LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu cette semaine : une chanson du trio Autrans, issu de Fauve ; un concert dédié aux chansons populaires de la Commune de Paris, un autre de la chanteuse Aynoa et le nouvel album de The New Pornographers.

UN SPECTACLE : « Cent soleils » à L’Essaïon, à Paris, mercredi 19 avril

Le spectacle « Cent soleils » à L’Essaïon jusqu’au 3 mai. | DR

Au chant et au violon, Marie Salvat ; aux claviers, Nicolas Worms et aux percussions, Stan Delannoy. Trois musiciens pour faire vivre des textes d’Alexis Morel et une poignée d’autres auteurs (dont Le Veilleur de nuit de Claude Roy, qui « écoute ses pas/Ils s’en vont de lui/S’éloignent tout bas »). Leur spectacle s’intitule Cent soleils, et est présenté, chaque mercredi jusqu’au 3 mai, à L’Essaïon, salle qui fait face au Centre Pompidou, à Paris. Du début, avec la seule voix de Marie Salvat, en souffles, notes sans paroles, à la fin qui prend des allures de folles envolées par la chanson Deux Eléphants, ce spectacle Cent soleils a bien des atouts.

La diversité des approches musicales, avec en particulier un travail des percussions inventif, vient donner à presque chaque chanson une couleur particulière (electro-pop, valse, musiques du monde, contemporain, jazz…), une identité sonore. Le registre des genres est tout aussi varié, que cela soit par exemple la chanson rêveuse et tendre (Thé ou café, Haleine fraîche et mentholée), engagée (Dénonce) ou idiote (Si tu penses que je pense que tu penses à c’que j’pense). Vers la fin de ce spectacle bien mené, dynamique, une très belle chanson, émouvante, J’aimerais mourir éveillé, qui de couplets en couplets propose des variations sur ce thème, « mourir rassuré (…) mourir apaisé (…) rassasié () bien-aimé… ». Sylvain Siclier

L’Essaïon, 6 rue Pierre-au-Lard, Paris 4e. Mo Hôtel-de-Ville, Rambuteau. Tél. : 01 42 78 46 42. Mercredi 19, 26 avril et 3 mai, à 21h30. De 15 € à 20 €.

UNE CHANSON : « La Paix », par Autrans (ex-Fauve)

AUTRANS - "La Paix"
Durée : 06:01

Septembre 2015, dépassé par le succès éclair de leurs deux premiers albums studios sortis à un an d’intervalle (dont le premier album s’était écoulé à près de 100 000 exemplaires), le phénomène Fauve annonce sa décision de faire une pause dans leur pourtant courte carrière. En l’espace de deux ans, ce collectif parisien d’une vingtaine de membres, donna notamment 23 concerts complets au Bataclan. Avril 2017, trois membres du collectif reviennent avec un nouveau projet intitulé Autrans. Le premier morceau dévoilé le 11 avril, intitulé La Paix et accompagné d’une vidéo cryptique où les musiciens apparaissent masqués, déroute par son parti pris électronique à rebours du rock organique de Fauve – avec l’utilisation exclusive de machines et des paroles slammées nettement moins en avant.

Dans un communiqué, les musiciens évoquent diverses influences allant de la « techno/house mainstream des années 90 », citent l’album Homework de Daft Punk, mais aussi « la violence gothique de Kanye West, les gospels futuristes des Frank Ocean et Bon Iver, ou encore la mélancolie vaporeuse de PNL. » Noyée d’effets vocoder, la voix de Quentin Postel joue avec économie de ses mots en forme d’exutoire : « Mes démons me font la guerre/Mais putain moi je veux la paix ». Sur la page Facebook officielle d’Autrans, certains admirateurs de Fauve ne cachent pas leur déception : « Pourquoi avez-vous voulu perdre votre singularité, dans votre musique, vos voix ? Pourquoi vouloir vous perdre dans cet océan de rap électro, si significatif des années 2016/17 ? ». S’il est encore tôt pour trancher, une chose est certaine, Autrans divise déjà autant que Fauve. Franck Colombani

DEUX CONCERTS :

  • La Commune de Paris en musique au Musée de l’armée, vendredi 21 avril

Isabelle Druet. | DR

Vous ne connaissez pas encore la Clique des Lunaisiens ? Ce bouillonnant collectif de musiciens classiques s’est fait vocation de proposer au public une vaste immersion dans le domaine de la chanson populaire, un patrimoine qui appartient à la mémoire collective. C’est au Musée des Armées qu’ils officieront pour faire revivre en musique La Commune de Paris, une période exaltante de notre histoire restée muette dans les livres scolaires.

