A Stockholm, le 9 avril. | Markus Schreiber / AP

Pendant que des milliers de Suédois se rassemblaient, dimanche 9 avril à Stockholm, pour rendre hommage aux quatre victimes de l’attentat survenu l’avant-veille, le profil du terroriste présumé commençait à se préciser. Rakhmat Akilov, 39 ans, est originaire d’Ouzbékistan. Il a demandé l’asile en Suède en 2014, mais a reçu une réponse négative. Les autorités lui avaient donné jusqu’au 1er janvier pour quitter le territoire.

Selon les médias suédois, ce père de quatre enfants, dont la famille se trouve en Ouzbékistan, a reconnu, lors d’un interrogatoire, avoir conduit le camion qui a tué quatre personnes et en a blessé quinze autres, vendredi 7 avril. Il a ensuite pris la fuite, rejoignant en métro la gare centrale, où il est monté à bord de l’Arlanda Express, vers l’aéroport de Stockholm. Puis il a pris un bus pour la banlieue de Märtsa, au nord de la capitale, où il a été interpellé en début de soirée.

La police rapporte avoir trouvé un engin suspect dans le camion. Selon l’un de ses anciens patrons, Rakhmat Akilov connaissait le maniement des explosifs. Ouvrier du bâtiment, il avait travaillé sur des chantiers de désamiantage dans la capitale suédoise.

Aux policiers, le terroriste présumé a expliqué avoir voulu tuer « des infidèles », affirme le tabloïd Aftonbladet. Il aurait déclaré avoir agi sur ordre de l’organisation Etat islamique.

Pages bouddhistes et mormones

Selon le ­magazine Expo, qui a consulté sa page Facebook avant qu’elle ne soit supprimée, l’homme « aime » des pages bouddhistes et mormones, il soutient l’opposant politique russe Alexeï Navalny et l’ancien président Dmitri Medvedev. Mais il partage aussi des films de propagande de l’Etat islamique et témoigne de sympathies pour le groupe international islamiste radical Hizb ut-Tahrir.

Rakhmat Akilov était connu des services de renseignement, mais n’avait jamais été entendu. Le 15 décembre 2016, il a été informé que son pourvoi en appel avait été rejeté et qu’il avait deux semaines pour quitter la Suède. Constatant qu’il n’avait pas obtempéré, le Bureau des migrations a transmis son dossier à la police des frontières, qui a émis un avis de recherche à son encontre le 27 février.

« Si on est débouté, on doit quitter le pays », a réagi le premier ministre, Stefan Löfven, dimanche. Entre 2014 et 2015, le royaume a accueilli 250 000 demandeurs d’asile (dont sept Ouzbeks), avant de durcir sa législation sur l’asile. « C’est important pour la confiance, au sein de la société, que la politique des migrations fonctionne », a commenté le chef du gouvernement, rappelant que le taux de retour des migrants en situation irrégulière avait augmenté de 50 % en 2016 – soit 24 000 personnes.

Patrik Engström, chef de la police aux frontières, estime à 12 500 le nombre de déboutés se trouvant toujours en Suède. Le cas de l’Ouzbékistan est particulièrement sensible : « Presque seulement les expulsions volontaires peuvent être effectuées », constate le policier.

Dimanche soir, le chef de file des Démocrates de Suède (extrême droite), Jimmie Akesson, a exigé que « le gouvernement prenne ses responsabilités », dénonçant des contrôles d’identité dont le nombre a été divisé par deux depuis 2013 : « Il y a une raison au fait que la police ne trouve pas ceux qui disparaissent après une décision de refus », a-t-il commenté.

Un deuxième homme, soupçonné d’être impliqué dans l’attaque, a été arrêté. Par ailleurs, la Norvège a relevé son niveau d’alerte après l’interpellation, samedi soir, d’un Russe de 17 ans, en possession d’un engin explosif.