Robert Bentley, le gouverneur de l’Alabama a démissionné, lundi 10 avril. Agé de 74 ans, menacé de destitution et de poursuites pénales, il a été emporté par la liaison adultère qu’il entretenait depuis plusieurs années avec sa plus proche collaboratrice, Rebekah Caldwell Mason. « J’ai passé la dernière année en prières profondes et sincères pour notre Etat et nos habitants, a déclaré Robert Bentley, la mine contrite. Je prie chaque matin pour recevoir sagesse, aide et pardon pour les péchés que j’ai commis. »

Ce dénouement conclut la dérive d’un homme politique autrefois respecté, dévoré par une passion amoureuse tardive mais animé du désir tout aussi puissant de protéger sa réputation par tous les moyens, y compris ceux de l’Etat. Dans cet Etat conservateur et pauvre du Sud, en pleine « ceinture de la Bible », région par ailleurs gangrenée par la corruption, où de nombreux responsables républicains et démocrates ont fini en prison, la faute était trop flagrante. Toute la classe politique a fini par lâcher le dirigeant républicain.

L’enregistrement qui a tout déclenché

L’« affaire » avait éclaté publiquement en mars 2016, avec la fuite d’un enregistrement d’une conversation téléphonique entre Robert Bentley et Rebekah Caldwell Mason, réalisé par Diane Bentley, l’épouse du gouverneur, à l’insu de ce dernier. En septembre 2015, les Bentley avaient annoncé, à la surprise générale, leur divorce, après cinquante ans de mariage.

L’histoire de mœurs avait basculé à partir du moment où Mme Bentley a détenu cet enregistrement. Le gouverneur avait dépêché des policiers chargés de sa protection auprès de collaboratrices, afin de trouver l’enregistrement et leur intimer le silence. Il avait poussé des membres de son administration non coopératifs à la démission, ou les avait limogés en les accusant de divers méfaits inventés.

Il avait aussi fait voler Mme Mason à bord de son avion, violant les règles qui interdisent la prise en charge de non-fonctionnaires, Rebekah Mason travaillant depuis son propre cabinet de conseil, rémunérée par le comité de campagne de M. Bentley.

Rapport de la Chambre des représentants d’Alabama

Mais le coup de grâce a pris la forme d’un rapport accablant, très détaillé, publié vendredi 7 avril par la chambre des représentants locale en vue d’une procédure de destitution, qui venait de commencer lundi 10 avril. « Le président Nixon et le gouverneur Bentley ont tous les deux utilisé les forces de l’ordre et les ressources du gouvernement à leur bénéfice », a accusé lundi l’auteur, Jack Sharman, le comparant avec l’ancien président Richard Nixon, tombé dans l’affaire du Watergate en 1974.

Séparément, une commission d’éthique a transmis au procureur un dossier relatif à des irrégularités liées à des fonds de campagne. Acculé, Robert Bentley a plaidé coupable pour deux chefs d’accusation, et renoncé à tout futur mandat.