La mine d’uranium de Tamgak exploitée par Areva à Arlit, au Niger, en septembre 2013. | Joe Penney / Reuters

Les organisations non gouvernementales Oxfam, ONE et Sherpa, ont passé au crible dans un rapport, publié jeudi 13 avril, les déclarations publiques de six groupes français – Total, Areva, EDF, Engie, Eramet ainsi que Maurel et Prom – portant sur leurs activités d’extraction de matières premières en 2015.

L’exercice est inédit, puisque ces entreprises sont obligées de publier leurs versements aux pays où elles exploitent des ressources naturelles seulement depuis l’an dernier, en vertu de la transposition par la France de deux directives européennes.

Si ces déclarations représentent « une avancée notable » en matière de transparence, leur compréhension « reste cependant compliquée », note le document : les données sont difficiles d’accès et manquent d’éléments de contexte. Dans l’ensemble, les taux de change utilisés restent flous, tout comme les diverses catégories de « projets » et de « bénéficiaires ».

Des millions de dollars

Concernant Total, les ONG s’interrogent sur un écart de plus de 100 millions de dollars entre les revenus issus du principal champ pétrolier d’Angola déclarés par les autorités du pays et les versements déclarés par le groupe français pour exploiter ce site.

La situation peut s’expliquer par une différence du nombre déclaré de barils de pétrole ou par une divergence de valorisation du prix moyen du baril, pointe le rapport. « Il est crucial que l’entreprise divulgue l’ensemble des informations requises afin de comprendre ces irrégularités », estime cependant Laetitia Liebert, directrice de Sherpa.

Areva, pour sa part, « semble loin de contribuer à sa juste part » pour exploiter l’uranium nigérien, en dépit d’une renégociation de sa redevance au Niger en 2014. Ce pays, figurant parmi les plus pauvres au monde représente près de 30 % de la production du groupe français, mais il ne perçoit que 7 % de ses versements aux pays producteurs.

L’entreprise aurait également payé au pays une redevance inférieure en 2015 par rapport à 2014, privant cet Etat de 15 millions d’euros de recettes, et e prix de l’uranium nigérien exporté serait « largement sous-évalué » par la filiale locale d’Areva, permettant à cette dernière de ne pas payer d’impôts sur ses bénéfices au Niger.

Le rapport émet des recommandations à chacune des entreprises dont il a étudié les déclarations, ainsi qu’à l’Union européenne et à la France pour réviser à la hausse le degré de transparence exigé.