Quelques jours après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun et les représailles américaines, le président syrien Bachar Al-Assad a affirmé, dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse (AFP) mercredi 12 avril, que celle-ci était totalement fabriquée.

« Il s’agit pour nous d’une fabrication à 100 % (…) Notre impression est que l’Occident, principalement les Etats-Unis, est complice des terroristes et qu’il a monté toute cette histoire pour servir de prétexte à l’attaque » américaine du 7 avril – la première en six ans de guerre – contre une base aérienne, a dit M. Assad.

L’attaque chimique, dont les images de personnes saisies de convulsions ont choqué le monde, a causé le 4 avril la mort de 87 civils, dont 31 enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

« Les seules informations, dont dispose le monde jusqu’à présent, sont celles publiées par la branche d’Al-Qaida », a affirmé le chef de l’Etat syrien en référence au groupe djihadiste, Fateh Al-Cham, actif dans la région.

Le président syrien a aussi fait savoir qu’il accepterait uniquement une enquête « impartiale ». « Nous allons œuvrer [avec les Russes] en vue d’une enquête internationale. Mais elle doit être impartiale. Nous ne pouvons permettre une enquête que si, et seulement si, elle est impartiale et en nous assurant que des pays impartiaux y prendront part pour être sûrs qu’elle ne sera pas utilisée à des fins politiques », a-t-il dit. Mercredi à l’ONU, le Kremlin a pourtant posé pour la huitième fois depuis 2011 son veto à un projet de résolution demandant l’ouverture d’une enquête internationale, après l’attaque chimique sur la ville syrienne de Khan Cheikhoun.

« Puissance de feu »

Bachar Al-Assad affirme également dans cet entretien à l’AFP que son régime ne possède plus d’armes chimiques. « Il y a plusieurs années, en 2013, nous avons renoncé à tout notre arsenal (…) Et même si nous possédions de telles armes, nous ne les aurions jamais utilisées », a-t-il dit.

En 2013, une attaque chimique lancée contre la Goutha, dans la banlieue de Damas, avait ému le monde entier et engendré un grand nombre de réactions de la part de la communauté internationale. François Hollande avait même affirmé son souhait d’intervenir en Syrie, en collaboration avec les Etats-Unis, avant d’y renoncer.

Interrogé sur la première frappe américaine ayant visé les positions du régime depuis le début du conflit syrien en 2011, M. Assad assure : « Notre puissance de feu, notre capacité à attaquer les terroristes [l’opposition syrienne] n’a pas été affectée par cette frappe. » Et de s’en prendre aux pourparlers de Genève relancés le 23 février sous l’égide de l’ONU :

« Les Etats-Unis ne sont pas sérieux [dans la recherche] d’une solution politique quelconque. Ils veulent utiliser le processus politique comme un parapluie pour les terroristes [l’opposition syrienne]. »

Aucun mot, en revanche, sur les discussions lancées, lundi 13 mars, à Astana (Kazakhstan) par son allié russe, l’Iran et la Turquie.