Le rappeur Fianso,  de son vrai nom Sofiane Zermani,. | LIBITUM

Le rappeur Fianso aime faire parler de lui. Mais si son dernier buzz lui fera probablement gagner quelques millions de vues sur YouTube, il lui coûtera certainement aussi une amende pour « entrave à la circulation ». Selon l’AFP, une enquête a été confiée à la CRS autoroutière d’Ile-de-France, le 10 avril, après que Fianso et son équipe ont bloqué l’autoroute A3 quelques jours plus tôt, le jeudi 6 avril. Ils y tournaient sans autorisation son nouveau clip, Toka.

Sofiane -Toka [Clip officiel]
Durée : 04:06

En introduction de la vidéo, montée et diffusée dès le lendemain sur les réseaux sociaux, Fianso, de son vrai nom Sofiane Zermani, 29 ans, est assis à califourchon sur la portière d’un coupé noir, demandant à une demi-douzaine de voitures de rouler au pas et de mettre leurs warnings.

Stratégie marketing

A hauteur de la sortie de l’autoroute d’Aulnay-sous-Bois, il fait stopper son convoi, mettant devant le fait accompli plusieurs dizaines de poids lourds et automobilistes. Les cameramen descendent des voitures, un accessoiriste installe une table et deux tabourets de café au milieu de la chaussée. Pendant plus de quatre minutes, le rappeur, gominé et habillé tout de blanc, débite son texte devant deux tasses à son effigie. Son refrain est typique des slogans du trap, le rap d’Atlanta à la mode depuis quelques années en France : « L’équipe est toka, ish, ish » (« toka » étant le diminutif du pistolet Tokarev TT-33), répété à huit reprises, suivi d’« Alger, Paris, Bagdad (ouais) », scandé autant de fois.

Cette mise en scène irresponsable s’inscrit dans la stratégie marketing de Fianso, qui publie son premier album le 12 mai chez Capitol, label de la major Universal, sous le titre Bandit saleté. Depuis quelques mois, ce père de deux enfants et entrepreneur fait tout son possible pour « salir » son blason et se donner une image de dur. Depuis juillet 2016, il tourne ses clips dans les cités réputées dangereuses de France, en s’appuyant sur « son réseau », comme il le confiait au Monde en février.

Une des premières vidéos, avec autant d’armes factices que de slogans en argot, était tournée à La Castellane, à Marseille, une autre chez lui, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), et celle qui a fait le plus de bruit dans le quartier des Musiciens, aux Mureaux (Yvelines), fin janvier. Là, plusieurs centaines de jeunes excités par les caméras ont inquiété les policiers. Des gaz lacrymogènes ont été tirés et des poubelles ont été renversées. L’image de bad boy que Fianso/Sofiane tente de se donner pour des raisons commerciales a été toutefois contredite, le 11 février, lors d’une manifestation à Bobigny : il y était filmé en train de calmer des jeunes devant un cordon de police…