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Un cursus licence en IUT doit être expérimenté à la rentrée 2017 : le parcours technologique de grade licence (PTGL). L’idée est d’ouvrir aux étudiants la possibilité de poursuivre automatiquement leurs études entre le DUT et la licence professionnelle, tout en leur permettant une sortie à bac + 2. Explications de Rodolphe Dalle, porte-parole de l’Association des directeurs d’IUT (Adiut).

Pourquoi un tel cursus ?

Depuis le processus de Bologne et la réforme licence, master, doctorat (LMD), la licence apparaît comme le premier diplôme de l’enseignement supérieur. Pour preuve, plus de huit diplômés sur dix poursuivent des études après l’obtention du diplôme : 50 % environ en licence professionnelle, et 50 % en école d’ingénieurs, de commerce ou encore en master. La première question que nous posent les parents sur les salons, ce n’est pas : « Quel métier peut-on faire avec tel ou tel DUT ? », mais : « Quelles poursuites d’études permet-il ? »

Aujourd’hui, un étudiant qui entre en IUT et qui souhaite poursuivre en licence professionnelle doit passer par la case sélection avec, finalement, le risque de ne pas être pris. Avec ce nouveau parcours, nous lui garantissons une place en licence professionnelle dans un IUT, le sien ou un établissement partenaire. Sous réserve toutefois qu’il obtienne son diplôme.

Le DUT a-t-il vocation à disparaître ?

Non. Avec ce parcours, l’étudiant décide soit de poursuivre en licence, soit de s’arrêter à bac + 2. Mais dans ce cas, il a un diplôme recherché en poche. Ce cursus vise à permettre à des jeunes, notamment aux bacheliers technologiques, de plus en plus nombreux dans nos formations (environ 30 %), de se construire un parcours progressif, tout en facilitant l’accès à la licence. Ce parcours répond aussi à un besoin des entreprises, toujours très demandeuses de cadres intermédiaires à bac + 2, mais aussi de plus en plus à bac + 3.

Que prévoit ce parcours ?

Dans ce parcours, nous nous engageons à porter une attention particulière à l’insertion professionnelle. Chaque étudiant bénéficiera d’un accompagnement individualisé dans la construction de son projet professionnel. Nous souhaitons également davantage valoriser les « engagements solidaires », et mettre l’accent sur l’ouverture internationale, à travers notamment des programmes de mobilité académique ou de stage.

Sur un plan plus pratique, nous réfléchissons à une meilleure répartition des cours sur trois ans. Avec moins d’heures de présence en classe les deux premières années et plus de travaux personnels. Aujourd’hui, les jeunes ont cours du matin au soir, ce qui leur laisse peu de temps en autonomie. Quant à la troisième ­année, elle se fera obligatoirement en alternance.

Au niveau pédagogique, nous conservons ce qui fait le succès des IUT. A savoir, une formation hybride qui mêle théorie et pratique, savoirs académiques et compétences professionnelles. Cet enseignement très appliqué plaît beaucoup aux étudiants. Quant à l’évaluation, elle doit être davantage centrée sur les compétences.

Près de deux étudiants sur trois réussissent leur diplôme en deux ans, ils sont trois sur quatre à le décrocher en trois ans. Ce qui signifie qu’au mieux un quart des étudiants sortent sans diplôme…

Ce qui est honorable, comparé au taux d’échec en ­licence (27 % des étudiants l’obtiennent en trois ans). Il n’empêche, nous pouvons encore améliorer la réussite de nos étudiants, en généralisant par exemple le tutorat des élèves de première année par ceux de licence professionnelle. Concernant les bacheliers technologiques, pour qui la marche entre le lycée et l’IUT reste haute, nous devons mieux les accompagner. Il n’est pas question de revoir notre niveau d’exigence à la baisse. Il en va de l’insertion professionnelle de nos jeunes.

Pour les étudiants qui intègrent un IUT après le bac, des passerelles sont-elles prévues ?

Oui, comme la rentrée décalée en janvier pour des jeunes en réorientation, ou l’année spéciale qui permet à des étudiants qui ont validé un bac + 2, par exemple, d’avoir un DUT en un an. Mais il faut en imaginer d’autres, de façon à permettre à davantage d’étudiants qui n’ont pas intégré un IUT après le bac de les rejoindre.

Combien d’IUT proposeront le PTGL à la rentrée ?

Les IUT ont jusqu’au 20 avril pour se déclarer. Ils ­devraient être entre 20 et 50 à se lancer dans l’expérimentation. Une labellisation sera mise en place par le réseau des IUT. Nous tirerons le bilan de cette expérimentation dans trois ans.