Les joueurs de Dortmund rendent hommage à Marc Bartra, blessé dans l’attaque du bus de l’équipe allemande. | Ralph Orlowski / REUTERS

Mercredi en début d’après-midi, à quelques heures du quart de finale retour en Ligue des champions entre l’AS Monaco et le Borussia Dortmund, c’est encore à l’autre quart de finale, celui qui a opposé, mardi, le Bayern de Munich au Real Madrid, que le quotidien populaire allemand Bild consacrait la une de son site, où le football occupe toujours une place de choix. Et en particulier à la « colère » de Karl Heinz Rummenigge, le président du Bayern, qui ne s’est pas remis de l’arbitrage du match de mardi, à l’issue duquel les Madrilènes ont battu les Bavarois (4-2).

Après l’élimination du Bayern, tous les espoirs reposent donc maintenant, en Allemagne, sur le Borussia Dortmund. Huit jours après la triple explosion qui a blessé le défenseur espagnol Marc Bartra ainsi qu’un policier, une heure avant le début du match aller, lequel avait été finalement décalé d’une journée, l’entraîneur Thomas Tuchel se veut confiant : « Nous avons mis tout ça de côté, et nous sommes émotionnellement plus tranquilles, a-t-il assuré à la veille du match retour, qui aura lieu ce mercredi, à 20 h 45, au stade Louis-II de Monaco. Ce qui est arrivé la semaine dernière nous a rendus plus forts. Maintenant, il s’agit pour nous de bien jouer et je suis convaincu que nous allons y arriver. Nous sommes prêts et concentrés. Nous savons que ça va être dur, mais nous avons en nous l’énergie et la confiance qui nous permettrons de gagner. »

Fougue et combativité

Les déclarations de Thomas Tuchel à la veille du match retour contre l’AS Monaco montrent que ce dernier a décidé de tourner la page après la polémique qui a suivi l’attentat. Après celui-ci, l’entraîneur du Borussia Dortmund avait en effet critiqué la décision de l’UEFA de n’avoir accordé à ses joueurs qu’un délai de vingt-deux heures avant de disputer la rencontre. « Après l’attaque, nous aurions aimé avoir plus de temps pour digérer tout cela. Nous nous sommes sentis ignorés. On ne nous a pas demandé notre avis. Quelques minutes après l’attaque, on nous a dit qu’on devrait jouer, comme si on nous avait envoyé une canette de bière contre le bus », avait-il alors regretté.

Une semaine après l’attentat, l’équipe de Dortmund tient à l’évidence à faire passer le message selon lequel l’épreuve, loin de l’avoir affaiblie, a au contraire renforcé sa fougue et sa combativité. Un message qu’a tenu également à faire passer l’un des joueurs les plus expérimentés du Borussia, Marco Reus. « Les joueurs ont différentes façons de gérer leur stress. Mon but est d’aider les plus jeunes s’ils veulent en parler, et de les soutenir si je peux leur être utile. Les derniers jours nous ont permis de développer un esprit d’équipe particulier. Nous voulons nous montrer au meilleur de nous-mêmes », a déclaré l’attaquant de 27 ans, qui a lui-même contribué à redonner espoir à l’ensemble de l’équipe en marquant contre Francfort, samedi, en Bundesliga (3-1 pour Dortmund).

L’enquête patine

Interrogé par l’hebdomadaire Stern, un autre joueur, Nuri Sahin, a lui aussi fait part de son état d’esprit à la veille du match retour. « Je mets ça dans un tiroir. Et ce tiroir, je peux choisir de l’ouvrir ou de le fermer. Ce qui s’est passé m’appartient. Je ne peux pas l’escamoter », explique le milieu de terrain de 28 ans.

Du côté de l’enquête, le plus grand flou demeure sur les motivations et l’identité des auteurs de l’attentat. Mardi, à 19 h 16, soit une semaine jour pour jour après les événements, une reconstitution a eu lieu sur les lieux de la triple explosion à Dortmund. Mais les enquêteurs n’ont pour l’heure pas donné de précisions sur l’avancée de leurs recherches. Si la piste « terroriste » a bien été confirmée dès le lendemain de l’attentat, le parquet fédéral allemand, chargé de l’enquête, a fait savoir en fin de semaine dernière que l’un des deux individus d’abord suspectés, lié à la mouvance islamiste, n’était sans doute pas lui-même impliqué dans l’attentat.

Selon des sources proches de l’enquête citées dimanche par le quotidien Die Welt, l’explosif utilisé proviendrait des stocks de l’armée allemande. L’information n’a pas été officiellement confirmée par les autorités mais, d’après les sources interrogées par le quotidien, une telle provenance pourrait indiquer que la piste islamiste n’est pas forcément la bonne, même si dans un premier temps les enquêteurs avaient privilégié celle-ci, notamment en raison de trois documents écrits retrouvés sur les lieux de l’attentat.