La maison d’arrêt est actuellement remplie à 180% de sa capacité. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Plus de 350 surveillants pénitentiaires bloquaient, lundi 10 avril au soir, la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) pour protester contre la récente agression de six gardiens dans la plus grande prison d’Europe, minée par la surpopulation carcérale et le manque de personnel.

Munis de pancartes « Au feu, la pénit’ brûle », « Surpopulation, sous-effectifs, danger » et certaines invitant les candidats à la présidentielle à leur rendre visite, les manifestants ont dressé des barricades à partir de 19 h 30 sur l’unique avenue qui mène à la prison.

Des gendarmes mobiles sont intervenus peu après 22 heures et ont repoussé les manifestants, à l’aide de gaz lacrymogènes puis de leurs boucliers, d’une première barricade faite de palettes et de pneus qu’ils avaient enflammés.

Rendez-vous mardi

Un rendez-vous de l’intersyndicale (UFAP-UNSA Justice, CGT Pénitentiaire, FO Pénitentiaire) de Fleury et de la direction de l’administration pénitentiaire est prévu mardi à 14 heures, ont fait savoir les syndicats, qui organiseront également dans la matinée une « marche des oubliés de la République » dans la ville de Fleury-Mérogis.

Ils réclament notamment une fouille générale de la prison, des effectifs supplémentaires et l’abrogation de la législation qui les oblige à justifier les fouilles à nu de détenus.

La maison d’arrêt est actuellement remplie à 180 % de sa capacité. Elle accueille plus de 4 200 détenus, et près de 150 postes de fonctionnaires sont vacants, selon les syndicats. Pour Olivier Legentil, du syndicat UFAP-UNSA Justice (majoritaire), « la situation est juste intenable. Cette agression, c’est la goutte d’eau de trop. »

Jeudi, six gardiens de la prison ont été blessés par huit mineurs lors d’une altercation entre détenus qui a dégénéré en bagarre. « Les détenus sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents », a confié à l’Agence France-Presse une gradée en poste depuis quinze ans à Fleury, sous couvert de l’anonymat. « S’ils n’ont pas ce qu’ils veulent de suite, ils frappent le premier surveillant qui passe. »

Selon elle, la surpopulation attise les tensions et le sous-effectif les aggrave. « Ici, un surveillant gère une centaine de détenus », peste-t-elle.

Selon M. Legentil, « il ne se passe pas une semaine sans agression sur le personnel à Fleury ». Cette action devant la plus grande prison d’Europe traduit « un malaise général dans toute la pénitentiaire et surtout dans la région parisienne, où on est continuellement en manque d’effectifs », ajoute-t-il.