LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu de ce week-end de Pâques : une profusion d’expositions consacrées à Camille Pissarro à Paris et à Pontoise ; une chasse aux œufs de licornes et la légende du roi Arthur à Brocéliande ; le grand retour de La Fille de neige, de Nikolaï Rimski-Korsakov à l’Opéra Bastille ; un duo de graffeurs, Lek et Sowat ; les Années folles au Théâtre Clavel.

PEINTURE. Trois expositions Pissarro pour le prix d’une, à Paris et à Pontoise

Deux expositions Camille Pissarro à Paris en même temps, au Musée Marmottan-Monet et au Musée du Luxembourg, trois même, si on y ajoute celle que consacre à ses gravures le Musée Tavet-Delacourt, à Pontoise, n’est-ce pas trop ? En fait, non, et même on en redemande. D’abord parce que cela fait près de quarante ans que ce peintre n’avait pas bénéficié d’une rétrospective à Paris. Ensuite parce que de tous les artistes qui participèrent aux premières expositions impressionnistes, et même s’il fut le seul à les faire toutes, c’est loin d’être le mieux connu. Enfin parce que les deux accrochages parisiens sont très complémentaires : celui du Musée Marmottan-Monet couvre en soixante tableaux l’ensemble de l’œuvre peint, depuis ses travaux de jeunesse des années 1850, dans les Antilles danoises (il est né dans l’île de Saint-Thomas en 1830), quand celui du Luxembourg se concentre sur les décennies qu’il passa dans le village d’Eragny-sur-Epte (Oise), où il s’installe avec sa femme et leurs huit enfants (dont son fils Lucien, peintre également) en 1884, fuyant la cherté de la vie parisienne, et où il vivra jusqu’à sa mort en 1903.

On l’oublie aussi mais Pissarro fut également le premier et longtemps le seul à croire dans le talent de deux petits nouveaux venus, Cézanne et Gauguin. Le seul également dans sa génération à se passionner pour les recherches de deux autres gamins, Seurat et Signac, dont il adopta même un temps, humblement, la technique pointilliste. Enfin, on ne comprendra pas Pissarro si on oublie ou néglige son engagement pour la cause anarchiste. Harry Bellet

« Camille Pissarro, le premier des impressionnistes », Musée Marmottan-Monet, 2, rue Louis-Boilly, Paris 16e. Tél. : 01-44-96-50-33. Jusqu’au 2 juillet. 11 €.

« Pissarro à Eragny, la nature retrouvée », Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris 6e. Tél. : 01-40-13-62-00. Jusqu’au 9 juillet. 12 €.

« Camille Pissarro, impressions gravées », Musée Tavet-Delacour, 4, rue Lemercier, Pontoise (95). Tél. : 01-30-38-02-40. Jusqu’au 11 juin. 5 €.

FESTIVAL. Un week-end de Pâques sous le signe du roi Arthur, dans la forêt de Brocéliande

Le château de Comper à Concoret (Morbihan) où se déroule le festival du conte Badlagoule en Brocéliande, jusqu’au 17 avril 2017. | CENTRE DE L’IMAGINAIRE ARTHURIEN

Pour sa première édition, qui a commencé le dimanche 9 avril, le nouveau festival du conte baptisé Badlagoule en Brocéliande s’offre un week-end de clôture pascal (et royal) sur quatre jours, du vendredi 14 au lundi 17 avril. Organisé par le Centre de l’imaginaire arthurien, l’association Brocéliande & Nous et la Guilde des conteurs de Brocéliande, cet événement tire son nom de l’expression utilisée en gallo (langue romane de la Haute-Bretagne) pour désigner quelqu’un qui parle beaucoup. Placé sous le parrainage du conteur Bruno de La Salle, fondateur du CLiO (Conservatoire contemporain de littérature orale) à Vendôme, il a réuni durant neuf jours au château de Comper à Concoret et dans la forêt de Paimpont une quinzaine d’artistes de la parole : Bruno de La Salle, Marie Chiff’Mine, Michel Corrignan, Didier Ibao, DamEnora, Pierre Dubois, Sires Duzig et Triboulet, Linda Lopez, Katia Bessette, Ozégan, Jessica Petitspas, Camille Rousselle, Marie Tanneux, Armel Texier.

Pour célébrer Pâques comme il se doit, les organisateurs proposent une chasse aux œufs… de licornes, dimanche 16 à 11 heures, dans le parc du château, et l’après-midi (à partir de 15 heures) sera consacré à la légende du roi Arthur narrée par les conteurs de Brocéliande. Les invité(e)s du festival se retrouveront tous ensemble sur scène à deux occasions, pour une « battle » (joute orale) à Plélan, le samedi 15 à partir de midi, et pour une soirée de clôture sous forme de « florilège » à Saint-Malo-de-Beignon, le dimanche 16 à partir de 19 heures. Le parrain de Badlagoule, Bruno de La Salle, présentera, quant à lui, deux spectacles : Le Dit du Devin, sur le destin du roi Arthur et de Merlin l’enchanteur (à Plélan, samedi 15 à 20 h 30) et Les Contes qui parlent des contes, une conférence en histoires sur la littérature orale à partir de son ouvrage Lettres à un jeune conteur (au château de Comper, à Concoret, lundi 17 à 14 h 30). Une façon originale de passer les fêtes de Pâques loin de Paris en plein cœur d’une région marquée par les légendes ancestrales et la mythologie arthurienne. Cristina Marino

Badlagoule en Brocéliande, festival du conte, château de Comper, Concoret (Morbihan), et Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine). Du vendredi 14 au lundi 17 avril. Tél. : 02-97-22-79-96. Passe spécial week-end de Pâques : 25 €.

