Un train de transport régional en cours de montage sur le site de Bombardier de Crespin, près de Valenciennes, le 17 octobre 2016. | © Benoit Tessier / Reuters / REUTERS

Bombardier Transport et Siemens Mobility Rail Solutions, qui produisent des trains et de l’équipement de signalisation ferroviaire, ont entamé des pourparlers en vue de fusionner leurs activités, a assuré, mardi 11 avril, l’agence Bloomberg. Les discussions, entamées plus tôt dans l’année, pourraient se conclure d’ici juin, et déboucher sur la création d’une coentreprise valorisée plus de 10 milliards d’euros. Aucune des deux entreprises n’a confirmé l’information qui reste donc au stade de la rumeur.

« Nous croyons qu’un tel regroupement serait bénéfique à Bombardier Transport. L’entreprise canadienne serait en mesure de rivaliser plus efficacement avec ses concurrents chinois, qui sont en train de prendre vigoureusement de l’expansion à l’étranger », commente dans une note Benoît Poirier, analyste chez Desjardins.

Alstom (6,9 milliards d’euros de chiffres d’affaires) aurait beaucoup à perdre d’un accord Siemens-Bombardier (14 milliards d’euros).

Mais si les deux groupes parvenaient à un accord, il faudrait encore que celui-ci soit avalisé par les autorités de la concurrence européenne. Les syndicats pourraient également s’y opposer par crainte de suppressions de postes. De plus, mardi, plusieurs analystes au Québec faisaient remarquer que Bombardier a vendu, en 2016, une participation de 30 % dans Bombardier Transport à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour 1,5 milliard de dollars US (1,42 milliard d’euros). La CDPQ aurait donc également son mot à dire si les négociations venaient à aller plus loin.

Bombardier a exploré plusieurs options

Les analystes financiers ne sont, eux, pas surpris qu’une telle fusion soit envisagée. Ils s’attendaient à ce que Bombardier participe un jour ou l’autre à la consolidation de l’industrie ferroviaire en Europe. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il en est question. Selon M. Poirier, en effet, Bombardier a exploré diverses options pour maximiser la création de valeur pour ses actionnaires.

A l’été 2015, le Wall Street Journal avait annoncé une entente entre ces deux géants du rail, jusqu’à ce que Bombardier apporte un démenti. Autre exemple plus récent celui-ci : fin mars, le bruit d’une fusion avec son homologue français Alstom avait couru alors que le pacte conclu entre l’Etat et Bouygues arrivera à échéance en octobre. Le canadien, qui emploie 37 000 salariés dans sa division transports, figurait en tête de liste pour acquérir les parts de Bouygues.

De l’avis de plusieurs analystes, Alstom aurait beaucoup à perdre d’un rapprochement Siemens-Bombardier. Avec 6,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016, le français semblerait bien petit en comparaison du germano-canadien qui réaliserait 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires (14,14 milliards d’euros).

Les actions du conglomérat allemand et du groupe canadien étaient à la hausse mardi (+ 1 % pour Siemens à la Bourse de Francfort, + 6,76 % pour Bombardier à Toronto), tandis que celles d’Alstom, au contraire, ont clôturé en baisse de 2,75 %. L’action Siemens a inscrit un record à 129,80 euros en séance.