Cette semaine, La Matinale comblera tous les goûts avec le portrait d’anciens candidats à la présidentielle, un tour du monde à hauteur d’enfant, une enquête sur le virus Zika, une tournée en compagnie d’un chef d’orchestre prodige et une plongée dans une petite ville du Sud américain.

« Moi, candidat » : ils témoignent

La campagne, une politique de la rencontre amoureuse (teaser du documentaire MOI, CANDIDAT)
Durée : 01:00

Tout commence par un décor. Des boiseries collées sur de grands panneaux, des dorures en stuc, et il y a quelque chose de surprenant, parfois même un brin de comédie, à voir ces hommes et ces femmes prendre place dans ce ­bureau présidentiel reconstitué. Ils sont dix-huit, anciens ou ­actuels candidats, leaders de premier plan ou abonnés aux « petits » scores à se raconter dans ce faux Elysée si longtemps convoité. Et c’est comme si on pénétrait au cœur de leurs espoirs, de leurs ­défaites et parfois de leurs folies.

Mais qu’ont-ils de commun, tous ces candidats qui y ont cru un instant ou ont fait semblant d’y croire ? Une expérience semblable des nuits rognées et des attaques venues de leur propre camp. Le souvenir de milliers de mains qui vous touchent et des équipes qui vous trimballent de marché en meeting. Du plaisir, parfois. « Le plus proche de ce qu’on peut ressentir est la rencontre amoureuse », assure ainsi François Bayrou. Mais on doute, souvent, en les voyant éreintés par les critiques. « C’est une mission, pas une jouissance… Plutôt un calvaire », reconnaît Nicolas Dupont-Aignan. Pourquoi, alors ? Parce que rien ne leur a procuré la même excitation, disent-ils presque tous.

On s’inquiète pourtant devant l’épuisement qui les guette tous. On rit souvent des gaffes aussi. Et puis vient l’après. Le moment où l’acteur retire ses oripeaux. Il y a parfois des dépressions, comme le décrit la communiste Marie-George Buffet, seule à reconnaître qu’elle a dû « consulter ». Et souvent le regret des lumières qui s’éteignent. Raphaëlle Bacqué

Moi, candidat, de Jean-Baptiste Pérétié et Ludovic Vigogne (Fr., 2017, 100 min). Sur Canal+ à la demande.

Epidémies : une peur virale

Grossesses & Zika - Aventures de médecine
Durée : 03:20

Ils s’appellent Yersin, Snow, Foege… Vous ne les connaissez peut-être pas, mais ces savants sont à l’origine des plus grandes découvertes des XIXe et XXe siècles concernant la peste, le choléra et la variole. Et c’est à eux que rend hommage Michel Cymes dans le nouveau numéro du magazine « Aventures de médecine », consacré aux épidémies.

Comme à son habitude, l’animateur alterne entre passé et présent : de la manière dont les scientifiques sont parvenus au fil du temps à combattre ces fléaux, au travail accompli par ceux qui luttent aujourd’hui contre Zika. Pour comprendre de quelle manière le virus prolifère, Michel Cymes s’est rendu à Recife et Rio au Brésil, où il s’est manifesté, fin 2015. Il a interrogé des chercheurs du corps médical et scientifique, des mères de famille touchées par ce germe, nous éclairant ainsi sur cette épidémie qui cible prioritairement les nourrissons.

Images de synthèse, reconstitutions, notions vulgarisées, Michel Cymes et ses équipes tentent, dans ce volet, de nous en apprendre davantage sur l’origine et le mode opératoire de ces virus aux tailles infimes, mais dont les ravages sont insoupçonnables. Pari réussi. Nabil Hallaoui

Aventures de médecine : Vaincre les épidémies, de Bernard Faroux (Fr., 2017, 107 mn). Sur Pluzz, jusqu’au 11 avril.

Arthur, 5 ans, continue son tour du monde

Arthur auprès du Manneken-Pis à Bruxelles. | GULLI

Londres, Prague, Oslo, et même Cayenne, il a tout d’un globe-trotter aguerri. Du haut de ses 5 ans, Arthur sillonne à trottinette, en draisienne, ou au volant de sa petite voiture électrique les plus grandes capitales mondiales pour nous faire découvrir la gastronomie, les musées et autres édifices locaux des villes qu’il visite.

