Marine Le Pen, à Monswiller (Bas-Rhin), le 5 avril 2017. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Marine Le Pen a allumé un feu en déclarant dimanche que « la France n’est pas responsable » de la rafle du Vél d’Hiv. Le 16 juillet 1942, 4 500 policiers et gendarmes français avaient arrêté plus de 13 000 de leurs compatriotes juifs. La phrase a déclenché de vives réactions lundi chez ses concurrents à la présidentielle et leurs proches.

« Si on doutait que Marine Le Pen est d’extrême droite, on ne peut plus en douter, a ainsi lancé Benoît Hamon (PS) sur RTL. Elle n’aime pas l’histoire, elle l’arrange. La responsabilité de la France est évidente. Il n’y avait pas un soldat allemand pour prêter main-forte aux policiers et à la milice pour opérer cette rafle du Vél d’Hiv. »

« La rafle du Vél’d’Hiv, ce sont des policiers français notamment qui y ont participé. Ce n’était pas la République, évidemment, mais tout de même, on peut avoir des mots un petit peu plus subtils que ce qu’elle dit », a renchéri Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) sur CNews. Selon lui, Marine Le Pen « a fait toute son éducation politique dans l’ombre de son père, qui était le principal émetteur du discours antisémite dans ce pays ».

« Ça me fait vomir »

« D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen. Ils n’ont pas changé. Il ne faut pas minimiser ce qu’est le Front national aujourd’hui dans notre pays, a réagi de son côté Emmanuel Macron, dimanche, sur BFM-TV. C’est une faute grave ce qu’elle a fait. » Le candidat d’En marche ! a salué « le geste courageux » de Jacques Chirac qui, en 1995, avait reconnu la responsabilité de la France dans la rafle du Vél’d’Hiv.

« Le débat a été tranché avec Jacques Chirac et il est périlleux de réveiller ce genre de querelles », a jugé la députée Annie Genevard, proche de François Fillon (LR) sur LCP.

« Jacques Chirac a trouvé les mots justes, magnifiques pour dire ce qu’il avait été. Si l’Etat n’avait pas été dans cette affaire, je me demande qui y était », a appuyé Jean Lassalle (Résistons !) sur France Info. Aussi, le propos de Marine Le Pen est « accablant, indigne. Ça me fait vomir ».

François Asselineau (Union populaire républicaine) a jugé sur France Inter « cette polémique totalement inopportune et choquante », ajoutant que les propos de Mme Le Pen sont notamment ce qui le distingue de la candidate du Front national.

Avis dissident, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a dit sur LCI qu’il ne « comprenait pas la polémique ». Selon lui, il y a « une France qui a collaboré et une France qui a sauvé l’honneur ». « Pourquoi cette repentance permanente ? », s’est-il interrogé.

« Son histoire est bonne à jeter à la poubelle »

Les proches de Marine Le Pen se sont eux employé à défendre la position de la candidate frontiste. « Nous avons une position très gaullienne, on considère que la France était à Londres », a expliqué Nicolas Bay, secrétaire général du FN sur Sud Radio et Public Sénat.

« On peut continuer avec la repentance permanente, enseigner à nos enfants que la France est toute noire, toute pourrie, et que son histoire est bonne à jeter à la poubelle, a réagi sur LCP Florian Philippot, le vice-président du FN. Ça nous mène à des discours à la Emmanuel Macron, où on finit par dire que la France est responsable de crimes contre l’humanité liés à la colonisation, ce qui est une abjection. »