ARTS URBAINS. Itinéraire d’un duo de graffeurs : Lek et Sowat s’exposent à Paris

LEK ET SOWAT

Les graffeurs parisiens Lek et Sowat sont passés de l’underground au monde de l’art contemporain, et cette trajectoire offre la matière même de leur exposition. Leur passion pour l’urbex, l’exploration urbaine, les avait menés à créer une résidence sauvage, en 2010, dans un supermarché abandonné en lisière de Paris – expérience collective dont ils ont tiré une vidéo, Mausolée, présentée, parmi d’autres dans l’exposition. Dans la foulée, ils se verront confier le lancement du programme Lasco Project au Palais de Tokyo en 2012, invités à investir les entrailles du centre d’arts sur le même principe. De ces nuits de créations collectives et semi-clandestines, ils tireront plusieurs films, dont un, Tracés directs, est entré dans les collections du Centre Pompidou.

Cette exposition au titre énigmatique, « Circonstances atténuantes », est leur plus importante à ce jour. Le duo y opère une traversée non linéaire de leur pratique de la rue jusqu’à l’institution, de leurs premiers graffitis à leurs recherches les plus récentes, en passant par toutes les grandes étapes de leur évolution, notamment leur passage à la Villa Médicis, dont ils ont été les premiers artistes urbains à devenir pensionnaires, en 2015-2016. Et une expérience d’urbex fictif, avec une installation inédite. A ne pas rater. Emmanuelle Jardonnet

« Circonstances atténuantes » au Pavillon du Carré de Baudouin, 121, rue de Ménilmontant, Paris 20e. Visites guidées tous les samedis à 15 heures (fermé le dimanche, et ce lundi de Pâques). Jusqu’au 22 juillet.

ART LYRIQUE. « La Fille de neige », un conte russe de retour à l’Opéra de Paris

« La Fille de neige », de Nikolaï Rimski-Korsakov à l’Opéra Bastille à Paris. | OPÉRA DE PARIS

La Fille de neige, de Nikolaï Rimski-Korsakov, n’avait pas reparu sur la scène de l’Opéra de Paris depuis 1929. L’histoire de Snégourotchka, fruit des amours de la Fée Printemps et du vieil Hiver au royaume fabuleux du Tsar Berendeï, raconte comment l’enfant de neige, protégée par ses parents de la jalousie du dieu soleil Yarilo, verra son cœur se réchauffer lorsque, devenue adulte, elle tombera amoureuse…

Chef-d’œuvre de la littérature populaire slave, ce conte printanier porte l’imaginaire féerique propre aux légendes russes. Pour autant, Rimski-Korsakov considérait son opéra comme son chef-d’œuvre de maturité. C’est la soprano russe Aida Garifullina qui prête sa voix fraîche à Snégourotchka, la direction musicale et la mise en scène réunissant deux autres artistes russes : le jeune et prometteur chef d’orchestre Mikhail Tatarnikov et le metteur en scène star Dmitri Tcherniakov, dans un « sacre du printemps » version soft. Marie-Aude Roux

Opéra Bastille, Paris 12e. Du 15 avril au 3 mai. Tél. : 08-92-89-90-90. De 5 € à 215 €.

SPECTACLE. « Années folles » au Théâtre Clavel, à Paris

Juliette Pradelle et Anne Cadilhac dans « Années folles » au Théâtre Clavel. | DR

Le week-end prolongé avec le lundi de Pâques pourrait se terminer avec deux chanteuses et actrices, Anne Cadilhac et Juliette Pradelle, interprètes de quatre personnages. Avec Années folles, présenté ce lundi 17 avril – et le suivant, 24 avril – au Théâtre Clavel, c’est à la fois à un tour de chant et à une comédie, parfois avec des moments sombres, que l’on est convié. D’une part, Madame Trotte, conférencière qui, avec son assistante Gertrud, présente sur un tableau un abécédaire prétexte à l’évocation de ces années 1920, dites folles (B comme Le Bœuf sur le toit, E comme engagement des artistes, F comme femme, J comme jazz, M comme mode…). D’autre part, dans un cabaret, Irina, fantasque, avide des plaisirs du présent, attentive aux bouleversements sociaux et politiques.

Anne Cadilhac et Juliette Pradelle passent d’un décor à l’autre, d’une situation à l’autre. Et chantent des standards de Broadway (What Is This Thing Called Love, It’s Only a Paper Moon, léger anachronisme, la chanson date de 1933…), des classiques de la chanson française, dont les savoureux Mon oncle a tout repeint (de Jean Nohain et Hans Eisler), Pas sur la bouche (de Maurice Yvain et Albert Willemetz), et d’autres airs plus méconnus ou rares tels Avant le cinéma, poème d’Apollinaire mis en musique par Francis Poulenc, Allons-y chochotte, d’Erik Satie. C’est d’ailleurs par ce répertoire que le spectacle, bien mené et interprété, enthousiasme le plus. Sylvain Siclier

Théâtre Clavel, 3, rue Clavel, Paris 19e. Mo Pyrénées. Tél. : 09-75-45-60-56. Lundis 17 et 24 avril, à 19 h 30. De 14 € à 18 €.