Avec son énergie débordante et sa curiosité insatiable, Arthur poursuit son tour du monde avec Bruxelles, ville phare de la bande dessinée et célèbre pour sa Grand-Place ou son Atomium notamment. La série documentaire ludico-pédagogique de Pierre Brouwers sait tenir en haleine les téléspectateurs les plus jeunes d’entre nous par son format bref – moins de cinq minutes par épisode – et par les questionnements et observations du jeune garçon sur l’environnement qui l’entoure. Nabil Hallaoui

Arthur autour du monde : Arthur à Bruxelles, de Pierre Brouwers (Fr., 2017, 3 x 4 mn). Sur Gulli replay, jusqu’au 18 avril.

En tournée avec Riccardo Chailly

RICCARDO CHAILLY - Music - A Journey for Life
Durée : 06:02

Quand il fut nommé en 1988 à la tête de l’Orchestre royal du Concergebouw d’Amsterdam, haut lieu d’une tradition d’interprétation des symphonies de Gustav Mahler, en particulier, Riccardo Chailly fut snobé par une partie du monde musical : comment un chef si jeune (37 ans) et italien pourrait-il se hisser à la hauteur d’un Willem Mengelberg (1871-1951) ou même d’un Bernard Haitink (né en 1929), qui s’y étaient faits les hérauts des symphonies de l’Autrichien ?

Mais Chailly fit vite taire les doutes. Non seulement il grava à la tête de cet exceptionnel orchestre l’une des plus belles intégrales des symphonies de Mahler, mais il fit jouer l’opéra italien (donné en concert) dans cette salle où l’on n’en entendait jamais. Le documentaire de Paul Smaczny rappelle ce double courant (opéra/concert) de la carrière du chef italien, né en 1953, qui n’en fait en réalité qu’un.

La caméra suit Chailly de la Scala de Milan, dont il est l’actuel directeur musical, à l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig dont il tint les rênes, de 2005 à 2016, avant d’être nommé, à la suite de la disparition de son mentor Claudio Abbado (1933-2014), à la tête de l’Orchestre du Festival de Lucerne. Chailly est non seulement un chef de très haut rang, mais aussi un homme au contact merveilleux – ce que montre ce joli portrait. Renaud Machart

Ma musique, un voyage pour la vie : Riccardo Chailly, chef d’orchestre, documentaire de Paul Smaczny (All. 2013, 54 min.). Sur Arte + 7 jusqu’à dimanche 9 avril.

« S-Town », troublante plongée dans l’âme d’une ville et d’un homme

DR

S-Town (pour « Shit Town », ou « ville de merde » en VF) est le dernier-né des producteurs stars de NPR, la radio publique américaine, Ira Glass, Sarah Koenig et Julie Snyder, à qui l’on doit notamment Serial, un programme qui avait, en 2014, lancé le coup d’envoi d’une formidable expansion des podcasts aux Etats-Unis. Aux manettes de cette nouvelle saison, le journaliste Brian Reed mène l’enquête et prête sa voix à l’histoire.

S-Town, dont les chiffres de téléchargement ont déjà largement dépassé ceux de Serial, est un objet radiophonique non identifié. A mi-chemin entre l’enquête policière et le documentaire, il a pour origine la rencontre improbable, par le biais d’e-mails, de Brian Reed avec un de ses auditeurs, John B. McLemore. Quadra dépressif et surdoué, amateur de vieilles horloges et de labyrinthes végétaux, aussi attachant que « borderline », John méprise Woodstock, la petite ville d’Alabama dans laquelle il a grandi, vit et qu’il ne se résigne pas à quitter.

S’il fait appel à un média national, c’est parce qu’il est persuadé qu’un crime odieux a eu lieu à « Shit Town », qui doit être dévoilé et puni. Sauf que le mort n’est pas celui qu’on croit. Il serait dommage d’en dire plus, mais l’auditeur s’apercevra très vite que cette vraie-fausse histoire de crime est moins importante que celui qui la raconte. S-Town est l’histoire d’un homme, de ses démons intimes et de ses relations, complexes, profondes, ambiguës avec cette ville du Sud poisseux et ses habitants, qu’il juge viciés par le racisme, la bêtise et la corruption, mais qu’il n’a jamais cessé d’aimer. Audrey Fournier

S-Town, sept épisodes de 50 minutes, disponibles en téléchargement sur iTunes, Google Play…