 04:08

L’équipe de Sylfen, aujourd’hui composée de six salariés, a mis à profit dix années de recherches, menées au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, sur la production d’hydrogène, pour concevoir une solution hybride, appelée Smart Energy Hub. Elle permet de stocker les surplus d’électricité produits et de les réutiliser lorsqu’on en a besoin. Un bâtiment peut être ainsi alimenté en continu avec l’énergie produite localement.

Compact et abordable

Cette solution, protégée par 22 brevets, réside dans la réversibilité du processeur d’énergie – une première mondiale, assure Nicolas Bardi. « Notre équipement est capable de fonctionner comme un électrolyseur pour transformer en hydrogène le surplus d’électricité créé localement et, inversement, en mode pile à combustible pour restituer cet hydrogène sous forme d’électricité quand on en a besoin », explique-t-il. Le système, doté d’une réserve permanente, peut basculer instantanément de la charge à la décharge et répondre aux brusques pics de consommation.

Le système, doté d’une réserve permanente, peut basculer instantanément de la charge à la décharge et répondre aux brusques pics de consommation.

Nicolas Bardi, ingénieur des Mines passé par Sciences Po, insiste sur le caractère compact et abordable de son système de stockage : « Une bonbonne d’un kilogramme d’hydrogène peut contenir 40 kWh d’énergie et revient vingt fois moins cher qu’une batterie pour stocker la même quantité d’énergie. »

Sylfen s’engage à assurer un coût de l’énergie équivalent à celui de l’énergie achetée au réseau national. « Tout en réduisant jusqu’à 80 % les émissions de CO2, ajoute Nicolas Bardi. Et, une fois le système complètement amorti, l’énergie devient quasiment gratuite. »

La start-up, qui dispose maintenant d’un prototype, boucle actuellement une levée de fonds – « entre 3 et 4 millions d’euros ». Et elle s’est mise en quête d’un lieu industriel pour assembler son système. Cet été, elle livrera une première unité à titre expérimental. Et son président-fondateur prévoit un déploiement de la commercialisation courant 2018, d’abord à l’échelle de bâtiments, puis d’écoquartiers. Tout en rêvant à de plus vastes horizons.

LES DEUX ACCESSITS

1er : Thassalia, centrale de géothermie marine du quartier Euroméditerranée de Marseille.

2e : ZOEnergy, projet intégré de transition énergétique du quartier de Zuidoost d’Amsterdam (Pays-Bas).

Smart Cities : « Le Monde »  décrypte les mutations urbaines

Le Monde organise vendredi 7 avril à Lyon une journée de débats sur le thème « Gouverner la ville autrement : les villes peuvent-elles réenchanter la démocratie ? ». Entrée gratuite sur inscription ici.

A cette occasion, Le Monde récompense avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine.

Les candidatures aux prix internationaux (hors Europe) sont encore ouvertes jusqu’au dimanche 9 avril.

Retrouvez l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde.fr.