Jean-Luc Melenchon en meeting à Marseille, le 9 avril. | JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Depuis sa récente percée dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon cristallise les attaques de ses adversaires… et d’une partie de la presse, mercredi 12 avril. Après avoir dépassé François Fillon pour la première fois dans un sondage Sofres-Le Figaro publié dimanche, le candidat de La France insoumise devance encore celui de la droite dans les intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle, selon un sondage IFOP-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio publié mardi. Le premier est crédité de 19 % et le second de 18,5 %, loin derrière Marine Le Pen (24 %) et Emmanuel Macron (23 %).

En meeting mardi soir, Emmanuel Macron et François Fillon ont tous deux fustigé le candidat de La France insoumise, l’attaquant sur son alliance avec le Parti communiste et son programme « dangereux ». A Besançon, Emmanuel Macron l’a attaqué devant environ deux mille personnes : « Le révolutionnaire communiste, il était sénateur socialiste quand j’étais encore au collège ! Que veut-il nous faire croire ? »

A Marseille, François Fillon, qui concentrait ses attaques sur M. Macron et, à un degré moindre, sur Marine Le Pen, a étendu ses critiques au quatrième homme. « Croyez-moi, ça n’est pas avec le programme communiste de M. Mélenchon et le retour au franc de Mme Le Pen que l’économie française va redémarrer », a-t-il lancé devant plus de trois mille personnes.

Dans le désormais quatuor de tête, seule Marine Le Pen épargne pour l’heure Jean-Luc Mélenchon. En meeting mardi soir à Arcis-sur-Aube (Aube), la candidate du Front national ne l’a pas mentionné une seule fois.

« Maximilien Ilitch Mélenchon »

Mais Jean-Luc Mélenchon n’est pas seulement la cible de ses adversaires politiques. Dans son édition de mercredi, Le Figaro consacre sa « une » et trois pleines pages au « délirant projet Chavez français ». Paul-Henri du Limbert se désole dans l’éditorial « qu’un homme au programme aussi grossièrement démagogique puisse s’attirer autant de sympathie ».

« Car enfin, que serait une France “mélenchonnisée” ? Un pays de fonctionnaires surnuméraires payés par un secteur privé à qui on réclamerait toujours davantage d’impôts et par des créanciers à qui on devrait toujours plus d’argent. »

Le quotidien orienté à droite qualifie tour à tour M. Mélenchon de « Chavez Français », « Maximilien Ilitch Mélenchon » (pour Maximilien Robespierre et Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine) ou encore d’« apôtre des dictateurs révolutionnaires sud-américains ».

« Communiste », c’est d’ailleurs le mot du jour de la matinale de France Inter : « On n’est pas très loin de l’épouvantail des chars russes de 1981 », relève, ironique, le journaliste Patrick Cohen. Une archive datant de la campagne pour les législatives de 1968 est ensuite diffusée, Georges Pompidou y fait référence au Parti communiste, qui « aurait progressivement mais implacablement étendu son emprise jusqu’à s’emparer de la dictature » et au drapeau rouge qui « flotterait sur l’Elysée, sur Matignon et sur toutes les mairies de France ».

Une comparaison teintée d’ironie étant donné les relations pour le moins compliquées entre Jean-Luc Mélenchon et ses alliés communistes depuis la décision de l’ancien sénateur de se présenter « en solo », en 2016.