JL Melenchon donnait un meeting mercredi 12 avril 2017 au palais des congrès de Lille. Environ 12000 personnes sont présentes à l'intérieur tandis que quelques milliers n'ont pas pu rentrer faute de place. Pendant le discours du candidat. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

La proposition figure au chapitre 62 du programme de Jean-Luc Mélenchon. S’il gagne l’élection présidentielle, le candidat de la France insoumise engagera la France dans l’« Alliance bolivarienne pour les Amériques » (Alba). Cette semaine, un proche de M. Mélenchon, Alexis Corbière, et l’un des principaux soutiens du candidat de la France insoumise, Clémentine Autain, ont buté sur ce point, dans des séquences qui ont fait le tour des réseaux sociaux.

  • L’« alliance bolivarienne pour les Amériques », c’est quoi ?

L’Alba une organisation de coopération, qui est officiellement née en décembre 2004 mais dont la création a été décidée en 2001 par le président vénézuélien d’alors, Hugo Chavez. Il s’agissait de proposer une alternative à la « zone de libre-échange des Amériques », un projet de communauté économique alors en discussion, qui devait regrouper tous les pays du continent américain – sauf Cuba.

M. Chavez lui préfère un modèle qui rassemblerait les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, non seulement autour du commerce mais aussi des domaines social, politique et culturel. Il se place dans l’héritage de dirigeants comme José Martí, Bernardo O’Higgins ou de l’emblématique Simon Bolivar, icône de l’indépendance d’une partie de l’Amérique latine.

En décembre 2004, Hugo Chavez et le Cubain Fidel Castro se rencontrent à La Havane et fondent l’Alba. Le Venezuela et Cuba sont successivement rejoints, de 2006 à 2009, par la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique, le Honduras, l’Equateur, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, Saint-Christophe-et-Niévès. L’ALBA compte aussi trois pays observateurs : l’Iran, la Syrie et Haïti.

Depuis le 1er janvier 2010, l’ALBA dispose d’une monnaie virtuelle, le Sucre, créé dans le but affiché de renforcer les échanges entre pays membres tout en s’émancipant du dollar américain. Une note du trésor datant de 2016 signale que les échanges commerciaux entre la France et les pays de l’Alba sont relativement faibles : d’un total de 1,3 milliard d’euros en 2015, ils représentaient moins de 6 % des échanges entre la France et l’Amérique latine.

  • Que propose exactement Jean-Luc Mélenchon ?

Le point 62 – « construire des coopérations altermondialistes et internationalistes » – du programme de M. Mélenchon suggère d’« instaurer une politique de codéveloppement avec l’Amérique latine et les Caraïbes en adhérant à l’ALBA ».

Dans un « livret thématique » dédié à l’outre-mer, il est précisé que cette adhésion ne concernerait que les Antilles et la Guyane.

« C’est une petite alliance locale caribéenne de solidarité et de coopération. C’est vraiment local », a appuyé vendredi 14 avril Alexis Corbière, le porte-parole de M. Mélenchon, sur Public Sénat.

« Ce que l’on propose ne me paraît pas extraordinaire, c’est normal que les départements d’Outre-mer soient intégrés dans des accords de coopération dans les environnements géographiques immédiats », a plaidé Manuel Bompard, directeur de campagne de M. Mélenchon, qui était interrogé sur le même thème par Europe 1. Il a rappelé que la France participait déjà à l’Association des Etats de la Caraïbe, dont Cuba et le Venezuela sont aussi membres.

« On veut faire croire que nous voulons quitter l’OTAN et rejoindre l’alliance bolivarienne. Cette polémique, c’est du pipeau », a par ailleurs déclaré M. Corbière.