Un partisan de Jean-Luc Mélenchon colle une affiche, le 6 avril à Marseille. | Claude Paris / AP

Nouvel épisode dans les relations déjà compliquées entre Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste. Après la politique, les gros sous, si tant est que les deux puissent être dissociés. Reprenons. Depuis 2012, le dialogue entre les deux ex-partenaires du Front de gauche n’a cessé de se dégrader et le lancement de la candidature de l’ancien socialiste en 2016 – « en solo » ont critiqué les communistes – n’a rien arrangé.

Sans véritable plan B, le parti dirigé par Pierre Laurent s’est finalement résolu à soutenir du bout des lèvres son ancien allié. En novembre, ses militants se sont exprimés en faveur d’un « appel à voter » pour le candidat de La France insoumise tout en faisant une « campagne autonome ». Ensemble !, la troisième force du Front de gauche, a fait le même choix. Dès lors, chacun a commencé à imprimer des tracts, des affiches et à organiser des meetings sans pour autant être associé aux décisions politiques de la campagne…

Autant de dépenses que la loi oblige M. Mélenchon à intégrer dans ses comptes de campagne, sachant que les candidats qui réalisent plus de 5 % des voix – ce qui devrait être le cas du député européen – peuvent obtenir le remboursement d’une partie de leurs frais de campagne, à hauteur de 8 millions d’euros.

Proposition de « 500 000 euros de frais remboursables »

La France insoumise et Ensemble ! se sont ainsi mis d’accord sur un montant de 150 000 euros que le mouvement de Clémentine Autain financera pour faire la promotion de la campagne de M. Mélenchon. En échange, La France insoumise a demandé à Ensemble ! un prêt de 50 000 euros d’argent frais au budget de campagne du député européen. Ces 200 000 euros leur seront rétrocédés dans un second temps lorsque le candidat aura lui-même touché l’argent de l’Etat si ses comptes sont bien validés.

En revanche, à moins de deux semaines du premier tour de la présidentielle, le PCF et La France insoumise ne sont toujours pas parvenus à trouver un tel accord, les négociations sur les législatives ayant légèrement plombé l’ambiance. « Les discussions sont toujours en cours », confirme Manuel Bompard, directeur de campagne de M. Mélenchon. Ce dernier assure que son mouvement a fait une proposition « raisonnable et légitime » mais qui n’a pas satisfait, pour l’heure, le PCF. M. Bompard évoque le chiffre de « 500 000 euros de frais remboursables avec une contribution de la moitié pour le budget général de la campagne ». « Ca ne peut pas être l’un sans l’autre, indique-t-il. Les communistes semblent plus intéressés par le premier que par le second. »

De son côté, le PCF ne souhaite pas commenter l’information. En off, un dirigeant confirme cependant que les négociations sont toujours en cours. « Ca dépendra du score du premier tour et du climat des législatives », ajoute-t-il. Les candidats ont jusqu’au 7 juillet pour déposer leurs comptes de campagne auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Si d’aventure, les deux parties ne parvenaient pas à s’entendre, les communistes pourraient-ils en être pour leurs frais et ne pas récupérer les sommes engagées ?

Déjà un différend en 2013

« Nous ne sommes pas là pour humilier mais pour trouver des solutions », précise M. Bompard. Solutions qui pourraient être d’autant plus urgentes à trouver si M. Mélenchon était qualifié pour le second tour le 23 avril. Le candidat a en effet des problèmes de trésorerie malgré les nombreux bénévoles qui s’activent autour de lui. Ce dernier comptait en effet emprunter 8 millions d’euros pour financer sa campagne. Mais comme l’indique Libération mardi, si un prêt de 5 millions lui a bien été accordé, un autre de 3 millions d’euros lui a été refusé. Pour l’heure, une grande partie de cette somme a cependant été récoltée via des dons et le merchandising des produits dérivés de sa campagne.

En 2013, un différend financier avait déjà opposé le Parti de gauche au Parti communiste. Un an plus tôt, la campagne de M. Mélenchon s’était en effet avéré l’une des plus onéreuses. Ses dépenses s’étaient montées à 9, 42 millions euros, ses recettes de 9,46 millions euros et le remboursement de ses frais de campagne à 8 millions euros. Une fois les dons et diverses recettes ajoutés, restait un dépassement de 527 000 euros. A l’époque, chacun des deux alliés s’était renvoyé la balle pour payer la facture et c’est finalement le PCF et ses fédérations qui avaient assumé l’ardoise.