Un agent américain contrôle une voiture à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. | Gregory Bull / AP

La police des frontières américaine a enregistré en mars le plus faible nombre de tentatives de passages illégaux depuis dix-sept ans. Le secrétaire à la sécurité intérieure, John Kelly, s’en est félicité, le 5 avril, lors d’une audition au Congrès, précisant que ce recul est notamment « spectaculaire » pour les familles et les enfants. Avec 12 500 personnes arrêtées, selon M. Kelly, la baisse est de 64 % par rapport à mars 2016. En février déjà, le recul était de 39 % par rapport à l’an passé.

Ces arrestations sont alimentées, ces dernières années, par une émigration venant principalement de trois pays instables d’Amérique centrale, le Salvador, le Guatemala et le Honduras. Celle originaire du Mexique est devenue négative depuis dix ans, selon le Pew Research Center. Les interpellations avaient augmenté en 2016 alors que M. Trump avait fait de la protection de la frontière un élément essentiel de son programme, créant une sorte d’appel d’air avant l’élection. M. Kelly a estimé que la baisse de ce début d’année ne relevait pas du « hasard », mais qu’elle était au contraire la conséquence de ce discours radical sur l’immigration.

Aucun financement précis du « mur »

Au cours de cette même audition, le secrétaire à la sécurité nationale a estimé peu probable que le projet de « mur » sur la frontière sud se traduise par l’érection d’une muraille de béton « de la mer à la mer brillante », dans une allusion aux paroles d’une chanson populaire pour désigner les deux côtes américaines.

Les appels d’offres qui viennent de se terminer mentionnaient aussi bien un mur classique de neuf mètres de haut, enfoncé deux mètres dans le sol, qu’une structure permettant « de voir au travers », plus proche d’une clôture. L’aspect du premier devait être « esthétiquement agréable », mais uniquement côté américain. M. Kelly a évoqué le recours à des capteurs et des drones pour la seconde.

Le projet de budget transmis au Congrès en mars ne comporte qu’un financement partiel pour le début des travaux. Il s’élève à 2,6 milliards de dollars. Aucun chiffrage précis n’a été fourni en l’état pour la totalité du tracé, mais la facture devrait dépasser les 20 milliards de dollars, selon les estimations de la presse américaine.

L’administration Trump a cessé pour le moment de mentionner une participation financière forcée du Mexique, une autre promesse de campagne de M. Trump, par exemple par le biais d’une taxe sur ses exportations vers les Etats-Unis. Le gouvernement mexicain y est vigoureusement opposé.

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Un financement américain de l’ouvrage rencontre également une forte hostilité aux Etats-Unis. Un sondage Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research a montré le 6 avril que 58 % des personnes interrogées y sont opposées, contre seulement 28 % qui y sont favorables. Les républicains sont les plus nombreux à accepter à être mis à contribution (54 %), mais il s’agit d’un taux d’adhésion modeste, alors que l’opposition rassemble 57 % des indépendants et surtout 86 % des démocrates.