Jean-Luc Mélenchon, à Dijon, le 18 avril. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

« Je suis prêt, j’espère que vous l’êtes ! » C’est un Jean-Luc Mélenchon confiant et résolu qui a tenu, mardi 18 avril à Dijon, son dernier meeting avant le premier tour de la présidentielle, dimanche. Non pas une mais sept réunions publiques, avec six hologrammes, à Nantes, Nancy, Montpellier, Grenoble, Clermont-Ferrand et Le Port à La Réunion. Soit 35 000 personnes, a revendiqué son équipe. Le tout pour un budget total compris entre 800 000 euros et un million d’euros.

Dans la préfecture de la Côte-d’Or, le public du Parc des expositions a réservé une longue standing ovation à son champion dès son arrivée. De quoi saluer une campagne dont la dynamique ne s’est pas démentie depuis un mois. M. Mélenchon, qui n’avait toujours pas confirmé mardi soir sa venue à l’émission de France 2 jeudi, s’est installé dans le carré de tête, au coude-à-coude avec François Fillon pour la troisième place. Dans la dernière vague de l’enquête électorale du Cevipof, réalisée par Ipsos-Sopra Steria les 14 et 15 avril, le député européen connaît la plus forte progression (4 points) en quinze jours, pour atteindre 19 % des intentions de vote, juste derrière le candidat de la droite (19,5 %), et 70 % de ses électeurs se disent dorénavant sûrs de leur choix (+ 10 points).

« On va gagner »

Dans cette folle présidentielle où tout peut arriver, le second tour n’est donc plus une utopie pour M. Mélenchon, qui espère bien s’y faire une place. « Il se peut que nous allions à la qualification », a-t-il souligné. Rappelant que Benoît Hamon et Philippe Poutou ont indiqué qu’ils voteraient pour lui au second tour, il a appelé ses partisans à « convaincre » jusqu’à vendredi minuit, date de la fin de la campagne officielle. « Il ne faudrait pas que l’on en reste à une petite poignée de désaccords qui pourraient à la fin ruiner tous nos efforts », a prévenu le candidat. Une autre manière de dire que le vote utile à gauche, désormais, c’est lui. Pour la première fois des « on va gagner » ont résonné dans la salle.

Pendant une heure et demie, M. Mélenchon est revenu sur ses propositions afin de crédibiliser sa démarche. « Le programme commun du peuple, c’est de pouvoir vivre dignement de son travail, d’être soigné quand on est malade, de pouvoir s’arrêter de travailler quand c’est l’heure », a-t-il résumé. Se faisant pédagogue devant un auditoire écoutant religieusement ses propos, le député européen a développé ses fondamentaux en commençant par l’environnement, dont il a fait le cœur de son projet. Celui qui souhaite la sortie du nucléaire et 100 % d’énergies renouvelables en 2050 a déploré qu’aucun de ses « trois principaux adversaires ne parle jamais d’écologie ». « Ce n’est pas leur problème, c’est comme s’ils ne savaient pas dans quel monde ils vivaient (…), ils ne parlent que d’argent ! »

« Une petit fenêtre de bonheur »

Parmi ces derniers, était particulièrement visé « monsieur l’intelligent, le moderne, le pétaradant, l’ébouriffé » – comprendre Emmanuel Macron. Contrairement à l’ex-ministre de l’économie, M. Mélenchon s’est déclaré « contre l’ubérisation ». « Ce qui est moderne, c’est la Sécurité sociale, ce qui est moderne, c’est le code du travail, (…) ce qui est moderne, c’est le travail qui permet de vivre », s’est-il exclamé. Se posant comme « le candidat de l’égalité et de la justice sociale », l’ex-socialiste a vanté « la France du partage, la France de la grande devise “liberté, égalité, fraternité” » et rappelé qu’il était favorable à la retraite à 60 ans, à quatorze tranches d’imposition et non cinq ou encore à la gratuité des premiers mètres cubes d’eau.

M. Mélenchon s’est aussi voulu rassurant sur son projet européen. Ce dernier comporte un volet de négociations pour sortir des traités européens (plan A) qui pourrait déboucher, en cas d’échec, sur une sortie de l’UE (plan B). A Dijon, le candidat a préféré insister sur le premier plutôt que le second. « Ne croyez pas ceux qui vous disent : “Il veut sortir de l’Europe, de l’euro” (…) N’importe quoi, un peu de sérieux ! », a-t-il affirmé, se disant « certain d’être écouté » face à la chancelière allemande, Angela Merkel, « parce que jusqu’à présent personne n’a jamais dit “non” venant de France ».

Avant de quitter la tribune, M. Mélenchon a appelé ses partisans à organiser « une petite fenêtre de bonheur » vendredi soir en préparant des apéritifs dans toute la France. Lui-même recevra un invité de marque, le leader espagnol de Podemos, Pablo Iglesias. Une façon de terminer en fanfare cette campagne du premier tour, commencée il y a plus d’un an.