Avec la complicité de la soprano Isabelle Druet, les Lunaisiens, orgue de barbarie et piano, flageolet, basson et violoncelle, reprendront la chanson de Burani et Louis, Le Sire de Fisch Ton Kan, fustigeant l’incompétence de Napoléon III et de son état-major, reprise, sous la Commune, par tous les insurgés parisiens. Également au programme, le fameux Temps des Cerises de Clément et Renard, de 1866, certes antérieure à La Commune mais qui lui a été rattachée sentimentalement… En contrepoint, des airs d’Offenbach, créateur de l’opéra-bouffe français mais suspecté ensuite de traîtrise et d’espionnage, jalonnent et ponctuent un programme qui convoque également Verdi, Saint-Saëns et Johann Strauss. Marie-Aude Roux

Musée de l’armée, Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris7e. Salle Turenne, vendredi 21 avril, à 20 heures. Tél. : 01-44-42-54-66. De 8 € à 15 €.

  • Aynoa à La Passerelle 2, lundi 24 avril

I want to hear you - Aynoa feat Marco Moustache
Durée : 04:07

« Maladie chronique méconnue qui affecte pourtant 10 % à 20 % des femmes en âge de procréer », comme la présente l’association ENDOmind, l’endométriose provoque notamment d’importantes douleurs gynécologiques chez les femmes qui en sont atteintes, pour lesquelles le diagnostic arrive souvent avec plusieurs années de retard – de 5 à 10 ans. Avec un impact sur la vie quotidienne, professionnelle et sexuelle, la fertilité et l’absence, actuellement, de traitements efficaces.

La chanteuse Aynoa, qui a appris en 2014 qu’elle était atteinte d’endométriose, a enregistré un mini-album, One Step (Aynoa Music) avec une dizaine de musiciens dont le guitariste et arrangeur Fino Gomez, le percussionniste Minino Garay, la violoniste Line Kruse… dont une partie des bénéfices est reversée à l’association ENDOmind. Voix douce, fluide dans le débit, d’une belle justesse d’émotion, Aynoa chante en anglais et en français, dans une ambiance folk-pop. Pour présenter cet enregistrement tout en charme, par sa musique, ses textes et son interprétation, Aynoa sera à La Passerelle 2, lieu de concert, disquaire et café parisien. En sus de ses récentes chansons, elle interprétera peut-être sa version tout en retenue de Creep de Radiohead. S. Si.

La Passerelle 2, 52, rue Popincourt, Paris 11e. Mo Saint-Ambroise, Voltaire. Lundi 24 avril, à 20 heures.

À RÉSERVER : The New Pornographers au Divan du monde, le 18 mai

Le nouvel album de The New Pornographers s’intitule « Whiteout Conditions ». | JENNIFER JIMENEZ

Ne pas s’y méprendre, dernière ce nom pas très subtil se cache pourtant l’un des représentants pop-rock les plus raffinés d’Amérique du Nord. Vénérée en leur patrie canadienne et aux Etats-Unis mais toujours méconnus par chez nous, The New Pornographers est ce que l’on a l’habitude d’appeler un « super groupe ». Car autour de son leader A.C Newman (auteur, compositeur et interprète), se greffe des collaborateurs de premier plan tels que le brillant canadien Dan Bejar (à la tête de Destroyer) et la chanteuse américaine Neko Case, une des voix les plus vibrantes de la country alternative.

Cette dream team a signé depuis le début des années 2000, sept albums d’une constance qualitative admirable, et une flopée d’hymnes où se matérialise un art certain pour combiner l’accroche mélodique des Cars, le rock psychédélique bariolé de The Move, et la luxuriance harmonique de The Zombies. Leur nouvel ouvrage studios, Whiteout Conditions (Collected Works/Caroline) poursuit le virage synthétique amorcé sur leur précédent album Bill Bruisers. Et si l’on peut tiquer sur l’excès de claviers clinquant, le talent de mélodiste de A.C Newman n’a rien perdu de sa dynamique sur les imparables High Ticket Attraction et This is the World of Theater. Une efficience pop qui se vérifie également sur scène, sans que l’absence de Dan Bejar et de Neko Case (uniquement collaborateurs studios) n’entache leur performance. F. C.

Le Divan du Monde, 75 rue des Martyrs, Paris 18e. M° Pigalle. Le jeudi 18 mai, à 20 heures. Tarif : 22 euros.